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Théâtre Saint-Gervais
Genève : Mémoires blessées

Théâtre, expositions, concerts, lectures, films, conférences, tel est le programme de Mémoires blessées, du 28 janvier 2011 au 12 février au Théâtre Saint-Gervais.

Article mis en ligne le février 2011
dernière modification le 24 février 2011

par Rosine SCHAUTZ

Pour la troisième année consécutive, le Théâtre St-Gervais propose sa manifestation pluridisciplinaire qui met à l’honneur l’Histoire et les histoires des groupes et des communautés dont le passé traumatique a été occulté. L’édition 2011 se concentre autour de regards et témoignages portés sur le monde colonial, la propagande véhiculée par l’image cinématographique et les Conventions de Genève.

Cette année encore
, Mémoires blessées nous incite à réfléchir, et surtout à étayer nos prises de position sur des sujets mal connus, mal compris, souvent douloureux, ou positivement ignorés, voire délibérément sortis de leurs contextes pour toutes sortes de raisons, et non des moindres, raisons considérées comme politiquement correctes ou raisons d’État.

Monde colonial
S’il a toujours été indispensable de penser son rapport au monde, par le truchement de la philosophie, de l’histoire, de la littérature, ou de l’art en général, il est aujourd’hui urgent de repenser ses liens à l’autre (l’autre soi-même ou l’autre monde que l’on nous dit ‘possible’). L’idéologie colonialiste développée depuis le XVIe siècle et qui a connu son apogée durant la seconde partie du XIXe siècle, dans les circonstances que nous savons, est devenue avec les luttes pour l’indépendance des années 60-70, une notion sinon insupportable du moins fortement critiquée et contestée. Elle apparaît aujourd’hui comme synonyme - et pas seulement dans la tête de jeunes ‘indigènes de la République’ - de concepts voisins : en vrac, impérialisme, expansionnisme, ingérence, occupation illégale de territoires ou racisme, tout en charriant de nombreux problèmes bien réels liés aux domaines économiques, politiques ou juridiques.

Films de propagande
Qu’est-ce qu’un film de propagande ? Un film documentaire ou de divertissement qui s’appuie exclusivement sur le registre de l’émotion ou de la peur, et qui a pour but de servir les pouvoirs en place en manipulant les foules, diabolisant ou caricaturant un ‘ennemi’ réel ou imaginaire. Le film dit de propagande fait également croire qu’il n’y a pas d’autres alternatives, proposant alors au spectateur de s’engager dans ce qu’il pense être le sens de l’Histoire. Enfin, ce type de film joue souvent avec des procédés efficaces, comme le choix d’un vocabulaire spécifique et connoté, l’abus de formules lapidaires ou de slogans, et surtout, plus machiavélique, le déguisement des personnages filmés en ‘personnages ordinaires’, toutes choses qui happeront le spectateur, identifié à l’heure et à l’instant aux héros du film, sans distanciation aucune. On se rappellera utilement que le verbe propager, dont est issu propagande, s’il n’est pas péjoratif, n’est pas foncièrement positif non plus, vivant accompagné le plus souvent de noms de maladies ou de virus…

Les Conventions de Genève
Ce sont des traités qui protègent essentiellement les personnes qui ne participent pas aux hostilités (personnels civils, sanitaires, religieux, humanitaires) ou qui ne prennent pas part au combat (blessés, malades, prisonniers). Ces traités, qui sont au cœur du droit international humanitaire, prévoient en outre que des mesures peuvent être prises lors d’infractions graves, et surtout que les auteurs de ces infractions doivent être sanctionnés. Plus précisément, la première Convention de Genève protège les soldats blessés ou malades sur terre en temps de guerre. La deuxième Convention protège les militaires blessés, malades ou naufragés en mer en temps de guerre. La troisième Convention s’applique aux prisonniers de guerre.
 Et enfin, la quatrième Convention assure la protection des civils, notamment en territoire occupé. Les Conventions de Genève sont entrées en vigueur le 21 octobre 1950.
Les trois grands volets de ces Mémoires blessées version 2011, sont donc l’occasion de devenir des citoyens plus attentifs aux mouvements du monde et de ne pas oublier de rester des partenaires solidaires et engagés envers nos alter ego.

Rosine Schautz

Autour de Frans Masereel


Frans Masereel, Belge d’origine flamande, est considéré comme un maître de la gravure sur bois. Son style se caractérise par de rudes contrastes entre noir et blanc et un graphisme fort, mis au service d’un réalisme qui oscille entre le féerique et le social. Il a par ailleurs inventé le roman sans parole, récit graphique composé de suites de gravures symboliques qui montrent ses engagements contre l’oppression et les violences suscitées par les guerres. Masereel a aussi participé en tant qu’artiste à la revue des Jeunesses communistes allemandes dans les années 1920. Enfin, il a illustré Baudelaire, Kipling, Blaise Cendrars, ou Romain Rolland dont il partageait les convictions pacifistes.