Le Far Festival fête cette année ses 25 ans d’existence. Ce festival des arts vivants a pour caractéristique d’être très familial et convivial. Chacun s’y retrouve d’année en année. Désormais incontournable, cet événement a fait du chemin, découvert de nombreux artistes devenus célèbres par la suite et s’est agrandit de façon conséquente. Scènes Magazine a rencontré Ariane Karcher, qui assure la direction artistique ainsi que la programmation théâtrale. Elle est aussi la dernière membre du comité d’origine de 1984.

Quelle évolution a suivi le Far Festival ?
En 1984, le Far Festival proposait du théâtre, puis il s’est ouvert à la danse, et enfin il s’est tout naturellement tourné vers la performance. Au début, il n’y avait que six troupes qui constituaient l’affiche du Far Festival. Il n’y avait aussi qu’une scène, celle de l’Usine à gaz, qui était à l’état de ruine avec des hirondelles dans le plafond. Cette année, le festival se décline dans plusieurs lieux, et une douzaine de troupes internationales seront de la partie. Au niveau financier, l’obtention de moyens plus importants a permis à la petite équipe organisatrice de s’affermir et de se professionnaliser. Désormais, il est aussi plus aisé de voyager pour découvrir de nouveaux artistes. Cependant, les fonds ne sont pas encore suffisamment importants. On aimerait pouvoir travailler sans se prendre la tête chaque année. Courir après les sponsors et les donateurs, c’est usant. Chaque année de nouvelles idées fabuleuses sont imaginées, mais malheureusement le manque de moyens limite leurs réalisations.

Comment procédez-vous pour sélectionner les troupes qui vont participer au festival ?
Véronique Ferrero Delacoste se charge d’auditionner les troupes de danses ainsi que les performeurs et moi je me charge de sélectionner les troupes de théâtre et les groupes musicaux. Le critère est le plaisir. C’est grâce au fait qu’il n’y ait pas de comité de sélection que ce festival a une personnalité.

Outre les 25 ans, quel est le thème de cette édition ?
Il n’y a pas de thème, car les troupes sont très diverses. Cette année, il y aura beaucoup de choses visuelles, des surprises déroutantes. Beaucoup de rire aussi. On souhaite aborder des thèmes importants mais on réfléchit mieux sur un sujet grave quand on a pu en rire. Dans tous les spectacles, on trouve cette touche. Un mélange d’émotion et de rire.
Il s’agira d’une rencontre amicale entre le présent et l’avenir. On va mélanger les anciens et les nouveaux. La moitié des troupes sont déjà venues et ont déjà présenté un spectacle au Far Festival. Il y aura donc un côté « best of » pour marquer les 25 ans. Certains artistes qui ont été découvert au festival sont maintenant trop célèbres et ne peuvent pas revenir, car les salles sont trop petites pour eux. On peut citer Robert Lepage, Gilles Jobin, ou le Teatro Malandro. Mais c’est un mal pour un bien, car ceci nous pousse à rechercher des artistes de maintenant qui seront
célèbres demain. Cela nous évite aussi de ronronner.

Quels seront les temps forts du programme ?
Parmi les troupes que nous allons revoir avec plaisir il y aura notamment L’Alakran, Le Théâtre en gros et en détail qui est déjà venu trois fois et dont les décors de Peter Rinderknecht sont le fruit de récupérations et de brocante, Plasma avec Delirium, Les Mimes cinglés de Prague avec leur spectacle très drôle Crack qui avait suscité un grand engouement en 1991, Angklung-Duo et Les Top Modestes.
Dans les nouveautés à découvrir, Marco Berrettini fera une performance radiophonique. Il racontera son amour pour l’automobile et entraînera les spectateurs dans un jeu de piste qui mènera à un lieu de rendez-vous. A ne pas manquer non plus Burleske, un spectacle inhabituel avec une mise en scène dans l’eau, un naufrage comique et absurde. Christoph Homberger, Martin Schütz et le Chœur de l’Usine à Gaz participeront à cette création. A l’After, Laura Kalauz proposera une expérience aux spectateurs en les invitant à danser, s’observer et s’aventurer dans une jungle artificielle. Le résultat dépendra du public. Le performeur Giuseppe Chico essayera de mettre en pièce l’incertitude du Monde. YoungSoon Cho Jaquet, danseuse coréenne et suisse, qui est l’artiste-associée du festival depuis l’année passée, proposera une création autour des champignons, pour laquelle elle a travaillé avec des gens de divers horizons tels que la sociologie, l’histoire de l’art, la danse, etc. Enfin, le Collectif de la Dernière Tangente présentera le troisième volet du triptyque du Wind Wasser und Stahl. La création mélange l’art plastique, la danse, la musique et le théâtre. C’est très visuel. Il y aura douze personnes sur scène.

Y aura-t-il une fête spéciale pour les 25 ans ?
Oui, le 22 août, on fera une grande fête avec tous les bénévoles qui ont travaillé pour ce festival, tous les donateurs, et tous ceux qui voudront se joindre à nous. Pour l’instant, je ne connais que la date de cette fête. On veut me faire une surprise, donc je n’en sais pas plus.

A noter qu’un livre retraçant les 25 ans de ce festival est en cours d’élaboration. Construit comme un patchwork visuel, il comportera surtout des photos ainsi que des anecdotes. Il reviendra aussi sur le long combat autour de l’Usine à gaz.

Propos recueillis par Julie Bauer

Infos : Réservations +41 (0)22 365 15 50, far@festival-far.ch
www.festival-far.ch, 12-22 août 2009 / 12.—jusqu’à 20 ans