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Musée du Luxembourg à Paris
Paris, musée du Luxembourg : Maurice de Vlaminck

Evénement au musée du Luxembourg avec cette rétrospective flamboyante consacrée à Maurice de Vlaminck.

Article mis en ligne le avril 2008
dernière modification le 20 juillet 2008

par Régine KOPP

Evénement au musée du Luxembourg à Paris avec cette exposition de soixante-dix tableaux, consacrée à Maurice de Vlaminck (1876-1958) et organisée par Maïté Vallès-Bled, auteur également du catalogue raisonné de l’œuvre de l’artiste. Hommage qui n’avait pas été rendu dans la capitale depuis cinquante ans à cet artiste phare du fauvisme, une expérience plus qu’un mouvement, partagée par Derain, Matisse, Manguin et Marquet.

Le terme de fauvisme inventé par le critique Louis Vauxcelles, lors de l’exposition du Salon d’automne de 1905, regroupe tous ces artistes qui font exploser la couleur sur la toile, se laissant aller à une « débauche orgiaque de couleurs  ». C’est précisément la période fauve que nous montre l’exposition, de 1905 à 1915, offrant un accrochage dans lequel le visiteur peut aussi suivre le jeu des influences auxquelles Vlaminck a été soumis – Van Gogh, Cézanne, les cubistes – et qui pose la question des fluctuations de style dans l’œuvre de Vlaminck.

Couleurs pures
L’artiste se veut anarchiste, mais c’est un marginal et surtout un autodidacte qui, avant de faire de la peinture son gagne-pain, gagne sa vie en donnant des cours de violon ou en faisant des courses de vélo. Voyant l’exposition Van Gogh chez Bernheim en 1901, il est bouleversé. «  Je compris que j’aimais Van Gogh plus que mon père », s’écriera-t-il. Sa carrière commence en réalité en 1900, lorsqu’il rencontre André Derain avec qui il loue un atelier à Chatou, ce lieu de prédilection des impressionnistes et qui deviendra le foyer le plus actif des fauves.
Contrairement à son ami Derain qui rejoindra l’été 1905 Matisse à Collioure, Vlaminck ne quittera jamais les bords de Seine. En 1900, il a 24 ans. Son credo esthétique passe par l’affirmation des couleurs pures qu’il pousse au maximum de leur intensité, soumettant son pinceau à une gestuelle impétueuse.
Les premiers tableaux de l’exposition, antérieurs au fauvisme, datent de cette époque et témoignent déjà de cette relation instinctive à la matière : L’Homme à la pipe (1900) et surtout Sur le zinc (1900) qui frappe par les traits outranciers et rappelle la manière de peindre des expressionnistes. Le visiteur s’arrêtera ensuite sur les années 1905. Il y a d’abord toute une série de paysages, Le Pont de Chatou, La Châtaigneraie à Chatou, Le pont de la Seine au Pecq, avec les mêmes caractéristiques : « je haussais les tons, je transposais dans une orchestration de couleurs pures tous les sentiments qui m’étaient perceptibles  ».Dans Le Cultivateur (1905) se lit l’influence de Van Gogh dont il reprend la touche saccadée, une touche en virgule qui donne le mouvement à la toile. La violence plastique est encore davantage soulignée dans les deux toiles représentant une danseuse de cabaret, La Fille du rat mort (1905) ou le Portrait de la femme au chien (1906) : «  je voulais faire des portraits vrais comme des paysages vivants, des paysages humains, tristes ou beaux, avec toutes leurs tares, leur grâce indigente ou crasseuse ».

Simplification des formes
C’est à ce moment-là que le marchand Ambroise Vollard le remarque et lui achète sa production. Comme nombre d’artistes de sa génération, il admire les impressionnistes mais sera davantage bouleversé par Cézanne dont il voit les œuvres au Salon d’automne de 1904 puis en 1907.
Après 1907, Vlaminck – comme Derain – renonce aux couleurs crues et cherche à se rapprocher du style de Cézanne. Il se tourne vers d’autres principes de construction, explore les volumes, structure les formes. Vlaminck associe des formes géométriques à ses compositions colorées : Maisons et arbres (1907), Bourg (1909) ou Les Toits rouges (1912). Toutes ces oeuvres révèlent l’influence cézanienne et affirment les recherches de Vlaminck vers la simplification des formes, qui marquera le début du cubisme. Si ce sont les paysages qui intéressent les Fauves, Vlaminck choisit aussi de peindre des natures mortes, dont plusieurs ont pu être réunies dans l’exposition : les unes encore à l’éclat forcé , les autres comme Nature morte au couteau (1910) ou Le Compotier (1909) nous rappellent celles peintes par Picasso ou Braque.

C’est dans un bistrot d’Argenteuil que Vlaminck découvre des pièces africaines qu’il achètera. Un choc émotionnel qu’il partagera avec Derain. On sait combien l’art primitif a inspiré les cubistes mais il suffit de s’ arrêter un moment devant Les Baigneuses (1907/08) de Vlaminck, pour être convaincu de cette influence. Vlaminck entretient cependant une relation ambiguë avec le cubisme, trop abstrait à son goût. Son style pourtant entre 1907 et 1910 s’y apparente et ses amitiés témoignent d’une affinité esthétique évidente avec ce courant, comme le montrent des toiles comme Paysage urbain (1909), Village à l’église (1910), Vins, liqueurs (1910). C’est sur cette période cubiste que prend fin le parcours : Paysages urbains (1915), Puteaux (1915) ou Rue de Village (1914).
Pionnier du fauvisme, Vlaminck ne rejoindra cependant pas les futurs cubistes. Préférant ne pas s’éloigner du réel, il se répétera avec ses paysages, « en se servant des couleurs pour arrêter le film du temps ».

Régine Kopp

Musée du Luxembourg, jusqu’au 20 juillet.