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En Suisse romande
En tournée : “Tsimtsoum“

Tsimtsoum ne parle pas de religion, elle met en avant un questionnement.

Article mis en ligne le décembre 2009
dernière modification le 26 janvier 2010

par Sylvia MEDINA-LAUPER

Le Poche Genève et le Théâtre Vidy-Lausanne coproduisent une création dont le titre, quelque peu zinzin, cache une comédie oscillant entre mystique, extase et blasphème. Ou comment établir une dialectique à peu près valable entre la vérité scientifique et la croyance religieuse.

Savez-vous ce que Tsimtsoum veut dire ? Si la réponse est non, c’est que vous ignorez la langue hébraïque. En hébreu, le verbe “letsamtsem“ signifie contracter, concentrer ; puisque Dieu est omniprésent, qu’Il est partout et en chacun, comment se fait-il que nous ne soyons pas Lui ? Selon Marc-Alain Ouaknin, philosophe français et fils de rabbin, lors de la Création, Dieu a dû momentanément se retirer en lui-même afin de laisser de la place à sa création, à ses créatures, à l’Autre. « Dans le retrait, la Création et la créature sont pris dans un mouvement de reconquête de tout l’espace vide, pour reconstruire une totalité ». Le Tsimtsoum est ce retrait divin.

Sandra Korol
© Alan Humerose

Dans cette pièce qui, rappelons-le, est une comédie, quatre nonnes d’aujourd’hui vont être ébranlées par une découverte scientifique d’envergure : Dieu n’existe pas. Un rapport scientifique en apporte la preuve formelle.

Devant cette nouvelle à l’effet dévastateur pour elles, les Sœurs Marie-Malvande, Marie-Milberge (à propos de ces deux prénoms originaires du vieux Québec, relevons la contrepétrie pour le moins cocasse qu’ils nous permettent), Marie-Myrtille, et Marie Mauricette adoptent des réactions étonnemment différentes. Alors que l’une se révèle agnostique, l’autre conserve son élan prosélytique, la troisième se contredit toute seule et la dernière croit plus en ceux qui ont la foi qu’en Dieu Lui-même !

Questionnement
Tsimtsoum n’est pas une pièce qui parle de religion, elle n’en fait ni l’apologie ni la critique. Tsimtsoum met en avant un questionnement que nous partageons tous et qui est la quête de sens.

Georges Guerreiro
© Steeve Iuncker

Comme le dit si bien Sandra Korol : Nous sommes tous addicts au sens, sans lui nous nous sentons perdus et nous nous retournons les uns contre les autres. Lorsqu’on vous annonce que ce qui donnait un sens à votre vie n’existe plus, votre vie chancelle. Le comment vivre désormais devient essentiel pour continuer à avancer. Cette création nous montre aussi qu’il est extrêmement difficile de changer de point de vue, que l’homme a une loyauté dans la fidélité idéologique, il préfère défendre sa croyance, même si celle-ci démontre des faiblesses, plutôt que d’en accepter une autre, étrangère et/ou nouvelle. Tsimtsoum est une bouffonnerie sur les incohérences de la pensée foisonnante humaine, sur l’énergie incroyable qu’on dépense pour justifier ces incohérences.

Et si on utilisait la même énergie pour développer notre humanité commune ? Telle semble être la conclusion de cette pièce.

Sylvia Medina-Lauper

« Tsimtsoum ». Texte de Sandra Korol. M.e.s. Georges Guerreiro. Avec Aline Gampert, Kathia Marquis, Brigitte Rosset et Mariama Sylla.
 Du 30 novembre au 27 décembre, Le Poche Genève, lun-ven à 20h30, mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h, mar relâche (loc. 022/310.37.59)
 jeudi 7 à 19h30 et vendredi 8 janvier à 20h, Théâtre de l’Alambic, Martigny (rés et loc. 027/722.94.22)
 Du 11 janvier au 7 février 2010, Théâtre Vidy-Lausanne (loc. 021/619.45.45)
 Du 24 au 28 février 2010, Espace Nuithonie, Villars-sur-Glâne (loc. 026/350.11.00)