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Cannes 2007 : Cinémas du Sud
Article mis en ligne le juillet 2007
dernière modification le 20 juillet 2007

par Tahar HOUCHI

La 60e édition du festival de Cannes a été marquée par une présence
impressionnante de personnalités du monde cinématographique. Mais elle a également porté l’empreinte des cinémas du Sud qui ont été particulièrement offensifs cette année. De l’Amérique latine à l’Asie en passant par le Maghreb et le Moyen-Orient, les représentants de ces cinémas ont voulu affirmer que
le 7e art du XXIe siècle ne se fera pas sans eux.

L’espace où le Sud a été le plus visible reste la section Tous les Cinémas du Monde, devenu d’ores et déjà une tradition. Pendant une journée, un pays exhibe son cinéma. Il est vrai que cela ne va pas plus loin que les projections de films, souvent anciens, avec une soirée couronnant la participation du pays à cette prestigieuse manifestation ; il n’en demeure pas moins que cela permet à ceux qui ont le sens des affaires de bien vendre leur pays. Cette année plusieurs pays du Sud étaient de la partie, entre autres, le Liban, la Colombie et l’Afrique qui a été célébré en grande pompe. Les films africains présentés répondaient surtout aux questions suivantes : comment grandir dans la guerre ? Comment retrouver les réflexes de la vie lorsque la paix revient ? Comment trouver sa voie entre tradition et modernité, entre destins individuels et secousses de l’Histoire ?

Le village international investi
Dans le village international, plusieurs pays comme la Tunisie, le Maroc, le Nigeria et l’Afrique du Sud se sont offert des stands d’informations remplis de documentations à même de séduire les producteurs et cinéastes. Tout le monde cherche à s’inscrire sur le marché mondial comme un sérieux concurrent. Ainsi les Marocains exhibent le nombre de 15 films réalisés par an, les Tunisiens chantent les nouveaux laboratoires ouverts à Tunis par le Privé et les perspectives de développement du film d’animation, les Nigeriens affichent leur fierté de posséder un marché de cinéma qui s’auto-suffit et les Sud-Africains mettent en valeur leurs ambitions d’êtres le leader en matière de la relance et de la dynamisation du cinéma en Afrique.

Lumière silencieuse © Bac Films

Espace promotionnel
Les Latinos-Américains et les Asiatiques sont absents du village international. Pour les trouver, il faut les chercher dans le Marché où des choses sérieuses se passent. En plus de la promotion de certains films qui défilent dans des salles spéciales, les stands de pays comme le Brésil, le Chili, le Mexique et l’Indonésie regorgent d’informations sur aussi bien sur les nouveautés que les projets en construction. Contrairement aux Africains absents de cet espace, les Asiatiques font une grande offensive. Aussi bien l’Etat que le Privé, la présence au marché est impressionnante : de gros moyens sont mis en œuvre et une politique de marketing agressive est pratiquée.

Cinémas du Sud compétitifs
Certes, la participation des Cinémas du Sud dans la compétition internationale est très timide. Nonobstant, leur présence a été sensible et remarquable dans d’autres sections, aussi importantes les unes que les autres, comme La Quinzaine des réalisateurs, La Semaine de la critique ou encore Cinéfondation. Plusieurs films ont été remarqués par la critique, voire même par les différents jurys.
Déjà dans la compétition internationale, on note la présence de trois films. Après Batalla en El Cielo, présenté en compétition en 2005, le Mexicain Carlos Reygadas est revenu sur la Croisette avec Lumière silencieuse, présenté en Compétition, qui lui a permis de partager le Prix du Jury avec Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud pour leur film Persepolis. Ce dernier film met en scène, Marjane, huit ans, vivant dans le Téhéran de 1978, qui songe à l’avenir et se rêve en prophète sauvant le monde. De son côté, le Turc vivant en Allemagne, Fatih Akin, a remporté le Prix du Scénario pour De l’autre Côté qui suit Crossing the Bridge - The Sound of Istanbul – présenté en Hors compétition en 2005.

De l’autre côté © Pyramide Distribution

Dans la section Un Certain Regard, c’est La Visite de la Fanfare de l’Israélien Eran Kolirin qui a séduit le jury. Ce dernier lui a attribué le Prix Coup de Cœur du Jury. Un film qui se distingue par la justesse du propos et l’émotion que dégage les personnages.
Pendant ce temps, le Grand Prix de la section Semaine de la Critique est revenu à XXY de Lucía Puenzo et la Caméra d’or (premier film) a été décernée au film israélien Meduzot, présenté dans la section Semaine de la Critique, réalisé par Etgar Keret et Shira Geffen. Aussi le Premier Prix de la Cinéfondation est revenu à Ahora Todos Parecen Contentos de l’Argentin Gonzalo Tobal.
Enfin, dans la Quinzaine des réalisateurs, ce sont surtout deux Libanaises qui ont retenu l’attention. La première est Nadia Labaki qui a proposé Caramel – un film à la fois consensuel, sensuel, poétique et ancré dans la réalité libanaise. La deuxième est Danielle Arbid qui a signé Un homme perdu. Le film a été également remarqué par son caractère ouvert et provocant : il est une sorte de Baise-moi libanais. Négligeant le style analytique, observateur et le souci d’objectivité en multipliant les témoignages, avec Un homme perdu, Arbid s’affiche comme une réalisatrice perdue, qui se cherche tout en cherchant à pratiquer un regard introspectif sur ses personnages. Malheureusement, le propos reste plat, beaucoup de scènes érotiques, à la limite du pornographique, sont répétitives sinon gratuites.

Caramel © Bac Films

Sur cette liste de films, plusieurs d’entre eux – comme Caramel et La Visite de la Fanfare – ont déjà été acheté par les distributeurs suisses. À découvrir certainement à partir de septembre prochain.

Cannes Tahar Houchi/MINFOS