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Le Poche, Genève
Entretien : Philippe Lüscher

Entretien avec Philippe Lüscher qui met en scène Vacances de Michel Viala.

Article mis en ligne le décembre 2007
dernière modification le 21 décembre 2007

par Catherine GRAF

En décembre et janvier, Le Poche propose une pièce de Michel Viala, Vacances, montée par Philippe Lüscher. Entretien avec le metteur en scène.

Philippe Lüscher, vous allez monter Vacances de Michel Viala. Pourquoi reprendre cette pièce ?
La série de pièces de Viala à laquelle appartient Vacances n’a pas été écrite il y a si longtemps : à peine une trentaine d’années. Il me semble tout à fait intéressant, même amusant, de revisiter avec la distance du temps un type de société suisse qu’on connaît encore, une société complexe, avec des personnages en quête de respectabilité, de reconnaissance…

Philippe Lüscher © Elsa Rochaix

Vous parlez d’une quête ?
Oui, une volonté de s’en sortir. Le personnage de Denise a connu des difficultés, elle a dû prendre des médicaments, peut-être suivre une thérapie… Cela annonce la vie que mène un certain nombre de nos contemporains, non ? Les gens méfiants, la perte de confiance …Peut-être que ces personnages sont un peu plus engoncés dans les conventions qu’aujourd’hui, avec la peur du qu’en-dira-t-on, la présence de la mère, une certaine éducation, quoique finalement … Et il y a une observation très fine des protagonistes : voyez l’homme et sa radio et ce qu’on pressent derrière cette manie ! En très peu de temps on entre dans le monde, dans la profondeur et l’unicité du personnage. C’est un théâtre très personnel.

Comme metteur en scène, quelles qualités trouvez-vous aux textes de Viala ?
Certaines de ses pièces ne cessent d’être rejouées, comme Séance ou encore L’objet. Viala a l’avantage d’avoir une langue limpide, et surtout de nous offrir de bons dialogues, tout comme un Pinter. C’est rare dans le théâtre d’aujourd’hui. Il part de situations banales, simples, et puis les événements se déplient avec des revirements inattendus. On n’est ni dans un système, dans une mécanique, ni dans du théâtre dit psychologique. On comprend néanmoins de l’intérieur l’évolution de ses personnages. Voyez Denise : après cette rencontre, elle a fait un pas en avant ; elle saura mieux se comprendre elle-même, elle verra avec plus de réalisme ce que sont les hommes qu’elle croise et ce qu’elle pourrait vivre, peut-être, avec eux, ou avec celui qu’elle rencontre ce jour-là.

Vacances © Dorothée Thébert

Et quel est votre parti pris dans cette mise en scène ?
Mais il n’y a aucun parti pris ! Aucune recherche d’effets, de trouvailles et de coups de théâtre qu’on pourrait relever dans un grand espace mondain. L’idée est de raconter au mieux cette histoire, qui est très drôle. La direction de jeu doit être pointilleuse et fouillée pour mettre en valeur, dans ce lieu intimiste du Poche, l’horlogerie fine de l’intrigue. Il faut faire naître un rythme ; et là plus qu’ailleurs peut-être, les comédiens doivent travailler leur partition à faire sourdre le sous-texte, qui est beaucoup moins évident qu’il n’en a l’air.

Propos recueillis par Catherine Graf

Vacances, avec Caroline Gasser et Thierry Meury, m.e.s. Philippe Lüscher, Le Poche, du 10 au 23 décembre et du 7 au 27 janvier, (rés. & loc. 022/310.37.59)