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Théâtre du Loup, Genève
Genève, Loup : “La noce chez les petits bourgeois“

A voir au Loup : un classique de Brecht recréé par Valentin Rossier.

Article mis en ligne le octobre 2008
dernière modification le 24 octobre 2008

par Sylvia MEDINA-LAUPER

Un grand classique de Bertold Brecht recréé ici par l’Helvetic Shakespeare Company de Valentin Rossier. L’histoire d’une catastrophe programmée, une catastrophe sans importance, menée dans un huis clos plein d’ironie.

Une soirée entre gens bien intentionnés en somme ; «  Prendrez-vous de cette tarte exquise ? – Juste une part, alors. »
Le metteur en scène mérite que l’on s’arrête un instant sur son parcours. Valentin Rossier donne une empreinte forte à sa dramaturgie, toujours épurée. Il se concentre sur l’essentiel, à savoir le texte et le sens que peut en dégager l’acteur, c’est ainsi qu’il aime jouer dans chacune des pièces qu’il met en scène, et sa Noce chez les petits bourgeois ne fera pas exception. En 1995, il met sur pied l’Helvetic Shakespeare Company qui remporte un Prix des spectacles indépendants avec Roméo et Juliette, et continue avec d’autres pièces de Shakespeare, Ödon von Horvath, Pinter, Kleist et bien entendu, se gave de Bertold Brecht.

« La noce chez les petits bourgeois » selon Valentin Rossier
photo Marc Vanappelghem

Ce banal drame en un acte est mené à un rythme soutenu, privilégiant des dialogues où l’acide laisse vite place au burlesque. Des invités sont réunis autour d’un banquet de mariage avec toute leur vanité, leur prétention et leur bonne convenance. Mais cette apparence de stabilité va vite s’effriter, chacun va montrer son vrai visage, la veulerie, l’individualisme et l’envie vont très rapidement ébrécher cette sainte scène, pour ne pas dire la faire voler en éclats.
D’ailleurs, la configuration scénique s’inspire sans détour du tableau de Leonardo da Vinci «  la Sainte Cène » en employant une longue table au centre du plateau autour de laquelle se déchireront les neuf convives. Pour délimiter cet espace et signifier la déconstruction des valeurs traditionnelles et hypocrites, des planches désordonnées, des bâches et des toiles de plastique. La famille, le mariage, le foyer vus comme autant de chantiers sans certitude. Le mobilier, à l’instar des espérances du couple, ne tiendra pas longtemps sous les coups de toutes ces bonnes gens.
Après le jeu des convenances, l’amie se révèle être une peste à la langue vipérine, le père un présomptueux soporifique, et le jeune homme résonne creux comme les platitudes qu’il récite dans son ennui. Le bon vin délie les comportements les plus étriqués et permettra une fin des plus rock’n roll.

Sylvia Medina-Lauper

Au Théâtre du Loup, du 7 au 26 octobre / Au Théâtre Vidy-Lausanne, du 29 octobre au 23 novembre / À l’Auditorium de Seynod, le 25 novembre / Au Théâtre Populaire Romand, le 29 novembre