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30ème anniversaire de la meute du Loup
Genève, Théâtre du Loup : Feu d’artifice théâtral

Le Théâtre du Loup fête son trentenaire en présentant La disparition de Suzy Certitude, un spectacle inédit.

Article mis en ligne le novembre 2008
dernière modification le 8 décembre 2008

par Jeremy ERGAS

Du 25 novembre au 14 décembre, le Théâtre du Loup fête son trentenaire en présentant La disparition de Suzy Certitude, une pièce mystérieuse entre polar et fantastique qui risque de surprendre plus d’un spectateur. Entretien avec Corinne Müller qui a participé à l’écriture et à la mise en scène de ce spectacle inédit.

Le Théâtre du Loup a créé La disparition de Suzy Certitude pour ses 30 ans, une intrigue policière à rebondissements qui plonge dans le fantastique. Que pouvez-vous nous dire sur cette pièce ?
C’est un projet collectif qui est né il y a plus d’une année. On a décidé de réunir une vingtaine de collaborateurs proches du Théâtre du Loup et de rassembler leurs idées pour célébrer dignement notre trentième anniversaire. On ne voulait pas faire une commémoration, mais profiter de cet événement pour produire un spectacle plaisant qui soit accessible à tous les publics. D’où le choix du fantastique.
L’histoire de La disparition du Suzy Certitude se déroule en 2018 au Théâtre du Loup. Le quartier des Acacias s’est transformé, il y a des tours partout et le théâtre est abandonné au profit du commerce. L’intrigue – centrée autour de la disparition de Suzy – se développe ensuite dans le théâtre, emmenant le public dans un voyage à travers l’histoire mi-imaginaire du bâtiment. Ce voyage des spectateurs est mental, mais aussi physique : pendant la pièce, ils sont promenés dans tous les recoins du théâtre, découvrant des endroits du bâtiment où ils n’ont pas l’habitude d’aller. Cette envie de déambulation est un des principes présents dès la conception du spectacle.

« La disparition de Suzy Certitude »
© Isabelle Meister

La disparition de Suzy Certitude est une pièce qui a été entièrement créée par l’équipe du Théâtre du Loup, de l’écriture à la mise en scène. Était-ce voulu dès le départ ou avez-vous cherché tout d’abord à adapter une autre pièce ?
On ne s’est jamais dit : On a 30 ans, on va s’écrire une pièce. Au début, on a cherché une pièce qui pourrait nous convenir, mais aucune n’enthousiasmait tout le monde. On voulait une pièce qui mette le spectateur dans un rôle différent, qui le fasse bouger : On s’est vite rendu compte que seul du sur mesure nous permettrait de le faire. Alors on a inventé une pièce à partir des envies du grand collectif, des collaborateurs. C’était le bon choix. Cela nous permettait, pour nos trente ans, de prendre des risques et de donner à notre pièce une dimension expérimentale.

Les ramifications de la trame de la pièce sont complexes, les personnages nom-breux (25), on sent la volonté de votre part de présenter un spectacle hors norme qui marque les esprits. Vrai ?
On voulait surtout que ce soit une grande fête accessible à beaucoup de monde. Le plus important pour nous était de se faire plaisir et de faire plaisir au public : ce côté jubilatoire est primordial et il se retrouve dans l’écriture de la pièce. La force du Théâtre du Loup, c’est de raconter des histoires : dans ce spectacle, l’art de raconter est mis à la fête, on l’a poussé jusqu’à son extrême. L’histoire est racontée de manière étrange et différente : on a utilisé nos compétences pour explorer une nouvelle façon de faire.

« La disparition de Suzy Certitude »
© Isabelle Meister

La disparition de Suzy Certitude brise la séparation habituelle entre les spectateurs et la scène en intégrant le public dans l’action. Quel est le rapport entre théâtre et réalité dans cette pièce ?
Dans La disparition de Suzy Certitude, dès que le spectateur entre dans le théâtre, il fait partie de l’histoire. Il n’aura pas à participer activement au déroulement de la pièce, mais la fiction va l’inclure. On a élargi l’univers fictionnel de la scène au théâtre entier, et on espère que cela poussera les spectateurs à l’élargir encore davantage. Une des utopies du théâtre, c’est que les histoires puissent changer le spectateur, qu’elle l’accompagne dans le monde extérieur. Le rapport entre théâtre et réalité dont nous faisons l’expérience est celui d’un échange fertile.

Y a-t-il d’autres spectacles prévus pour les 30 ans du théâtre ?
Oui, nous allons accueillir un fantastique clown français du 18 au 21 décembre. Il s’appelle Bonaventure Gacon. Dans son spectacle quasi sans paroles, seul sur scène, il incarne un clown atypique, à la fois un SDF alcoolique en patins à roulettes et un ogre attiré par les petites filles… C’est un peu un anti-Père Noël qui prend toutes les conventions du clown à revers, mais tout en restant très drôle et très touchant. C’est un bijou qu’on a voulu s’offrir. On a rarement l’occasion d’acheter des spectacles pour notre saison, mais pour notre trentième anniversaire on voulait se faire ce petit plaisir.

Propos recueillis par Jeremy Ergas

Théâtre du Loup (Réservation au 022 301 31 00)