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Forum Meyrin
Meyrin : Le labeur sous la loupe
Article mis en ligne le février 2008
dernière modification le 7 décembre 2011

par Firouz Elisabeth PILLET

Le mois de février sera consacré au “travail“ dans la programmation du Forum Meyrin, avec une série de spectacles, de débats et une exposition de Sebastiao Salgado sur ce thème. Toutefois, que l’on se rassure, ce programme n’exclut pas le plaisir et la détente.

Directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, fondateur avec Pierre Bourdieu et Michel Foucault du département de sociologie de Paris VIII, analyste du traitement social de la folie, Robert Castel s’est ensuite emparé de la question sociale publiant, en 1995, une somme remarquable : Les Métamorphoses de la question sociale.
Entre une société individualiste et flexible (version libérale) ou une société « post-travailliste » rompant le lien entre revenu et travail (version utopique, Robert Castel nous entraînera, le mardi 5 février, dans une causerie, « Les métamorphoses du Travail », sur le rôle, le statut du travail et des salariés.

Cul de sac © Sylvie Roche

Le travail avec humour
Emboîtant sitôt le pas à cette causerie, pour poursuivre dans la thématique du travail, « Cul de sac », par le Téatréprouvette (France), le mercredi 6 et le jeudi 7 février, propose un spectacle très visuel qui mêle habilement univers sonore et performance gestuelle. Tout est basé sur la coordination du jeu du comédien, de la bande-son et des lumières. Employé de bureau traditionnel, une serviette en cuir à la main, un crayon de papier toujours sur lui, notre « héros » entre dans le siège social d’une vaste entreprise. Il a un rendez-vous important. A travers les péripéties de ce Topaze des temps modernes, divers sujets sont traités, comme la déshumanisation, le poids de la machinisation, la robotisation progressive, l’esprit de compétition. A travers l’interprétation cocasse d’un fabuleux comédien, Kroupit, qui donne vie à Monsieur François, Le Téatréprouvette parvient à traiter avec originalité et humour une réalité a priori peu propice au rire : le travail. On en arrive même à oublier, le temps du spectacle, les vicissitudes du nôtre.

Un Lear tonique
Les mercredi 20, jeudi 21 et vendredi 22, le ForuMeyrin accueille au Bâtiment des Forces Motrices (BFM), à 19h, Le Roi Lear, de William Shakespeare / Mise en scène Jean-François Sivadier (France) voir à ce sujet l’article paru dans Scènes Magazine de décembre 2007. Le roi Lear décide de léguer son royaume à ses trois filles : Goneril, Régane et Cordélia. Les parts seront attribuées en fonction de l’amour que celles-ci lui témoigneront dans un discours qu’elles doivent prononcer aussitôt. Goneril et Régane s’exécutent, mais Cordélia ne sait comment répondre. Lear la déshérite en la maudissant. La pièce bascule alors dans le chaos : les valeurs et les hiérarchies sautent, le roi erre, nu. C’est dans la Cour d’honneur du Festival d’Avignon 2007 que Jean-François Sivadier a créé Le Roi Lear, passant ce rite de passage avec nonchalance.
Méticuleusement attentif aux textes, Sivadier les offre au public hors de toutes conventions ; il les rend proches sans les affadir. Sa version du Roi Lear est plutôt tonique, loin des Roi Lear perclus d’arthrose, au verbe empoussiéré. Cette pièce reste incontestablement un sommet de la dramaturgie, et dont la contemporanéité est parlante.

Bali, années 20

Voyage exotique
Le mardi 26 février est placé sous le signe de l’exotisme et de la musique avec « Bali, années 20 ». Cet accueil, réalisé en collaboration avec les Ateliers d’Ethnomusicologie, invitera au voyage – gastronomique (Buffet-dégustation de spécialités balinaises à 19h30)–, et intellectuel – précédé d’une conférence à 18h30 ; le spectacle suivra à 20h30. Les villages qui s’adonnent à la musique et à la danse sont nombreux ; situé au cœur de l’île, sur les flancs d’un volcan, se trouve celui de Sebatu. Ces artistes sont les seuls à pratiquer encore une danse de cour ancestrale, réservée aux rajas.A l’origine liée à l’hommage rendu aux divinités, la danse balinaise s’est libérée, au XXe siècle, du strict carcan rituel pour devenir l’expression d’une plénitude de beauté. Le spectacle Bali, années 20 revient sur la période la plus fructueuse de la création artistique de l’île, celle du grand compositeur et chorégraphe Wayan Lotring, de « Mario » et de Gedé Manik, les grands réformateurs de la musique et de la danse balinaises. Ce spectacle – qui intègre une Maison du Monde (soirée en trois parties : conférence ; dégustation ; spectacle) consacrée à l’Indonésie – concentre des pièces instrumentales et chorégraphiques figurant parmi les références de l’art balinais du XXe siècle. Si, comme les nombreux créateurs qui emboîtèrent le pas à Artaud, vous souhaitez vous laisser inspirer par l’art balinais, il ne reste qu’un saut à faire pour plonger avec bonheur dans cette atmosphère gracieuse et mâtinée de poésie.

Firouz-Elisabeth Pillet

www.forumeyrin.ch, Tél. (022) 989 34 00