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Théâtre des marionnettes de Genève
Entretien : Guy Jutard

Entretien avec le directeur artistique de l’institution genevoise, Guy Jutard, au sujet de la duxième partie de saison.

Article mis en ligne le février 2008
dernière modification le 3 février 2008

par Laurent CENNAMO

Deuxième partie de saison haute en couleur au Théâtre des Marionnettes : des créations pour petits - voire tout petits - et grands, l’accueil de « stars » (notamment l’acteur-manipulateur Neville Tranter), enfin la possibilité pour le public de découvrir une palette très variée de techniques marionnettiques.
Entretien avec le directeur artistique de l’institution genevoise, Guy Jutard.

Deux créations du TMG au programme en février, pour les tout petits : Balthazar fait son bazar (du 23 janvier au 10 février) et Ça tourne ! (du 12 au 28 février). Pouvez-vous nous présenter ces deux pièces ?
Balthazar fait son bazar est une pièce pour les petits de 3 à 7 ans, ce créneau où, dit-on, la marionnette est reine. Et cela est plutôt vrai, bien que nous travaillions également, et avec un succès remarquable, avec des élèves du cycle d’orientation. Balthazar fait son bazar – réalisé en coproduction avec le Théâtre Spirale – est une reprise, il avait été créé au TMG il y a de cela deux saisons. Il s’agit du projet de deux comédiennes, Fatna Djahra et Michèle Millner, qui ont décidé d’explorer le théâtre de monstres. Un bambin est enfermé dans sa chambre ; à un moment donné les murs vont s’écrouler et le bambin va traverser des mondes incertains, faire la rencontre d’êtres fantastiques, les « Métalliques ». Cette pièce est une sorte de mini-parcours initiatique, qui interroge la peur et les différentes façons de développer son courage. L’esthétique de ce spectacle est particulièrement intéressante puisque tous les personnages sont construits avec des matériaux de récupération : une passoire à thé, un tuyau d’aspirateur, des boîtes de conserve, une louche…
Il est nécessaire de replacer le deuxième spectacle, Ça tourne !, dans son contexte. Depuis que je suis arrivé au TMG (en juillet 2002), la programmation s’est élargie. Nous travaillons également aujourd’hui pour la très petite enfance, les 1 à 3 ans, et nous rencontrons un succès monumental avec cette formule.
Ça tourne ! est une sorte de ronde animalière, un joli manège sur lequel tournent des animaux. Ces derniers racontent des éléments de leur vie sous forme de comptine. Ce projet de Sybille Frei – qui travaille également dans des crèches – ne nous a pas seulement intéressé pour son contenu mais aussi pour son esthétique, très mobile, jouant habilement sur les silhouettes des personnages, la lumière et les ombres. Nous tenons beaucoup au TMG à proposer aux enfants des images de belle qualité.
Ces deux spectacles sont des « petites formes », ils durent environ 20 minutes pour une salle de 30 à 40 spectateurs. Je conseille vivement à tout le monde de venir voir une fois ces salles de bébés assis sur les genoux de leurs parents ; leur qualité d’écoute est surprenante.

Balthazar fait son bazar. Photo Haeberlin

Comment est né le projet de Doux maux d’amour et maux-croisés, le spectacle que vous avez imaginé et que le public pourra découvrir au TMG du 15 au 24 février 2008 ? Quelle technique marionnettique utilisez-vous ?
Ce spectacle est né d’une demande qui m’a été faite lors de ma première année à Genève. Une personne qui fréquentait notre théâtre organisait un « Festival du Silence », réservé à un public de personnes malentendantes. L’idée de travailler sur des images sans support verbal ou sonore m’a immédiatement séduit.
Le spectacle est composé de petits sketches, une série de petites histoires malheureuses mais traitées avec beaucoup d’humour. J’ai choisi de travailler à cette occasion une matière que j’aime bien, le papier journal. On peut nouer, ficeler, coller, assembler, déchirer ce matériau, cela donne des corps très libres. Le papier journal permet une définition floue des personnages, du domaine de l’esquisse, ce qui donne peut-être plus de puissance que le dessin fini, le personnage totalement défini. Ce qui m’a le plus intéressé, en l’absence de parole, c’est la nécessité de développer un théâtre de l’image, soumis à une certaine efficacité pour dire. Cette symbolisation du langage n’est pas sans rappeler par certains aspects le cinéma muet. Dans l’image marionnettique, la parole est seconde, elle est un prolongement, un accompagnement. Il faut d’abord que l’image tienne, c’est une chose que je répète souvent à mes comédiens.

On retrouvera des marionnettes en papier dans Gilgamesh que vous mettrez en scène en avril.
Comme dans Doux maux d’amour, le matériau va en effet nous dire beaucoup ici, en l’occurrence non plus le papier journal, mais le papier kraft. Il y a me semble-t-il une analogie très fertile entre les sables du désert où on a retrouvé des traces de civilisations très anciennes et la couleur du papier kraft. Ce matériau donne à l’ensemble quelque chose d’indéfini, qui va bien dans le sens de cette épopée légendaire. Il s’agira d’une fresque plus large que Doux maux d’amour, avec plus de manipulateurs ; des musiciens seront présents à côté de la scène, soulignant les images de leurs sonorités très orientales et en partie improvisées.

Neville Tranter (Vampyr, du 17 au 25 mai) est un géant de la marionnette européenne.
En effet, Tranter est un grand soliste. Il a un geste très personnel par rapport à l’approche de la marionnette. Il construit lui-même ses personnages, à sa taille, des sortes de muppets aux bouches énormes qu’il tient à hauteur de visage. Tranter est à la fois le manipulateur et un personnage par rapport au personnage qu’il manipule. C’est là que réside sa puissance, son mystère. Dans la lignée des portraits grinçants de Molière, de Schicklgruber et de Frankenstein, Tranter dresse dans Vampyr un tableau de famille assez inquiétant. On dit souvent que la marionnette ne doit pas être psychologique ; Tranter parvient quant à lui à creuser avec beaucoup de subtilité dans la psychologie de ses personnages, à dépasser par la puissance du jeu de l’acteur-manipulateur leur côté caricatural ou figé. Les 19, 20 et 21 mai 2008, Neville Tranter donnera une master-class au TMG pour approfondir les relations du comédien et de sa marionnette.

Propos recueillis par Laurent Cennamo

www.marionnettes.ch, tél : 022 418 47 77

 Balthasar fait son bazar, du 23 janvier au 10 février, 4 à 7 ans. (Reserver En-Ligne)
Janvier : Me 23, 30 à 15h / Sa 26 à 17h / Di 27 à 11h, 17h + Février : Sa 2, 9 à 17h / Di 3, 10 à 11h, 17h / Me 6 à 15h

 Ça tourne !, du 12 au 28 février, 1 -3 ans. Ma 12, 19, 26 à 10h30, 16h30 / Me 13, 20, 27 à 11h, 15h / Ve 15, 22 à 10h30, 16h30 / Sa 16, 23 à 11h, 15h / Di 17, 24 à 11h, 15h / Je 21, 28 à 10h30, 16h30.

 Doux maux d’amour et mots-croisés, du 15 au 24 février, Adultes et Ados. Ve 15, 22 à 19h / Sa 16, 23 à 19h / Di 17, 24 à 17h / Ma 19, Me 20, Je 21 à 19h

 Gilgamesh, du 5 au 27 avril, dès 7 ans. Sa 5, 12, 19 à 17h / Di 6, 13, 20, 27 à 11h, 17h / Ma 8 à 19h / Ma 15, 22 à 19h / Sa 26 à 17h

 Vampyr, du 17 au 25 mai, Adultes, ados. Sa 17, 24 à 20h / Di 18, 25 à 17h / Je 22 à 19h / Ve 23 à 19h .