Arts-Scènes
Slogan du site

Cinéma Danse Expositions Musique Opéra Spectacles Théâtre

Chronique des concerts parisiens
Paris : Chronique des concerts No. 226

Une rentrée pleine de bruit et fureur...

Article mis en ligne le octobre 2010
dernière modification le 24 janvier 2011

par David VERDIER

L’ouverture de la saison parisienne est l’occasion de placer le "cas Mahler" au centre d’une réflexion entre l’abondance et nuisance : une 9e symphonie par trois fois (!) à Pleyel, trois intégrales en cours (Gergiev, Maazel, Gatti), sans compter les nombreuses symphonies isolées…

A quelques jours du centième anniversaire (1910) de la symphonie n°8 ("des mille"), Valery Gergiev ouvrait son cycle avec cette redoutable partition.

Valery Gergiev
© Mark Shapiro

Rarement, la salle Pleyel avait semblé aussi exiguë mais ce qui est un défi pour le régisseur ne semblait pas impressionner le chef russe. Dans la première partie, le Veni Creator est asséné assez brutalement par un chœur dont les voix saturent fréquemment dans les aigus (peu aidés il est vrai par l’acoustique rebelle du lieu et les timbres rugueux de l’orchestre Mariinsky). La battue intuitive et rustique de Gergiev substitue le métal sonore à l’expression sentimentale. Chez lui, l’élément injonctif est littéral, jusque dans les passages les plus oniriques de la seconde partie. Au bout du compte, on a du mal à croire que l’Eternel féminin nous hisse vers le haut - en tous cas et des solistes avec un accent idoine et moins prosaïques d’intonation.

Changement de style deux jours plus tard avec l’orchestre de Radio-France et François-Xavier Roth, chef badin, avec rebonds et grandes boucles aériennes de la main gauche.
L’Ouverture, scherzo et finale de Schumann fait les frais de cette battue floue et allusive qui souligne excessivement les notes pointées. C’est primesautier mais, paradoxalement, il ne se passe rien. Rien non plus dans une Rhapsodie pour contralto bien terne, malgré la voix touchante de Nathalie Stutzmann, trop exposée, et des absences dans le registre grave. Le Chant des Parques est sauvé par le chœur mais l’orchestre est décidément trop léger, sans vibrato et n’offrant pas qu’une réponse lacunaire aux inflexions des voix. La rare Sinfonietta de Zemlinski convient mieux à cette lecture alanguie, tout en touffeurs baroques… mais le résultat n’excède pas la simple mise en place.

François-Xavier Roth
© Céline Gaudier

Retour à Mahler avec la 2e symphonie, donnée au Théâtre des Champs-Elysées par Yannick Néguet-Séguin à la tête de l’orchestre de Rotterdam. Ici, le geste est énergique et tend irrésistiblement à une brillance massive dans les moments de tension. Le jeune chef recourt à plusieurs reprises au bruit blanc, disproportionné par rapport à la salle et aux moyens techniques des musiciens. Malgré une petite harmonie plus qu’approximative et des cuivres bien fragiles, on reste subjugué par tant d’enthousiasme et un magnifique Collegium Vocale qui nous détourne des purs effets dynamiques pour imposer une vision grandiose.

David Verdier