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Théâtre de Valère, Sion
Sion, Valère : “Les Riches reprennent confiance“
Article mis en ligne le octobre 2008
dernière modification le 23 octobre 2008

par Gilles COSTAZ

Une comédie de Louis-Charles Sirjacq qui fustige allègrement les requins des affaires, en tournée romande après avoir reçu un accueil public et critique très positif au Théâtre de Poche-Montparnasse à Paris.

Bruno Sobin est un mari exemplaire : c’est la seule faiblesse de ce loup des affaires ! Mais si une entreprise est sur le point de s’effondrer, il s’approche et flaire pour savoir si le gibier vaut le dérangement. Lorsqu’il apprend que la société Merrien connaît de graves difficultés, Sobin réunit la famille aux abois, propose un plan de restructuration et d’accroissement du personnel et étudie l’environnement politique. Etant sur leurs gardes, les trois héritières de l’entreprise se braquent, puis se laissent séduire. Sobin achète sans débourser un centime, en liquidant d’autres sociétés. Devenu maître du jeu et propriétaire, pilleur d’épaves nouvelle manière, il ne tient pas une seule de ses promesses et disloque Merrien. Mais on peut être trahi dans son propre camp, on peut passer de Charybde et Scylla, et on peut rebondir sans argent et sans réputation…

« Les Riches reprennent confiance » de Sirjac
Photo Lot

Bien sûr, on aura reconnu l’appétit et les méthodes de Bernard Tapie. Mais il ne s’agit pas d’une pièce sur Tapie, même si l’auteur des Riches reprennent confiance, Louis-Charles Sirjacq, s’est manifestement inspiré des aventures de l’affairiste le plus enjôleur de France, quitte à l’oublier ensuite pour proposer un brûlot dans le style des féroces « assiettes au beurre » d’antan – le journal qui fustigeait sabre au clair les nantis à la Belle époque. Sirjacq, excellent trousseur de comédies qui peut jongler avec l’absurde du monde dans d’autres œuvres plus songeuses, ne se contente pas de slogans faciles. Il a enquêté sur les milieux financiers et, même quand il recourt aux gaillardises du vaudeville, rien ne sonne faux.

La soirée a été réglée avec un souci très précis de la vérité au bord de l’explosion par Etienne Bierry dans la version qui a été créée au Poche-Montparnasse à Paris. Elle est menée par un merveilleux acteur qu’on ne voit pas assez souvent dans des rôles de premier plan, Jacques Frantz, qui excelle dans la rouerie, la duplicité et l’autorité des grands fauves.

Rire cinglant
Avec lui, il y a sept autres comédiens, Thomas Le Douarec, Marie Piton, Mayane et Maïté Vauclin notamment composent une galerie de portraits humaine et burlesque où tout se dessine à grands traits justes. L’auteur fait vivre, circuler, s’affronter, muets ou prolixes, ses riches et ses pauvres dans un lieu unique : le bureau de la secrétaire, qui est aussi salle d’attente et lieu de passage. L’entreprise est devenue l’un des lieux les plus passionnants de la comédie moderne. Et si auparavant Octave Mirbeau avec Les Affaires sont les affaires, puis plus récemment Michel Vinaver avaient abordé ce thème, Louis-Charles Sirjacq l’a parfaitement actualisé et, si son rire est cinglant, il est également contagieux.

Gilles Costaz

Théâtre de Valère à Sion, vendredi 3 octobre à 20h15.
Loc. 027 323 45 61