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Théâtre Alchimic Genève
Genève : “Le Malade imaginaire“

La Compagnie Uranus présente « Le Malade imaginaire » dans la mise en scène de Valentine Sergo.

Article mis en ligne le décembre 2009
dernière modification le 27 janvier 2010

par Julie BAUER

Le Malade imaginaire est l’ultime pièce d’un Molière en fin de vie qui s’écroula au cours de la quatrième représentation de celle-ci. Cette dimension tragique alliée à des questionnements toujours d’actualité ont décidément tout pour intéresser un large public.

Forte de cette constatation, la Compagnie Uranis a eu l’idée d’aborder cette œuvre d’une façon inhabituelle. En effet, en marge des représentations à L’Alchimic, celle-ci sera en résidence dans deux cycles genevois. Nous avons rencontré la metteuse en scène et comédienne Valentine Sergo, afin qu’elle nous parle de cette adaptation moderne et pétillante.

Comment vous est venue l’idée d’adapter Le Malade imaginaire ?
Le Malade imaginaire marque ma rencontre avec le théâtre. En effet, à l’âge de 13 ans, je suis montée pour la première fois sur les planches et j’ai incarné Toinette. Ce fut extraordinaire. Par la suite, je n’ai pas souvent eu l’opportunité de travailler des textes classiques. Je me suis plutôt frottée au théâtre contemporain. Je voulais donc revenir à cela. De plus, je connais bien cette pièce et, lorsque je donnais des cours de théâtre, j’ai constaté que les élèves apprécient ce type d’œuvres, malgré une réticence initiale. Ils s’amusent du texte et comprennent les mécanismes. J’avais donc envie de partager cela avec eux et d’être plus proche des élèves. J’avais aussi envie de faire de la comédie. Le Malade imaginaire aborde des sujets sociaux avec beaucoup d’humour. Molière met le doigt sur des disfonctionnements qui existent encore aujourd’hui. Et puis, cette pièce contient aussi une dimension dramatique. La peur de la mort est un des thèmes qui transparaît entre les lignes. Molière est d’ailleurs mort lors de la quatrième représentation.

Valentine Sergo

Avez-vous choisi d’adapter la pièce d’une façon moderne ?
Nous avons fait des coupes dans la pièce, car l’originale est trop longue. En revanche, nous n’avons pas changé les dialogues car, étonnement, ceux-ci sont encore très modernes et accessibles ! Ce n’est pas du Racine ! Il ne faut pas oublier que Molière était, avant tout, un acteur. Le défi est donc d’effectuer un travail sur la langue, qui peut se révéler drôle et pertinente. De plus, les thèmes abordés tels que la confiance dans la médecine, les rapports sociaux dans la famille, les problèmes liés à l’argent ou les droits de successions sont, eux aussi, très actuels.

Et en ce qui concerne la mise en scène et les décors ?
Cette pièce est un gros projet pour notre compagnie. Actuellement, nous sommes encore en plein travail. L’espace scénique sera très simple et dépouillé. Les costumes seront de type contemporain. Alors que Molière travaillait selon les usages de la Commedia dell’arte, ce qui impliquait un jeu masqué, nous avons pris le parti de jouer découverts, mais en effectuant un grand travail sur la coiffure qui caractérise une personnalité. Cependant, nous ne perdons pas de vue que le plus important de tout, c’est de faire en sorte que les personnages restent crédibles. Nous devons donc créer un décalage mais éviter de partir dans la caricature. L’univers du spectacle sera pop et acidulé, un peu à l’image de la bande dessinée belge. Au niveau musical, nous n’avons gardé que les chansons qui font partie de la pièce. La bande-son, composée par la musicienne de jazz Florence Melnotte, sera interprétée par les comédiens. Elle se voudra festive, exotique et joyeuse.

Vous êtes metteuse en scène de ce spectacle et vous allez aussi interpréter le rôle de Béline, pouvez-vous nous en parler ?
J’avais envie d’être sur scène et de participer. Je n’ai pas peur de concilier les deux fonctions, car il n’y a que trois scènes définies dans lesquelles Béline, le plus petit rôle féminin, intervient. Ceci me laisse ainsi la possibilité de rester en dehors. Pour moi, c’était amusant de construire un personnage qui ne me ressemble pas du tout, une femme méchante et vénale.

Sur scène, vous serez entourée de comédiens d’horizons variés ?
La distribution de ce spectacle regroupe plein de familles différentes du théâtre. Ceci créé un mélange des genres très intéressant. A relever la participation de Maria Métral, une comédienne dotée d’une grande générosité qui m’a fait confiance.

En parallèle, vous allez aussi être en résidence dans deux cycles genevois ?
C’est un projet qui a germé peu à peu. J’ai malheureusement dû arrêter d’enseigner par manque de temps. Cependant, j’aimais beaucoup cela et le contact avec les jeunes qui en résultait. Le théâtre leur permet de s’exprimer, de réfléchir et de prendre confiance. J’ai donc cherché une façon d’élaborer un projet intéressant qui aille plus loin que le simple fait d’emmener des élèves voir un spectacle. La solution s’est imposée à moi : il fallait que j’aille vers eux. J’ai donc envoyé une proposition à tous les cycles genevois. La Golette et Les Coudriers ont répondu favorablement. Durant notre période de résidence, nous allons ainsi intervenir dans les cours de français et d’arts plastiques, afin d’expliquer aux élèves comment se crée un spectacle.

Propos recueillis par Julie Bauer

Du 19 au 31 janvier : « Le Malade imaginaire » de Molière. Cie Uranus, m.e.s. Valentine Sergo. Théâtre Alchimic, mar-ven à 20h30, sam-dim à 19h, relâche lun. Information et réservations : www. alchimic.ch, 022/301.68.38 Location : SCM