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Le Poche Genève
Entretien : Frédéric Landenberg

Quatre questions à Frédéric Landenberg.

Article mis en ligne le décembre 2009
dernière modification le 26 janvier 2010

par Rosine SCHAUTZ

Le comédien Frédéric Landenberg est l’un des protagonistes de la pièce « Pedro et le capitaine » de Mario Benedetti, mise en scène par Patrick Mohr au théâtre de Poche. Entretien.

Quels sont pour vous les thèmes essentiels traités dans cette pièce ?
C’est une pièce qui traite principalement du rapport entre un bourreau (le Capitaine) et une victime (Pedro). On a donc un échange très intense entre ces deux personnages. Je joue Pedro et ce qui m’a intéressé, lorsque j’ai lu la pièce, c’était de comprendre, de trouver le point à partir duquel tout bascule. Il ne s’agit pas dans cette pièce d’un simple retournement de balancier, de type ‘le bourreau devient la victime’, et vice versa.

« Pedro et le capitaine » avec Antonio Buil et Frédéric Landenberg
Photo d’avant-première © Alan Humerose

Il y a un moment où le personnage que j’incarne provoque un changement radical dans l’attitude du Capitaine. Le moment où il se trouve assez torturé pour se considérer comme mort. (« Si je meurs, ils me lâchent. Et je meurs. »). Dès qu’il se sent mort, il est libre en quelque sorte, car aucun sévice n’aura alors de poids sur lui. C’est précisément à ce moment-là que le rapport de pouvoir s’inverse (« …Tu es mon interlocuteur idéal… C’est stimulant de savoir que l’ennemi a mauvaise conscience… »). En fait, Pedro casse le tandem bourreau-victime en redonnant au Capitaine un statut d’être humain.
Je pense que c’est parce que Pedro le considère comme un être humain que cette pièce est intéressante. Chercher la part d’humanité chez son bourreau est quelque chose d’intriguant à jouer pour un comédien.

Comment vous préparez-vous à incarner ce personnage ?
Patrick Mohr nous donne à lire des textes en rapport avec la torture, des textes littéraires et des témoignages aussi, notamment sur la guerre d’Algérie. Et il nous demande de voir ou revoir des documentaires, des films de fiction, comme Sophie’s Choice ou Das Experiment, par exemple, de manière à ce que nous entrions dans la problématique. Nous nous constituons ainsi des sortes de bagages émotionnels qui nous servent ensuite de références pour composer notre jeu et construire nos personnages de façon cohérente.

Patrick Mohr inclut des musiciens sur scène, pourquoi ?
Il a pensé que le thème, très grave, de la pièce serait ainsi allégé par des interludes musicaux. Il faut savoir que Benedetti a écrit de nombreux poèmes d’amour, et que, quand on lit la pièce, on entend parfois ce souffle poétique en arrière-plan dans le texte. Mettre des musiciens sur scène est une manière de souligner cette poésie, cette tendresse, de la rendre plus réelle, plus proche du spectateur.
Par ailleurs, la chanteuse cubaine nous ramène dans ce monde latino-américain qui sait si bien mêler le politique et le poétique.

Qu’apprenez-vous en jouant cette pièce ?
Plusieurs choses…. Par exemple que la littérature en général, et le théâtre en particulier, aident à décrypter le monde dans ses situations les plus abjectes, les plus insupportables, les plus ignobles. Et aussi que si un jour je me retrouve, qui sait, dans une situation similaire, je saurai aussi ne pas parler, ne pas d’emblée accepter ma condition, mais lutter et trouver une étincelle d’humanité chez l’autre, quel qu’il soit.

Propos recueillis par Rosine Schautz

Du 18 janvier au 7 février : « Pedro et le Capitaine » de Mario Benedetti, m.e.s. Patrick Mohr. Le Poche-Genève, lun-ven à 20h30, mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h, mar relâche (loc. 022/310.37.59)