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Théâtre de la Ville
Paris : “Songs from before“ et “Dance“

Le Ballet du Rhin présente deux ballets.

Article mis en ligne le juin 2010
dernière modification le 2 août 2010

par Stéphanie NEGRE

Disciple de Merce Cunningham, Lucinda Childs est une figure majeure de la danse contemporaine américaine. Depuis 1999, celle qui fut l’une des 13 Most beautiful woman d’Andy Warhol, collabore régulièrement avec le Ballet du Rhin. Du 14 au 17 avril 2010, le Théâtre de la Ville les accueille pour leur nouvelle création, Songs from before, et la reprise d’un ballet de 1979, Dance.

Dans un décor d’une grande sobriété, des stores noirs qui fractionnent la scène en plusieurs plans, les danseurs passent et repassent. Ils marchent plus ou moins vite, certains traversent la scène en quelques sauts, d’autres s’arrêtent... Ils se croisent, s’évitent. Parfois un danseur retient une danseuse et ils esquissent un pas de deux, toujours le même, puis reprennent leur trajet, dans le même sens ou chacun de leur coté. Les costumes, haut blanc, jupe ou pantalon noir, plongent les personnages dans l’anonymat tandis que la musique répétitive de Max Richter nous prive de repère.

Sans repère
Que se passe-t-il sur scène ? Les jeux de lumière et de position des lames des stores donnent la sensation du temps qui passe… Portée par la chorégraphie qui dégage une impression de raffinement et de légèreté, j’ai le sentiment d’être confrontée non à des êtres de chair mais à des esprits et leur passage sur scène me fait songer à l’essence de l’existence. Sur le fil du temps, nos aspirations nous font avancer. Les moments de solitude, points d’arrêt où l’on se retrouve face à soi-même, jalonnent notre parcours alors que les rencontres l’orientent. Notre sensibilité du moment, l’enthousiasme, la lassitude, influencent la perception de l’événement, de l’environnement. C’est ce que semblent dessiner les silhouettes de Songs from before. Avec sa chorégraphie fluide et raffinée, Lucinda Childs libère l’existence de tout repère narratif - temps, lieu et action - pour en extraire un absolu : la quintessence de l’existence.

« Songs from before »
Photo J.L. Tanghe

Superposition
Dance est une œuvre composée de deux entités : le ballet et la vidéo, réalisée par Sol LeWitt, du spectacle à sa création. Sur scène, les danseurs répètent les mêmes phrases chorégraphiques tandis que l’axe de la projection change. Il arrive que les danseurs soient seuls ou que la vidéo occupe tout le volume scénique puis, de nouveau, réel et virtuel s’entremêlent, se superposent. La projection se dédouble, se démultiplie, jouant avec les interprètes comme les images de miroirs face à face. Le thème de Philip Glass se répète à l’infini, comme un écho à l’infinité de combinaisons possibles entre la chorégraphie sur scène, les séquences de la vidéo et la technique de projection. A certains moments, arrivés au terme d’une séquence, danseurs et film s’arrêtent, arrêt sur image pour repartir de plus belle. Jeu entre réel et virtuel, entre vie et image, Dance flirte avec la tentation de l’œuvre sans fin, le vertige de l’infini.

Stéphanie Nègre