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Jeu de Paume, Paris
Paris : Robert Frank & Sophie Ristelhueber

Le Jeu de Paume rend hommage au photographe Robert Frank, et expose également le travail de Sophie Ristelhueber.

Article mis en ligne le mars 2009
dernière modification le 19 avril 2009

par Sophie EIGENMANN

Photographe des années 50-60, spécialisé dans l’image de la rue, Robert Frank porte un regard aigu sur ses contemporains. Entre Paris et les Etats-Unis, le Jeu de Paume rend hommage au grand artiste né en 1924 à Zürich et exposé jusqu’au 22 mars à Paris.

« Lorsque les gens regardent mes photos, je voudrais qu’ils éprouvent la même chose que quand ils ont envie de relire les vers d’un poème ».
Robert Frank

Paris
Présentées pour la première fois au Museum Folkwand de Essen (Allemagne) en 2008, ces 79 photographies ont été prises à Paris entre 1949 et 1952.
Robert Frank explique qu’après avoir travaillé aux Etats-Unis, il a eu le désir de renouer avec l’Ancien Monde représenté à ses yeux par Paris. Le résultat est parlant : une multitude d’instantanés dans lesquels on découvre déjà le regard de flâneur professionnel ; des photos marquées par l’ambiance de l’après-guerre et par une certaine mélancolique.

Les Américains
Réalisée grâce à une bourse de la Guggenheim Foundation de New York, cette série sort en 1958. Sans programme et muni de son fidèle Leica, Robert Frank a fait quelques excursions au départ de New York et un voyage de neuf mois sur la côte Ouest. Pour réaliser ces 83 épreuves, le photographe aura utilisé plus de 700 pellicules. Hors des schémas classiques, Robert Frank montre une autre Amérique. Il utilise le flou, décentre son sujet et propose une esthétique nouvelle, vivante. Dans ces photographies à la fois directes et représentatives d’une époque, l’artiste exprime une sensibilité, un amour des gens et de la rue. Ovationné par Jack Kerouac, qui en signe l’introduction, ce livre influença des générations de photographes. Voir les photographies de Robert Frank est une expérience forte. Chaque image exprime une vraie et simple humanité. On entend les bruits de la rue, on pénètre dans les pensées des personnages car ce qui est transmis ici par la pellicule est universel. Robert Frank touche juste et cinquante ans plus tard la magie continue à opérer et l’expressivité à régner. Une photographie qui résonne !
« Il a photographié avec agilité, sens du mystère, génie et avec tristesse et l’étrange discrétion d’une ombre, des scènes qu’on n’avait encore jamais vues sur la pellicule ». Jack Kerouac
Suite au succès des Américains, Robert Frank s’est essayé au cinéma. Le Jeu de Paume propose également de découvrir son travail avec Pull My Daisy (1959) et True Story (2004). Ces deux films entre document autobiographique et recherche formelle et classés dans la catégorie expérimentale, cherchent avant tout à exprimer une vérité simple.

Sophie Ristelhueber
Egalement présente au Jeu de Paume jusqu’au 22 mars, l’artiste Sophie Ristelhueber expose un travail éclectique. Née en 1947 à Paris, elle travaille depuis les années 80 particulièrement sur le déplacement de la pratique de la photographie documentaire vers l’artistique, le poétique ou l’esthétique.
Sophie Ristelhueber part sur le terrain et revient avec des images de Beyrouth, d’Irak, d’Israël et de Palestine. Elle insiste sur les blessures de la matière : un stade dévasté, un territoire traversé de tranchées, une route barrée, une peau striée de cicatrices, des palmiers brûlés. On ressent dans sa photographie une sensibilité proche de la terre, concrète. Sophie Ristelhueber sculpte avec sa pellicule. « Sans doute, comme artiste, suis-je moi aussi en guerre » explique-t-elle. Elle garde pourtant une distance avec la violence des hommes : celle de l’esthétique. Cette approche protège la sensibilité du visiteur mais l’amène aussi à s’approcher, à se poser des questions et finalement à s’impliquer davantage dans la réception de l’image.
Autre atmosphère, Sophie Ristelhueber propose aussi des installations. Plus ludiques, elles touchent à l’enfance par le biais du montage photo, à une exploration de la nature, à un travail photographique et sonore réalisé avec Michel Piccoli. Cette variété de proposition, de format, de sujet, de regard, donne à cette exposition une vibrante densité.

Sophie Eigenmann

Au Jeu de Paume, 1, place de la Concorde, 75008 Paris