La Compagnie Opale présentera Les Femmes savantes de Molière, pièce mise en scène par Alain Knapp.
Du 18 juillet au 15 août, au Château Mercier à Sierre, la Compagnie Opale présentera Les Femmes savantes de Molière. Cette pièce sera mise en scène par Alain Knapp, qui signe ainsi son come-back. Entretien.
Doit-on encore présenter Alain Knapp ? Dire que ce Français bientôt septuagénaire a mis en scène près de 25 pièces, de Goldoni au Théâtre universitaire de Lausanne à L’Opéra de quatre sous à l’Opéra de Lyon, mais Brecht surtout ? Qu’il fut directeur du Théâtre-Création à Lausanne (1967-1975), collaborateur à l’INA (1976-1983), directeur des études de l’Ecole supérieure d’art dramatique du Théâtre national de Strasbourg (1983-1990), professeur à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (ENSATT ; 1990-2000) ? Que ses méthodes d’enseignement théâtral sont mises en pratique de Lausanne à Montréal ? Que Knapp est à l’origine de la création de la Haute Ecole de Théâtre de la Suisse Romande… Disparu des scènes depuis sept ans, cet élève de Roland Petit met en scène Molière en Valais cet été.
Votre dernière mise en scène remonte à 2000, à Montréal…
Déjà ? Effectivement, j’ai décidé de privilégier la peinture au théâtre…
Il vous fallait donc une bonne raison pour abandonner votre chevalet !
Il y en a plusieurs. D’abord, Anne Salamin [metteuse en scène, comédienne, enseignante au Conservatoire de Sion] a réussi à me persuader d’accepter le projet de sa compagnie. Elle fut mon élève à Paris il y a longtemps et nous sommes restés amis. Si l’amitié est une raison importante pour me faire entre dans un projet, j’apprécie également son travail et son équipe d’acteurs professionnels. Ensuite, le fait de jouer en Valais m’a séduit, moi qui m’y rends chaque été depuis 30 ans ; j’y ai de nombreux amis et d’excellents souvenirs. Et puis, autre raison importante : Molière ne se refuse pas.
Pourquoi Les Femmes savantes ?
Cette pièce est l’une des dernières de Molière, à mon avis la plus maîtrisée. L’écrivain y fait preuve d’une justesse absolue dans le propos de chacun de ses personnages. Tout y est au scalpel, à travers une réelle économie du langage, chaque instant de parole révèle quelque chose du comportement humain. Je pense que les lectures féministes de ce texte ont vécu et qu’il y a une pertinence à dépasser ces revendications – passées – du droit de la femme à la culture. Il faut revenir à une lecture plus archaïque, plus originelle, qui s’avère paradoxalement très contemporaine de notre époque. En effet les questions acides de Molière n’ont pas perdu de leur actualité. N’oublions pas que la pièce se passe dans le microcosme familial, sphère aujourd’hui plus que jamais remise en question. Molière questionne la place de chacun dans la famille. Il s’agit de voir comment cette place s’organise et se désorganise. Par conséquent, que la femme veuille acquérir des connaissances, d’accord, mais encore faut-il ne pas se tromper : quelles questions sont soulevées par l’irruption de l’accès à la culture au sein de la famille ? quelles implications ont tel ou tel choix de pensée ou d’esthétique ? Ces interrogations sont au centre de la pièce.
Propos recueillis par Frank Dayen