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Théâtre de l’Orangerie, Genève
Genève, L’Orangerie : “Kroum l’ectoplasme“

Rencontre avec Frédéric Polier, metteur en scène de Kroum l’ectoplasme.

Article mis en ligne le septembre 2007
dernière modification le 4 novembre 2007

par Claudia CERRETELLI ROCH

Sur l’illustration du programme du théâtre de l’Orangerie, on voit un gros bébé, emballé dans des langes, faisant des bulles blanches. Cette incapacité d’entrer en contact – on du moins c’est ce qu’on comprend du dessin expressif de Miriam Kerchenbaum, fait de Kroum l’ectoplasme un abonné au syndrôme de Peter Pan, mais aussi bien plus que cela…

Il est notoire que les enfants de 38 ans n’aiment pas partir de leur foyer parental pour aller à l’aventure. Le monde est plein de dangers, tout particulièrement affectifs et financiers. Kroum, de son côté, annonce tout de suite la couleur. Sa première réplique, qui est celle du retour de voyage, pourrait ressembler à celle – imaginaire – du fils prodigue : « Maman, je n’ai pas réussi. (…) Dans ma valise, il n’y a que du linge sale (…) ». La question à laquelle l’équipe de Polier tentera de répondre, est la suivante : « il y aura-t-il une évolution possible pour cet ectoplasme, émanation fantomatique par définition, ou restera-t-il dans le hall d’entrée de la vie, en faisant ainsi du mal à soi-même et aux autres ?

Frédéric Polier, photo Isabelle Meister

Complexité
Frederic Polier ne saurait – encore – répondre à cette question : « Cette pièce m’a attiré, parce qu’elle destabilise. Ce personnage, ainsi que Tougati l’affligé ou Trouda la bougeotte ou Doupa la godiche, sont autant d’allégories à des souffrances réelles. Ceci dit, la pièce est avant tout une comédie, une comédie drôle et désespérée. J’aime cette complexité, cet équilibre entre le romantique et le comique, l’absurde et le réaliste. Ce n’est pas un théâtre du quotidien, même s’il en a l’apparence. »

C’est justement cette bagarre entre les envies de Kroum et leur réalisation concrète, bagarre avec lui-même, ce parcours difficile et parfois rageant, qu’il s’agit de représenter. Il ne faut pas oublier que l’ambiance méditerranéenne de la pièce, qui pourrait conduire à un rapport typé maman-enfant – elle aimerait qu’il se marie, il la déçoit, elle le culpabilise – devient curieusement de plus en plus complexe, lorsqu’on parcourt ce texte de Levin Hanokh, riche en séquences variées et subtiles.

Dosage
Cette pièce, ajoute Fréderic Polier, est une des plus courtes qu’il a créés : 1h30… Et pourtant, elle demande un temps infini de réflexion, puisque le texte est, malgré ses apparences légères,
« traumatisant », complexe…. Il reflète, en somme, ce que Frédéric Polier attend du théâtre de l’Orangerie : un bon dosage entre le léger et le profond qui l’éloigne définitivement l’Orangerie du concept de « théâtre d’été », qui serait, un peu à l’instar du « film d’été », un produit qui s’associe agréablement avec la joie marchande ambiante, et qui se goûte avec un apéro, entr’amis. « J’aimerais développer le théâtre de l’Orangerie, ajoute-t-il, ou plutôt « déborder », prendre plus de place, explorer avec plus d’audace. Et faire voyager, dépayser. En outre il n’y a que des créations, cette année… Je pense que ce lieu a une magie qui s’associe bien avec le voyage. » Ceci dit, ajoute-t-il, ces projets – et il n’en manque pas - prennent du temps, même si plusieurs changements ont déjà eu lieu, comme l’accueil, par exemple. La suite ne manquera pas d’audace…

Claudia Cerretelli

Kroum l’ectoplasme, de Hanokh Levin, m.e.s. Frédéric Polier, Atelier Sphinx, Genève. Création.
Théâtre de l’Orangerie. Vendredi 7, lundi 10, mardi 11, jeudi 13 et vendredi 14 septembre à 21h ; samedi 8, dimanche 9 et samedi 15 septembre à 19h.

Info et loc. : La bâtie – Festival de Genève , Tél. +41 22 738 19 19 – www.batie.ch – info@batie.ch – billetterie@batie.ch)