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Théâtre national de Chaillot
Paris : “Blue Lady [revisited]“

A Chaillot, le danseur Tero Saarinen donne une nouvelle dimension à l’œuvre de Carolyn Carlson.

Article mis en ligne le mai 2010
dernière modification le 30 mai 2010

par Stéphanie NEGRE

Créé en 1983 à la Fenice à Venise, Blue lady est une des œuvres les plus intimes de Carolyn Carlson. Dans ce solo, elle exprime trois âges de la femme, l’éveil, la
maturité et la vieillesse. Après l’avoir dansé pendant plus de vingt ans sur les scènes du monde entier, elle le transmet à Jacky Berger, soliste de sa compagnie, et à Tero Saarinen, danseur et chorégraphe finlandais. C’est ce dernier qui interprète Blue Lady [revisited] au Théâtre national de Chaillot du 10 au 13 mars.

Tero Saarinen dans « Blue Lady [revisited] ».
Photo Anna Solé

Conçue par Carolyn Carlson après la naissance de son fils sur une musique de son compagnon, le compositeur René Aubry, Blue Lady est une œuvre extrêmement personnelle. Carolyn Carlson chorégraphie le parcours d’une femme et livre ses propres émotions sur la jeunesse, la découverte du monde, le fait de donner la vie à son tour, le déclin. Il se dégage de sa danse une grande énergie qu’elle teinte, au gré des circonstances de l’existence, d’humour ou de mélancolie. La nature, les éléments sont très présents dans l’œuvre avec le bruit des vagues rappelés par la musique, le ciel bleu et changeant du décor, la lumière du soleil avec laquelle jouent les persiennes du décor.

Prendre la suite de Carolyn Carlson pour incarner Blue Lady n’est pas une chose facile, l’œuvre étant si liée à son auteur, à son être et à son expérience de femme. Tero Saarinen se coule dans les robes du personnage avec conviction. Excellent interprète, il survole les difficultés techniques de la chorégraphie avec aisance. Ce n’est pas la première fois qu’un homme joue le rôle d’une femme sur scène et cela fonctionne souvent assez bien tant certains rôles sont au-dessus des questions de genre. Dans ce cas, l’interprétation de Tero Saarinen va au-delà de la justesse et de la crédibilité artistique, elle apporte une nouvelle dimension à l’œuvre. En effet, il la dégage de son identité sexuelle pour lui donner quelque chose d’absolu, le ressenti d’un être par rapport à son existence. Blue Lady est désormais prête pour vivre une seconde vie, plus universelle.

Stéphanie Nègre

« Blue Lady [revisited] » est programmé le 18 mai 2010 au Dôme à Albertville avec Jacky Berger et du 15 au 22 juin 2010 à la Maison de la danse de Lyon avec Tero Saarinen.