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Sur les scènes parisiennes
Festival d’Automne 2007

Aperçu de la 36° édition du Festival d’Automne à Paris.

Article mis en ligne le octobre 2007
dernière modification le 2 octobre 2007

par Régine KOPP

Cette 36° édition du Festival d’Automne à Paris réussit une programmation que ne renierait pas Michel Guy, le fondateur de cette manifestation, dont l’ambition était de sensibiliser le public français aux cultures étrangères, à l’heure où l’on ne parlait pas encore de globalisation.

Son successeur Alain Crombecque, de nature discrète, sauvage au dire de certains, fait preuve d’un professionnalisme basé sur une haute exigence artistique. La présence quotidienne dans les médias du Moyen-Orient a dû l’inciter à faire une large place aux artistes libanais, syrien, iranien ou égyptien. Sans visée exhaustive, cette programmation veut témoigner de la richesse artistique du Moyen-Orient, cherchant à nourrir un dialogue avec l’Europe.

Arts plastiques
Dans les arts plastiques, nous sommes conviés à un grand voyage européen. Il nous emmène tout d’abord en Russie avec Alexandre Pnomarev qui investit la Chapelle de la Salpêtrière (13.9-14.10) avec une installation monumentale, un périscope géant au milieu du chœur en hommage à Léonard de Vinci. Le voyage se poursuivra en Egypte, où l’artiste Hassan Khan, nous parle dans son œuvre du Caire, plaque tournante, gérant l’individu et la société dans une friction de matrices orientales et occidentales (19.10-18.11). Nous irons ensuite en Allemagne avec Anselm Kiefer auquel Le Louvre a donné carte blanche (25.10-7.12). Il choisit le concept de « Frontières » où s’entrecroiseront littérature, musique, danse, philosophie et histoire de l’art. Le voyage continue en Syrie avec Omar Amiralay, qui nous présente son travail cinématographique au Jeu de Paume (16.10-18.11), puis au Liban avec deux plasticiens et cinéastes Joana Hadjithomas et Khalil Joreige (10.11-9.12). Catherine David, directrice du projet international « Représentations arabes contemporaines » propose deux week-ends pour des rencontres sur l’état de la création artistique au Moyen-Orient.

Et balancez mes cendres sur Mickey © Christian Berthelot

Théâtre
Au théâtre, on retrouve les noms de metteurs en scène, liés depuis toujours au festival : Christoph Marthaler met en scène Légendes de la forêt viennoise de von Horvàth (4,5,6 octobre), Claude Régy choisit la pièce du dramaturge norvégien Arne Lygre, Homme sans but (27.9-10.11) et Luc Bondy retrouve Marivaux dans La Seconde Surprise de l’amour , servi par une nouvelle génération de comédiens (10.11-7.12) ; une coproduction avec le Théâtre Vidy-Lausanne. Avec La Veillée de Lars Noren, mis en scène par Pierre Maillet et Mélanie Leray, on retrouve un auteur norvégien dont la langue révèle impitoyablement la portée destructrice de nos névroses (17.9-20.10). Le théâtre de langue espagnole sera également bien représenté cette année. Enrique Diaz et la Companhia dos atores viennent du Brésil pour nous montrer un travail à partir de La Mouette de Tchekov, dans lequel Diaz s’affirme comme metteur en scène, sans cesser pour autant d’être acteur (12,13,14 octobre). Ricardo Bartis, comédien et metteur en scène argentin nous montre avec son spectacle De Mal en Peor , la difficulté d’appartenir à un pays meurtri par les années de dictature et d’oppression économique (16-21 octobre). Quant à Rodrigo Garcia, il s’en prend dans son spectacle intitulé Arrojad mis Cenizas sobre Mickey (Et balancez mes cendres sur Mickey), au formatage des individus auquel le totalitarisme-militaire ou économique- soumet nos corps et nos âmes (8-17.11). Mentionnons encore le spectacle de l’Iranien Amir Reza Koohestani, Recent experiences qui racontent l’épopée de gens ordinaires qui tentent d’échapper à l’usure du quotidien (8-18.11).

Musique contemporaine
On connaît le mérite du Festival d’Automne pour familiariser le public avec la musique contemporaine. Cette édition fait une large place à la découverte d’œuvres nouvelles de compositeurs comme Jérôme Combier, Xavier Dayer, Jörg Widemann, Matthias Pintscher dont les œuvres viennent non seulement questionner la distance entre tradition et avant-garde, mais aussi témoigner d’un travail aux limites de la forme. Pierre Boulez fidélise sa présence au Festival d’Automne, en dirigeant l’Ensemble Modern Orchestra, salle Pleyel (30.9). Le Quatuor Hagen concluera le cycle organisé avec l’Auditorium du Louvre autour du thème de la frontière, en confrontant deux partitions pour quintette avec clarinette, écrites à plus de deux ans d’intervalle (23.11). L’Ensemble contemporain avec sa cheffe Susanna Mälkki sera aussi au rendez-vous avec des œuvres de Donatoni, Combier et Sciarrino (26.10). Et, nous retrouverons, à la tête de l’orchestre SWR, le chef Sylvain Cambreling qui dirigera Le Sacre du printemps de Stravinsky, Désert de Varèse mais aussi des œuvres de Jörg Widmann (25.11). A l’Amphithéâtre de la Bastille, trois concerts (13.10) donneront l’occasion de découvrir des compositeurs en provenance du Moyen-Orient, et dont l’écriture musicale est marquée par le problème de la frontière orient-occident.

Danse
Dans le domaine chorégraphique, les stars souvent familières du Festival d’automne côtoieront de jeunes chorégraphes débordant d’inventivité. On retrouvera Merce Cunningham et sa dance Company (4-9.12), Mathilde Monnier (9-13.10), Meg Stuart (24.10-2.11) et Robyn Orlin (6-8.12).
Du côté des découvertes, il y a Rachid Ouramdane, qui allant à la rencontre des habitants et constatant l’importance du sport ,a créé un spectacle avec des adolescents sportifs (5-27.10). Figure à part, le danseur et chorégraphe Emmanuel Gat place les œuvres musicales au cœur de son travail avec la compagnie qu’il a fondée en 2004, au sud de Jérusalem (25-26.10). Avec And Then, la chorégraphe hongroise Eszter Salamon s’interroge sur les origines de son langage dansé et de son parcours chorégraphique (7-10.11). L’Allemand Raimund Hoghe, ancien dramaturge de Pina Bausch s’inspire du Boléro de Ravel et nous livre une autre dimension de cette danse espagnole (21-24.11). Après avoir dansé pour Régine Chopinot ou Daniel Larrieu, Alain Buffard a développé sa propre recherche chorégraphique, en se référant à la comédie musicale hollywoodienne (12-15.12).

Si la météo de l’automne devait nous donner un avant-goût de l’hiver, en nous apportant pluie et grisaille, il ne reste qu’à nous réfugier dans les salles de spectacles du Festival d’Automne où les arts plastiques et visuels nous réchaufferont le cœur.

Régine Kopp