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Film de février 2009 : “Les Insurgés“
Article mis en ligne le février 2009
dernière modification le 20 février 2012

par Firouz Elisabeth PILLET

Les insurgés


(Defiance) de Edward Zwick, avec Daniel Graig, Liev Schreiber, Jamie Bell. Etats-Unis, 2009.

En 1941, les armées d’Hitler ravagent l’Europe, mettant à exécution les terribles rouages de la solution finale. Leur implacable progression coûte la vie à des millions de juifs. Pour trois hommes, cette tragédie marque le début d’une guerre dans la guerre. Lorsque leur petit village de Biélorussie est envahi, les frères Bielski se réfugient dans une forêt dense qu’ils connaissent depuis leur enfance. Ils se contentent d’abord de survivre mais la rumeur de leur exploit se répand et d’autres les rejoignent, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, prêts à tout risquer pour rester vivants et libres. Peu à peu, les trois frères vont recueillir des centaines de pourchassés et contrecarrer les redoutables plans de l’armée nazie. Face à l’adversité, au nom de ceux qu’ils ont perdu, les frères Bielski organisent leur microcosme, attribuant de nouvelles fonctions à chaque membre en relation avec leurs capacités. A force de persévérance, et malgré les délations, ils parviendront à sauver plus d’un millier de vies. La plupart des survivants se sont exilés aux Etats-Unis et leurs descendants se comptent aujourd’hui par milliers.

« Les Insurgés » de Edward Zwick

Comme il était impossible, pour des raisons politiques, de tourner en Biélorussie, Edward Zwick et son équipe se sont rabattus sur la région de Vilnius (Lituanie) qui, en plus d’offrir d’authentiques paysages naturels magnifiques, disposait d’une petite, mais dynamique, communauté cinématographique. La Lituanie partage avec la Biélorussie les horreurs de la Shoah et les fantômes de cette tragédie sont encore bien présents dans les mémoires. Par souci de réalisme – voulu par Edward Zwick –, le chef décorateur Dan Weil a choisi de faire construire le village où se déroule le film avec les moyens dont disposait la Bielski Otriad à l’époque, c’est-à-dire à la main, et avec des outils simples, y compris pour creuser des bunkers. Dans cette recherche d’authenticité matérielle réside certainement l’essence de cette réalisation qui convainc du début à la fin.
L’interprétation des acteurs principaux comme la pléiade d’acteurs secondaires qui les entourent est époustouflante de véracité. Le choix surprenant et cependant judicieux de Daniel Craig, souvent retenu uniquement pour son interprétation de James Bond, démontre que l’acteur britannique excelle dans un registre opposé à celui dans lequel on le cantonne.
On reconnaîtra à Edward Zwick le mérite de signer ici un film sec, captivant et émouvant, qui ne sombre jamais dans le pathos facile, évitant ainsi d’emboîter le pas aux grandes productions américaines. Le réalisateur a su dépasser les facilités et les limites des productions hollywoodiennes en offrant à Daniel Craig et Liev Schreiber deux rôles de résistants fascinants, tout en soulignant la dimension manichéenne de l’être humain en temps de guerre. Les doutes surgissent, les combattants changent parfois de camps ou de fronts mais n’en perdent pas pour autant leur humanité. Un spectacle hautement recommandable.

Firouz-Elisabeth Pillet