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Théâtre des Amis, Carouge
Carouge : “Turcaret“

De la fourberie au Théâtre des Amis...

Article mis en ligne le avril 2011
dernière modification le 19 avril 2011

par Sophie EIGENMANN

Le Théâtre des amis présente jusqu’au 3 avril 2011, Turcaret, une comédie de Alain-René Lesage, mise en scène par Raoul Pastor.

Tableau grinçant
Satire drôle et acerbe, Turcaret se rapproche de Tartuffe. Sa première représentation date de 1709. On y découvre un monde interlope de chevaliers, de fripons, de prostituées et de fils de famille tarés qui se côtoie et dessine un tableau grinçant des dernières années du règne de Louis XIV.

Histoire
Veuve, la baronne (Juliana Samarine) est séduite par un chevalier (Jacques Maeder) et par l’argent de Monsieur Turcaret (Thierry Meury) qu’elle espère épouser mais qui s’avèrera être marié. Conseillée dans ses affaires par sa bonne Marine (Doris Ittig) puis par Lisette (Véronique Rivaz), elle manigance auprès des valets de ses prétendants (Jean-Marc Morel et Michel Grobety) pour réussir à obtenir tant l’argent que l’amour. Au fil de l’intrigue, la baronne va se rendre compte qu’elle est loin d’être la plus manipulatrice de tous.

Ambiance
Festival de quiproquos, cette pièce est qualifiée par un valet de « ricochet de fourberies ». Une galerie de personnages malins et hauts en couleur cherche à tirer le meilleur profit de la situation. Tout tourne autour de l’argent, seul bien capable de faire évoluer leur position sociale. A force de ruse et de mensonge, ils se retrouvent tous bloqués dans la même toile. Personne ne leur en tiendra rigueur, leur société est ainsi faite.

« Turcaret »
© Isabelle Meister

Séduisant, Turcaret est vraiment un bon moment. Généreux, les comédiens transmettent le plaisir du jeu comme celui du verbe. Si Thierry Meury est bien dans le rôle de Turcaret, les prestations féminines sont particulièrement réussies. Juliana Samarine est très touchante dans le rôle de la baronne. Confiante et sûre de son pouvoir au début de la pièce, elle se transforme au fur et à mesure qu’elle découvre les fourberies de son entourage. Désarmée par l’audace d’autrui, elle en devient humaine et sensible. Doris Ittig, Bérangère Mastrangelo et Véronique Rivaz tirent parfaitement leurs épingles du jeu. Dans un monde où la femme dirige en secret, elles ne sont pas avardes de mots d’esprit et dégagent une belle énergie.
La version de Turcaret de Raoul Pastor est donc portée par une joie communicative, un ton burlesque très juste et un rythme réjouissant.

Sophie Eigenmann