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Théâtre de l’Odéon, Paris
Paris : “La Petite Catherine de Heilbronn “
Article mis en ligne le février 2008
dernière modification le 2 février 2008

par Ann SCHONENBERG

C’est avec La Petite Catherine de Heilbronn d’Heinrich von Kleist que André Engel vient nous enchanter en ce début d’année aux Ateliers Berthier à Paris. A voir jusqu’au 23 février.

Après un magnifique Roi Lear, André Engel nous entraîne dans une folle aventure, celle de Catherine, simple fille d’armurier qui, du jour au lendemain, quitte son père et sa raison pour le Comte von Strahl. A travers cette intrigue explosive, deux univers s’enchevêtrent. Celui de la femme-enfant pure et naïve et celui du vaillant et violent chevalier. Le monde du rêve s’oppose à celui de la réalité. Mais cet homme et cette femme que tout sépare ne forment pourtant qu’un même puzzle. Ainsi Engel retourne vers son thème de prédilection qu’il ne cesse d’approfondir, celui du couple et de sa composition, avec dans les rôles-titres Julie-Marie Parmentier (Catherine) et Jérôme Kircher (le Comte von Strahl) qui interprétaient déjà les principaux personnages du Jugement Dernier d’Horvath, crée en 2003.

La pièce débute sur une scène de tribunal secret où Théobald (Fred Ulysse), le père de la petite Catherine, accuse le Comte de sorcellerie. Selon lui, il aurait séduit sa fille avec l’aide d’une puissance surnaturelle. Le puzzle est alors morcelé. Et c’est dans un élan d’attraction-répulsion que Catherine et le Comte se côtoient. Puis récupérée par son père, Catherine semble retourner à la raison. Mais les rêves en décideront autrement.

La Petite Catherine de Heilbron
avec Jérôme Kircher (le Comte von Strahl), et Julie-Marie Parmentier (Catherine). Crédit Richard Schroeder

Dès l’entrée en salle, le spectateur est immergé dans un au-delà, dans un monde onirique. La brume épaisse hante les lieux, les décors se dessinent et des ruines apparaissent. L’incroyable scénographie de Nicky Rieti est une fois de plus très cinématographique. Comme dans une boîte à musique, les décors se meuvent, s’emboîtent à l’image des comédiens sur un fond de musique de conte de fée. La mise en scène de Engel appuie le côté fantastique du texte. Mais tout est dans le contraste car la musique féerique et les chants d’oiseaux se noient rapidement dans des bruits de voitures. Tout rappelle cette opposition qui existe entre Catherine et le Comte.

Face à Catherine, l’enfantine Julie-Marie Parmentier, apparaît l’icône Anna Mouglalis. En étonnante Cunégonde, elle s’amuse à jouer les pimbêches. S’ajoutent entre autres à cette belle distribution, Tom Novembre en Gottschalk, Gilles Kneusé en Fribourg et Jean-Claude Jay en Empereur. André Engel et ses fabuleux comédiens donnent une belle lecture de La Petite Catherine et nous font vivre un rêve éveillé !

Ann Schonenberg