Après avoir exercé le journalisme pendant quinze ans, Anne Brüschweiler a quitté ses fonctions de présentatrice du journal à la Télévision Suisse Romande pour écrire et faire écrire. Formée par ALEPH-ECRITURE (Paris), elle a animé Le grain des mots. Spécialiste de la poésie et de l’écrit à la Ville de Genève, elle a pris ses fonctions comme directrice artistique du Théâtre Forum, à Meyrin, pour succéder à Mathieu Menghini. Rencontre.

Depuis plusieurs mois dans les coulisses du Théâtre Forum de Meyrin, pour le public, vous entrez véritablement en scène avec cette nouvelle saison 2010-2011 ; dans quel état d’esprit l’abordez-vous ?
Je me trouve dans un état d’esprit enthousiaste et curieux : enthousiaste à l’idée de faire partager les coups de cœur que j’ai eus devant les spectacles et curieuse quant à la réaction et les émotions des spectateurs face aux propositions de spectacles que cette saison leur offre. Je connais déjà bien le dynamisme de la commune de Meyrin et je souhaite, grâce à ce mandat, profiter intensément des échanges et des rencontres que le Forum peut m’apporter à travers son public, les spectacles et les artistes invités. Je suis consciente que le poste que j’occupe dorénavant au Forum de Meyrin est une chance et je souhaite totalement m’impliquer dans ma mission. Sans être meyrinoise de domicile – je réside à la Servette, à dix minutes en tram de Meyrin – je souhaite m’immerger dans la vie culturelle meyrinoise qui rayonne bien au-delà de la commune.

Le programme de cette saison comporte-t-il un message particulier puisque vous jouez sur les qualificatifs sur la couverture du fascicule ?
Nous nous sommes amusés à décliner cette série d’adjectifs qui correspondant aux divers spectacles à découvrir durant cette saison 2010-2011. Lors de la soirée de présentation de la saison, le public s’est interrogé quant à certains adjectifs ; « scabreuse » a suscité bien des interrogations mais quand le public a découvert la performance de la compagnie en question, la signification des mots est apparue comme limpide au public. « On peut se souvenir de quelque chose qui n’est pas encore arrivé. » [TAÏTEUL]
Ainsi pourrons-nous voir à Meyrin deux versions de [TAÏTEUL] : la première pour les adultes, vendredi 20 mai, et la seconde pour le jeune public et les familles, samedi 21 mai, à 19h. Ces deux spectacles porteront la trace du passage des artistes dans notre cité.
À travers une fable drôle et cauchemardesque sur les excès de la mémoire et de l’oubli, [TAÏTEUL] pose des questions universelles. Qui suis-je ? Qu’est-ce qu’un être humain ? A quoi tient son identité ? Quelles traces laisserons-nous plus tard ? Ces interrogations qui ont trait au sens de la vie donnent lieu à un spectacle théâtral, mais également musical et circassien ; c’est-à-dire qu’il suscite des sentiments et des sensations. Le public en a eu un avant-goût lors de cette soirée de présentation.

Vous avez inscrit un nouvel art au programme, le cirque…
Le cirque est un art riche, que l’on croit, à tort, destiné au jeune public. Mais vous découvrirez dans le programme cinq spectacles apparentés au cirque qui sont susceptibles d’intéresser les adultes. Comme 2010 est l’année du Cirque, il était important qu’il soit bien représenté dans notre saison.
Jean-Pierre Aebersold pendant dix ans puis Mathieu Menghini les cinq années qui ont suivi ont imposé Forum Meyrin comme salle de référence. Chacun des deux directeurs précédents ont apporté leurs contributions, comme le cinéma, en ce qui concerne Mathieu qui était chagriné à son arrivée alors que l’on venait de fermer les Cosmos, les trois salles de cinéma meyrinoises. Chaque nouveau directeur correspondent des innovations : Forum propose deux spectacles en appartement chez les habitants de la commune. Du théâtre philosophique (Qu’est-ce que tu vois ? mis en scène par Hervé Loichemol) et du théâtre poétique (La vie errante d’Yves Bonnefoy par Claude Thébert). Les habitants de Meyrin, à qui est réservée l’initiative et qui sont friands de nouvelles expériences, peuvent déjà s’inscrire. Je me réjouis de découvrir les réactions des spectateurs-hôtes.

Envisagez-vous de poursuivre la collaboration avec le Théâtre de Carouge / Jean Liermier, et comment ?
Par un ménage à trois (rires)… Oui, en effet, je souhaitais poursuivre le trait d’union établi entre nos deux théâtres – Carouge et Forum – mais en l’élargissant à un troisième théâtre, le Châtelard à Ferney-Voltaire. Nous sommes dans une ville très riche culturellement, et qui bénéficie de lieux de diffusion de la culture fabuleux. Il faut donc profiter de cette géographie avantageuse et établir des liens entre ces divers lieux de culture. Cependant, je préférais renoncer à poursuivre la parution commune : le journal Si, idée instillée par Mathieu et Jean, et qui leur appartient. Pour le reste, je me réjouis de cette collaboration avec Jean Liermier et Hervé Loichemoil.

Vous sentez-vous déjà meyrinoise ?
Comme je l’ai souligné, je ne réside pas à Meyrin mais à dix minutes en tram, à la Servette. J’ai suivi ma scolarité à Genève puis je suis partie étudier à New-York, pour revenir travailler à la télévision à Genève. Je me sens donc très impliquée dans la vie culturelle de la région. En tant que journaliste, je connaissais l’envers du décor. En tant que directrice, je me réjouis de découvrir des spectacles et de pouvoir les faire partager au public du Forum. Et les innovations comme ce théâtre à domicile promet d’heureuses rencontres et conversations avec le public à l’issue de la soirée.

Propos recueillis par Firouz-Elisabeth Pillet

www.forum-meyrin.ch