La fin de l’année se fait sentir… Seuls deux spectacles sont prévus pour le Forum de Meyrin qui, d’habitude, ne nous laisse pas de répit.

Début avril, les 2 et 3, c’est une troupe de danse venue du Plat Pays, les Ballets C. de la B. avec Lazara Rossel Albear, Koen Augustijnen, Juan Benitez, qui nous convient à entrer dans un univers fait de mouvements amples et d’irruption de scènes brèves.
La nouvelle création du chorégraphe Koen Augustijnen aborde le thème de l’impuissance et l’interroge sous toutes ses formes : frustration, rejet ou encore origine de la création ? Tradition flamande oblige, la pièce se réclame d’une chorégraphie audacieuse, énergique et généreuse, débordant sur les marges du théâtre, de l’acrobatie et de la vidéo. Le mélange des genres permet un foisonnement joyeux et libérateur. Sans oublier la musique, omniprésente dans ce spectacle iconoclaste, avec un quatuor à cordes interprétant des créations originales de Guy Van Nueten.
Révélé dans le sillage du collectif belge des Ballets C. de la B. d’Alain Platel, Koen Augustijnen, à l’instar de Sidi Larbi Cherkaoui, vole aujourd’hui de ses propres ailes. Cela lui permet d’exprimer tous ses sentiments, et surtout sa colère, sa révolte face à ce monde qu’il ne peut pas changer. Tout l’inspire : le parti d’extrême droite belge, la Terre que l’on épuise et tue à petit feu. Cependant, on sent chez le chorégraphe un immense amour des autres qui illumine tout le spectacle.

Place au théâtre du 17 au 29 avril avec Maître Puntila et son valet Matti, de Bertolt Brecht. Un classique que vous avez eu en lecture imposée au collège pour passer la Maturité en allemand ? Certes, mais connaissez-vous la version d’Omar Porras et du Teatro Malandro ?

Avec Maître Puntila et son valet Matti, Brecht reprend un thème largement exploité au théâtre : la relation maître / servant – dominant / dominé. Brecht le complexifie puisqu’il dédouble la personnalité de Puntila : prévenant et soucieux de son valet quand il est sous l’emprise de l’alcool, il devient exécrable quand il est sobre. De son côté, Matti Altonen s’attache à rester lui-même en luttant contre les tentatives de fraternisation de son maître.

Entre le propriétaire terrien et son chauffeur se devine une lutte des classes féroce que dénonce Brecht sans didactisme ni amertume. Les dialogues conservent une éternelle vitalité et restent allègres, enjoués et dynamiques. Il ne nous plus qu’à découvrir la mise en scène et les costumes choisis par le Teatro Malandro qui excelle dans les représentations luxuriantes et bigarrées. Omar Porras s’est déjà consacré à divers duos dramaturgiques : Sancho et Quichotte, Sganarelle et Don Juan. Laissons-nous surprendre par la poésie que lui a inspiré Puntila et son valet Matti !

Firouz-Elisabeth Houchi-Pillet

[Voir le site >http://www.forum-meyrin.ch]
Tél. : (022) 989 34 34