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Théâtre national de Chaillot, Paris
Paris, Chaillot : “Sutra“

Œuvre très personnelle, Sutra conte une étape du cheminement spirituel du chorégraphe.

Article mis en ligne le novembre 2009
dernière modification le 14 décembre 2009

par Stéphanie NEGRE

Fasciné par Bruce Lee depuis son enfance, Sidi Larbi Cherkaoui s’est toujours intéressé aux arts martiaux et aux cultures extrêmes orientales. En 2007, à l’occasion d’un voyage dans la Chine profonde, il découvre le temple Shaolin et rencontre ses moines soldats qui pratiquent le kung fu.

Le rideau se lève sur dix-sept moines Shaolin et autant de boîtes en bois. Seul, devant une table où sont disposées les répliques miniatures de ces boites avec dans un coin, isolée, une petite boite grise, Sidi Larbi Cherkaoui. Seul, il ne le reste pas longtemps car un jeune novice d’une dizaine d’année va le rejoindre. Ensemble, ils vont assister et tenter de comprendre, pour l’occidental, et de participer, pour le moinillon, aux scènes exécutées par les moines qui se succèdent et qui sont autant de paraboles, de sutras, ces sermons et aphorismes édictés par Bouddha, au cœur de la philosophie du monastère.

« Sutra »
photo Hugo Glendinnin

Les boîtes font figure d’abris, de cercueils dans lesquels les danseurs se dissimulent ; elles permettent aussi des constructions savantes telles des labyrinthes qui organisent l’espace en fonction du propos. Les moines s’expriment avec des mouvements issus du kung fu ; très attachés à la nature qui les entoure, ils imitent à certains moments avec une grande justesse les mouvements d’animaux tels que le singe, le tigre… Sidi Larbi Cherkaoui leur répond avec sa gestuelle contemporaine.

Les sutras sont d’un haut niveau spirituel et abordent les thèmes de l’humilité, de l’apprentissage, de la recherche de l’équilibre personnel avec le monde et la nature. Il est parfois difficile d’en saisir le sens. Dans ces moments-là, la musique de Simon Brzoska, œuvre pour violon, violoncelle, piano et percussion, et l’austérité de la scénographie d’Antony Gormley, toute en nuances de blanc, gris et bois naturels, créent une ambiance propice à la méditation. Le ballet s’achève sur la scène du début, Sidi Larbi Cherkaoui devant une table ; désormais la petite boîte grise est au milieu de ses petites sœurs en bois, symbole heureux de l’acceptation par les moines de l’étranger en leur sein.

Œuvre très personnelle, Sutra conte une étape du cheminement spirituel de son auteur ; œuvre trop personnelle, Sutra ne fait guère valoir que cela.

Stéphanie Nègre