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Le Poche Genève
Entretien : Patrick Lapp

Coup d’œil sur le cinquième spectacle de Bergamote.

Article mis en ligne le 1er mai 2011
dernière modification le 6 décembre 2011

par Sophie EIGENMANN

Du 16 au 25 mai 2011, le Théâtre le Poche donne carte blanche à Bergamote. Pour leur cinquième spectacle, le couple explosif composé de Claude-Inga Barbey et Patrick Lapp s’intéresse au presque 3ème âge, à ses déceptions et à ses désirs. Rencontre avec Patrick Lapp.

Comment se portent vos personnages Monique et Roger ?
Ils vont bien ! Dans ces « Noces de carton », Monique et Roger ont vieilli. Leurs enfants sont partis de la maison et ils essayent de ne pas tomber dans l’enfer conjugal qui les menace. Ils ont décidé de rester ensemble malgré pas mal d’événements. Avec le temps, ils s’aiment différemment.

Votre approche de ce couple au quotidien vous rend très proche de votre public…
Les histoires de Monique et Roger sont aussi liées à ce qu’on vit Claude-Inga Barbey et moi avec nos conjoints à la ville. Faire ce spectacle est thérapeutique pour nous mais aussi quelque part pour les spectateurs. Sans que cela soit prétentieux, je pense qu’on est une sorte de miroir qui réfléchit la vie de tout le monde. En abordant le quotidien et ses travers, on sert à quelque chose et on pense être remboursé par les caisses maladie très prochainement.

Comment vos spectacles sont-ils créés ?
Notre écriture est particulière dans le sens où on part d’improvisations. C’est très concret, dès qu’on a une idée, qu’on soit dans un jardin ou dans un café, on essaye. Notre réalisateur, Claude Blanc, enregistre, on se réécoute et si c’est intéressant on recommence. Avant d’entrer en scène, on sait donc ce qu’on va dire mais on ne sait pas très bien comment. On est en état de disponibilité totale car il y a beaucoup d’improvisations. On se suit avec bonheur mais ce procédé est plus compliqué quand on joue dans des grandes salles, sonorisés on perd du naturel.

« Bergamote. Noces de carton »
© Augustin Rebetez

Qu’est-ce qui cimente votre couple ?
C’est l’amour théâtral ! J’ai du bonheur à être avec Claude-Inga Barbey sur scène. Nous sommes un vrai couple de théâtre. S’il y a de la retenue, on le sent tout de suite. Je pense que Bergamote est possible qu’avec Claude-Inga Barbey même si on a sûrement songé à changer de partenaire chacun de son côté.

D’où vient le succès de Bergamote ?
Dès le début, à la Radio suisse romande en 1996, cela a très bien marché. Pourtant, on nous avait mis à 10h30, juste après le culte. Sur les planches, on a débuté au Théâtre de Sion avec pour budget trois fondues et une raclette et cela nous a envoyé jouer une année à Paris. Je craignais au début qu’on soit vu comme un spectacle folklorique mais cela n’a pas été le cas. Au Théâtre Grand Hébertot, on a rencontré un vrai succès et il y avait une file d’attente pour venir nous voir. C’est très gratifiant car ce sont nos idées, notre texte et qu’on a de merci à dire à personne. Quelque part, si on avait fait des réunions dramaturgiques, on y serait encore. Avec ce genre de spectacle, on ne peut pas se tromper, on sent tout de suite si on est juste ou pas, si cela sera un succès ou pas.

Comment définir votre spectacle ?
C’est un spectacle sur l’amour, la haine, la détresse, la tromperie, le mensonge… Quand on est invité dans des festivals d’humour, on détonne vraiment. On est loin des portes dans la figure car on parle des accidents de la vie et de ses moments de joie. On s’est rendu comte que le public rit dans les instants les plus dramatiques. Finalement c’est en racontant une histoire sérieuse qu’on est drôle même si nous les comédiens on ne rigole pas tellement. Ce n’est pas très gai et c’est en même temps assez rigolo. Si on a un peu de tendresse sur les choses on les perçoit autrement.

« Bergamote. Noces de carton »
© Augustin Rebetez

Comment percevez-vous ces « Noces de carton » ?
Comme à chaque fois, c’est peut-être le dernier spectacle de Bergamote. Les choses changent et notre manière de raconter les histoires aussi. On est des comédiens artisans motivés par une envie de partage. Si on sentait une lassitude on laisserait tomber. C’est un spectacle qu’on peut jouer partout car le décor c’est nous. On peut aller dans des théâtres comme dans des salles de classe et si c’est un succès je vais me charger de le faire tourner.

Vous officiez aussi à la Radio-Télévision Suisse Romande dans le cadre d’Aquaconcert, est-ce que l’émission continue ?
Cela ne dépend pas de nous mais du directeur. Aujourd’hui, on aurait de la peine à imposer une émission pareille. Personnellement, je n’ai pas l’impression de me tuer au travail car j’éprouve vraiment du bonheur à faire ce que j’aime et à varier mes activités. A la radio, il y a 150 000 auditeurs qui nous écoutent tous les jours mais on ne s’en rend pas compte. Au théâtre, tout est plus concret. Le succès, j’en parle avec innocence car je n’ai pas fait exprès de le rencontrer.

Propos recueillis par Sophie Eigenmann

« Noces de carton » du 16 au 25 mai 2011 puis en décembre 2011 au Théâtre le Poche.