Nouvelle année, nouveaux programmes et forcément de nouveaux espoirs, d’inévitables attentes à combler. Que pourrons-nous donc découvrir à Paris en février 2007 ?

Des voix tout d’abord, qui devraient enchanter le public qui se rendra au Théâtre des Champs-Elysées le 5 : la mezzo italienne Daniela Barcellona sera aux côtés du ténor péruvien Juan-Diego Florez pour chanter des airs et des duos de Rossini, Bellini et Donizetti, accompagnés par l’Orchestre Philharmonique de Navarre dirigé par Alexander Joel (une sélection Les Grandes Voix). Le lendemain le baryton Franck Ferrari entourés de Dominique de Williencourt au violoncelle et par Jean Ferrandis à la flûte, interprétera des œuvres de Brahms, Mozart, tandis que ces « accompagnateurs » compléteront ce programme en jouant Haydn, Williencourt et Yuko Uebayashi. Emmanuelle Haïm et les solistes du Chœur et de l’Orchestre du Concert d’Astrée proposeront le 7 février un programme constitué par un choix de Madrigaux de Monteverdi extraits du Livre VII « Concertato » de 1619 et du Livre VIII « Madrigali guerrieri e amorosi » de 1638. Pierre Cao dirigera le Concerto Köln le 12, pour une exécution de la Messe en si de Bach, avec en solistes Sybilla Rubens, Britta Schwarz, Markus Schäfer et Klaus Mertens. Puis le 13, la jeune et fougueuse Elina Garanca en compagnie de l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam viendra spécialement offrir aux Parisiens une sélection de Folksongs signés Berio supervisées par Mariss Jansons qui dirigera également des pages de Berlioz et de Dvorak. Petite rareté haendelienne le 17, avec une version concertante du Riccardo primo, ré d’Inghilterra (1727) défendue par Paul Goodwin et les forces du Kammerorchester Basel et les interprètes suivants : Lawrence Zazzo (Riccardo), Geraldine McGreevy (Pulcheria), Nuria Rial (Costanza), Tim Mead (Oronte), James Gilchrist (Berardo) et Andrew Forster-Williams (Isacio). Concert de l’Ensemble Orchestral de Paris, le 20, avec un programme Haydn, Steven MacKey et Stravinsky dirigé par Thierry Fischer avec la soprano Marjorie Muray, le ténor James Gilchrist et la basse Detlef Roth.
L’événement lyrique aura forcément lieu à la Bastille, où sera monté l’opéra en 5 actes de Jacques Fromenthal Halévy, La juive, sur un livret d’Eugène Scribe, composé en 1835. La production est signée Pierre Audi, la direction confiée à Daniel Oren, avec dans les rôles principaux Annick Massis (Eudoxie), pour ses vrais débuts à l’Opéra National de Paris, enfin, le retour de la sculpturale italienne Anna Caterina Antonacci (Rachel), Neil Schicoff et Chris Merritt en alternance (Eleazar), Kwangchul Youn et Ferruccio Furlanetto (de Brogni), pour 10 représentations que nous espérons exceptionnelles, réparties entre le 16 février et le 20 mars.
Point d’opéra en février au Châtelet, qui ouvre en revanche grand les bras à Juliette Greco (du 13 au 17) pour fêter en chansons ses quatre-vingt ans et à la danse, avec la présence dans ses murs de l’American Ballet Theatre (du 6 au 11), qui alternera diverses pièces telles que La Bayadère, Dark Elegies, Rodeo, Symphonie concertante de Balanchine, The Green Table, In the Upper Room et Drink to me only with thines eyes.
Pleyel poursuit sa belle et fructueuse programmation musicale avec plusieurs rendez-vous attractifs : programme russe le 2 proposé par le Philharmonique de Radio France et Mikhail Agrest avec la mezzo Olga Borodina, puis le 9 place à la musique française (Ravel, Poulenc, Auric, Schmitt et Milhaud) interprétée par Patricia Petibon, Valérie Gabail, Jean Delescluse, Nicolas Rivenq et Christophe Fel, placés sous la direction de Kazuchi Ono. Version de concert mise en espace par Alain Garichot le 10 du Vaisseau fantôme de Wagner confiée au chef Oswald Sallaberger à la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Rouen avec Matthew Best (Hollandais), Manon Feubel (Senta), Patrick Simper (Daland), Stephan Rügamer (Eric) et Anne Salvan (Mary). Le 13, l’Orchestre Colonne conduit par Laurent Petitgirard jouera Christian Lauba, Debussy, Stravinsky et Rachmaninov avec le baryton Marin Habela. A ne pas manquer enfin, la présence à Paris de John Eliot Gardiner les 16 et 17, avec l’English Baroque Soloists et le Monteverdi Choir, pour une exécution de Castor et Pollux de Rameau (version de 1757) avec Anders Dahlin (Castor) et Laurent Naouri (Pollux).
La cité de la musique programme le 3 février un concert assuré par l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg dirigé par Emmanuel Krivine avec la mezzo Sophie Koch (D’Indy, Ravel, Chausson et Debussy). Peter Eötvös dirigera le 9 l’EIC, en compagnie de Christian Miedl pour une soirée dédiée à Hugues Dufourt (La Tempesta) et Eötvös (Atlantis), tandis que John Eliot Gardiner, très présent à Paris, sera à l’honneur du 10 au 15, avec des rencontres, des projections d’opéras filmés et des concerts.
Rinaldo Alessandrini (clavecin et direction) et le Concerto Italiano prendront place au Théâtre de la Ville le samedi 3 février à 17h00, pour interpréter des duos et de trio avec continuo et chantés par Anna Simboli, Monica Piccinini et Furio Zanassi, suivis des suites pour clavecin de Haendel.

Vu et entendu : avec un ouvrage oublié de Bernstein, magnifiquement revisité par Robert Carsen et splendidement interprété, avec une mention spéciale pour l’impeccable Lambert Wilson, Candide, malgré les contestations qu’elle a suscitée, a transporté le Châtelet (15 décembre).

Ailleurs en France : Avignon ose un ouvrage injustement boudé par de nombreux programmateurs, Les Pêcheurs de perles de Bizet, avec un couple lyrique qui devrait relever haut la main ce joli défi musical, Patrizia Ciofi que l’on ne présente plus et le jeune ténor dont on parle beaucoup, Francesco Meli (23 et 25 février).

François Lesueur