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Théâtre de l’Arsenic, Lausanne
Lausanne, Arsenic : Massimo Furlan

Massimo Furlan sera à L’Arsenic avec Sono qui per l’amore, son dernier spectacle. Entretien.

Article mis en ligne le avril 2008
dernière modification le 28 avril 2008

par Frank DAYEN

Il a rejoué à lui tout seul les matchs de foot les plus mythiques, il a incarné Superman dans (Love Story) Superman et Patrick Juvet dans Palo Alto, il a donné Les Filles et les garçons et promet d’en rajouter une couche au Festival d’Avignon cet été…
Aujourd’hui l’audacieux Massimo Furlan, metteur en scène d’images fortes et grand réactivateur de souvenirs, monte à l’Arsenic un nouveau projet trouvé dans la mémoire collective et dans sa famille. Rencontre entre quatre yeux avec cet artiste performeur qui se bat sur tous les fronts.

C’est dans son loft lausannois haut en couleurs que Massimo Furlan accueille Scènes, entre les précisions complices de son épouse, Claire de Ribaupierre (comme lui enseignante et artiste) et les allers et venues curieux de leurs petites filles joueuses.
Massimo : Mes enfants joueront en alternance dans mon spectacle. Mon petit dernier, Roméo – un an et un mois –, incarnera même Jésus !

Vous exploitez donc votre famille !
Massimo : (Rires) C’est au contraire elle qui me pousse, qui me donne l’énergie, qui défriche mon esprit et me remet sans cesse en question. Le "merdier familial", y a pas mieux pour se sortir des problèmes de notre petite vie. Avec des gamins, tu n’es rien du tout, tu suis, tu cours après… Paradoxalement, la famille m’aide à exercer mon métier avec plus de distance vis-à-vis des objets artistiques.

Sono qui per l’amore touche donc à l’enfance.
Oui, au monde de l’enfance, avec ses rêves, mais aussi ses cauchemars et ses angoisses. L’idée m’est venue en regardant se développer l’imaginaire de mes enfants. Je n’ai personnellement aucun souvenir de contes que me lisaient mes parents et n’ai guère été touché que par Bambi de Disney. Mais je suis stupéfait de voir à quel point mes enfants nous en redemandent les lectures et à quel point ces histoires peuvent les toucher. Je suis surtout surpris de la facilité qu’ils ont à entrer dans les personnages de ces histoires. Et je pense donc qu’un enfant est un bon comédien, même si, concernant la contribution de ceux-ci à mon spectacle, il ne leur sera pas facile de rester absolument immobiles sur scène pendant 10-15 minutes.

Dans vos précédents spectacles (comme Superman ou Palo Alto), vous exploitiez également la jointure entre la mémoire collective et vos souvenirs personnels.
C’est vrai que la mémoire est un matériau important. Dans Sono qui per l’amore, j’essaie de parler de l’amour bien sûr, et en particulier du fantasme de la rencontre d’un garçon et d’une fille. Leur imaginaire est imprégné de contes : la rencontre entre un petit prince et une enfant abandonnée, sous l’égide d’une bonne fée ou d’une vilaine sorcière, ou encore sous les yeux du roi, conciliant ou pas. A partir de ces stéréotypes, le récit de mon spectacle se focalise sur la question de l’abandon et la manière de surmonter la peur de l’abandon, c’est-à-dire la confrontation à la mort. La solution, c’est de ne pas rester seul, de tomber amoureux. Entrer dans le monde du conte, c’est donc avant tout rechercher de l’amour : Sono qui per l’amore.

Comment distinguez-vous ce spectacle de vos précédents ?
La forme de cette mise en scène sera en accord avec son contenu, ce sera celle du conte de fée, sur lequel j’ai beaucoup travaillé. Cependant, ce projet sera plus radical, plus minimaliste que mes précédents spectacles, surtout au niveau des images. Il sera par exemple moins baroque que Les Filles et les garçons. Je voulais peu de théâtralisation, hormis le personnage du roi (que Massimo interprète, ndlr), et exploiter un rapport très fort avec le son, pour rappeler l’oralité de la transmission des contes.

Cette création n’est pas votre unique occupation. Vous venez de reprendre (Love Story) Superman à l’Arsenic, les Wiener Festwochen sollicitent votre performance foot, de même que Porto et que le Theater der Welt (cette année à Halle, en Allemagne)…
Effectivement, je dois réapprendre par cœur plusieurs matchs différents. Par exemple, à Vienne, je rejouerai la victoire historique de l’Autriche sur l’Allemagne (3 à 2) du Mondial 78 à Cordoba. (Love Story) Superman sera redonné à la Villette, tandis que Sono qui per l’amore sera programmé aux Halles de Sierre et à la Bâtie. Une nouvelle création avec Claire de Ribaupierre et Marielle Pinsard est prévue pour Avignon cet été…

Propos recueillis par Frank Dayen

Après la reprise de « (Love story) Superman » du 27 au 29 mars, aura lieu la reprise de « Sono qui per l’amore » du 17 au 27 avril à l’Arsenic ;
www.theatre-arsenic.ch  ; rés. 021 625 11 36.