Un spectacle astucieux !
par Firouz Elisabeth PILLET
Voilà plus de dix ans qu’il électrise les scènes européennes... Le mystère Brachetti est soigneusement entretenu, en coulisses, par une équipe de fidèles qui ne pipent mot sur les astuces d’un spectacle à couper le souffle.
Considéré comme le plus grand maître de la métamorphose au monde, Arturo Brachetti a vu le jour à Turin et grandit dans la banlieue de cette ville industrielle à la réputation morose et triste. Est-ce pour exorciser la grisaille de ses journées d’enfance qu’il commence à jouer avec un petit théâtre de marionnettes ? A onze ans son père le fait entrer au séminaire où il rencontre le Père Silvio Mantelli, un jeune prêtre qui voue une passion à la magie. Passant beaucoup de temps dans l’univers magique du prêtre, Brachetti s’initie aux multiples facettes de cet art et laisse galoper son imagination.
A l’âge de quinze ans, il emprunte quelques costumes au club de théâtre du séminaire et réalise son premier spectacle de changements rapides de costumes : une sorcière qui devient une belle fée pour finir en homme en queue de pie. Ainsi Arturo put-il gagner l’estime de ses comparses séminaristes qui jouaient au football beaucoup mieux que lui, une tare pour un Italien !
Il redécouvre donc par hasard et réinvente l’art des transformations, disparu depuis le maître incontesté du genre, Leopoldo Fregoli et, se faisant aidé par des amis magiciens italiens et surtout par le président Alberto Sitta, il réalise finalement un numéro avec six changements de costumes exécutés à la vitesse de la lumière. Mais ce n’était que le commencement... Depuis, Arturo Brachetti a quitté sa terre natale pour percer sur les scènes étrangères - en 1978 en France dans le cabaret parisien le Paradis Latin, sous la direction de Jean Marie Rivière. Cela lui permet en 1981 de jouer le rôle de présentateur dans la production allemande d’André Heller : Flic Flac. Après l’Allemagne, en 1983-1984, il se rend en Angleterre à Londres, au Piccadilly Theatre. Ceci lui vaut une nomination pour le prestigieux Sweet Award. La même année, on lui demande de jouer pour le Gala de Noël au Covent Garden Opera House en présence de la famille royale anglaise. Unanimement reconnu sur les scènes européennes, Brachetti peut rentrer en Italie et enfin participer comme invité régulier à dix émissions télévisées de Al Paradiso pour la télévision nationale italienne Rai Uno. Il est enfin reconnu sur les scènes des théâtres italiens. Cela lui donne énormément de succès (M. Butterfly avec Ugo Tognazzi, L’histoire du Soldat de Igor Stravinski).
Depuis, son renom international fait de lui un des artistes les plus sollicités à travers le monde. Le Théâtre du Léman l’accueillera les 24, 25 et 26 mai, grâce à Opus One, pour un spectacle issu intégralement de son imagination : Arturo Brachetti fait son cinéma et pendant une heure et demi, ce sont quatre-vingt personnages mythiques du septième art qui se succèdent devant nos yeux – Zorro, Frankenstein, Cruella, Dartagnan, Shrek - dans une performance physique digne des sportifs de plus haut niveau. Quand on demande à l’artiste quel est son secret, il répond en mangeant sur le pouce une petite collation : « Dans la vie, je fais tout vite... Je mange vite, je me change vite, je m’ennuie vite.... Dans le bien comme dans le mal. » C’est sans doute là que réside cette source intarissable de renouvellement et d’imagination. Il y a un réel ballet invisible qui préside au mystère du spectacle. L’artiste est unique, complet, il fait une peu de magie, un peu de mime... . Sur scène, Arturo Brachetti enchaîne les personnages : hommes, femmes, animaux, sans que le spectateur perçoive la clé du mystère.
Dans son nouveau spectacle, qui sera visible au Théâtre du Léman, les héros de cinéma se bousculent inlassablement ; il ne lui que quelques secondes pour changer de costumes.
Firouz-Elisabeth Pillet