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Théâtre des Marionnettes de Genève
Genève : “Avec des ailes immenses“

Le Figuren Theater Tübingen fait escale à la salle Pitoëff.

Article mis en ligne le novembre 2010
dernière modification le 12 décembre 2011

par Firouz Elisabeth PILLET

Le mois de novembre marque un des temps forts de la saison du Théâtre des Marionnettes de Genève ; un temps fort placé sous le signe du décloisonnement géographique puisque l’accueil du Figuren Theater Tübingen, et du spectacle Avec des ailes immenses, se fera au Théâtre Pitoëff, en collaboration avec le Théâtre en cavale.

Après Salto lamento, grand succès public et critique de la saison 2008-2009 au Théâtre des Marionnettes de Genève, Franck Soehne et sa troupe reviennent au TMG pour explorer la littérature, et en particulier l’univers de Garcia Marquez, empli d’onirisme et de magie.

Poèmes visuels
Dans la recherche théâtrale du Figuren Theater Tübingen se profilent deux modèles de travail : le premier, plutôt classique, expérimente la littérature comme point de départ et à partir de celle-ci, sa sensorialité dans l’espace. Le second s’attache au développement des matériaux, si nécessaire de la marionnette, avec à la base une négation radicale de l’histoire.

« Avec des ailes immenses »
Photo Théâtre des Marionnettes

Fondé en 1991 par Frank Soehnle et Karin Ersching, le Figuren Theater Tübingen repousse les limites qui séparent le théâtre de marionnettes et les autres arts. Leurs spectacles sont des poèmes visuels, présentés et acclamés à travers le monde, dans plus de quarante pays. Avec des ailes immenses porte l’invitation au voyage sensoriel et à l’onirisme dans son titre ; Pelayo et Elisenda se retrouvent confrontés à un mystère dans leur village situé entre la forêt et la mer… la pluie s’évapore et dans la boue de l’arrière-cour une chose avec des ailes immenses s’agite faiblement… Un “ange“, si vieux, si faible mais obstiné , car comment devrait-on nommer autrement une créature d’apparence humaine avec des ailes. Cette créature reste enfermée dans le poulailler mais, par sa seule présence, change les conditions de vie alentour. Une voisine “avertie“ et le prêtre s’engagent à expliquer et à étudier la situation. L’étonnante nouvelle se répand comme une traînée de poudre. Le phénomène attise la curiosité. Des miracles douteux provoquent l’inquiétude. Les événements dégénèrent… et laissent place à un monde métamorphosé.
Ce spectacle, que le public romand aura la chance de découvrir du 3 au 7 novembre à Genève, illustre parfaitement cette citation d’Octavio Paz : « Parce que la poésie est critique, elle est aussi révélation. Elle ouvre, découvre et rend visible ce qui est dissimulé – des passions secrètes, la face nocturne des choses et l’envers du don ». Ce spectacle séduit les Allemands depuis plusieurs années, et fait l’unanimité auprès de la presse du pays, tombée sous le charme de ce rêve éveillé qui illustre à la perfection l’univers du prix Nobel de Littérature, comme le résume si justement la critique du Süddeutsche Zeitung, en mai 2003 : « Une mise en scène chargée de magie et de poésie fidèle à la littérature du lauréat du prix Nobel. Une victoire de l’imagination sur la réalité. »

Le Chat sans queue
Après les adolescents et adultes, place au jeune public, dès quatre ans, avec Le chat sans queue, une création du Théâtre des Marionnettes de Genève, d’après l’album de Germano Zullo et Albertine, dans une mise en scène et scénographie de Guy Jutard, et avec des marionnettes élaborées par le trio composé d’Albertine, Guy Jutard et Pierre Monnerat.

« Le Chat sans queue »
Photo Théâtre des Marionnettes

Les chats ont, paraît-il, neuf vies : c’est dire s’ils sont doués pour les métamorphoses. Il était une fois un petit chat étonnement dépourvu de queue. On le découvre solitaire avec son cartable sur le chemin des écoliers. Notre matou se sait différent des autres félins. Chacun le moque, le mate avec dédain, l’obligeant à se cacher et à fuir. Le chat sans queue se fait botter, déloger de partout et se retrouve bien démuni. Parviendra-t-il à masquer son imperfection ? N’y aurait-il pas dans cette cité traversée à intervalles réguliers par une subtile trapéziste funambule, une boutique pour lui délivrer une queue afin de compléter son anatomie, ce qui fera de lui un minou ordinaire ? Et pas un phénomène de société, objet de toutes les plaisanteries. Son destin croise la route de deux compères, Marcel et Jean-Claude. Ils sont de la trempe du collectionneur, passionné à recueillir tout ce qui sort de l’ordinaire, devenant fantastique. Le chat sans queue deviendra-t-il le fleuron de leur collection ?
Avec ce conte surréaliste, inspiré de l’histoire écrite par Germano Zullo, et illustrée par Albertine, les jeunes enfants seront initiés au monde de la différence, de l’intolérance, de la marginalisation, mais ils apprendront aussi comment faire de leurs différences une richesse. Comme le dit l’auteur, lorsque les inconditionnels des chats témoignent, ils avancent que le matou est plus honnête que son compagnon humain bipède, qu’il est indépendant et a son caractère bien tranché.
Hemingway a d’ailleurs écrit : « Le chat est d’une honnêteté absolue : les êtres humains cachent, pour une raison ou une autre, leurs sentiments. Les chats non ».

Firouz-Elisabeth Pillet

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