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En marge de L’Etoile au Grand Théâtre de Genève
Entretien : Marie-Claude Chappuis

Marie-Claude Chappuis se dit ravie de participer à l’événement que constituent les représentations de l’Etoile au Grand Théâtre.

Article mis en ligne le décembre 2009
dernière modification le 21 janvier 2010

par Anouk MOLENDIJK

Quelques mots échangés avec la mezzo-soprano fribourgeoise Marie-Claude Chappuis lui suffisent pour témoigner sa joie et l’amour de son art. Au Grand Théâtre de Genève, on pourra l’admirer en jeune premier Lazuli, dans L’Etoile de Chabrier, sous la direction de Jean-Yves Ossonce et dans la mise en scène de Jérôme Savary.

Nous sommes à quelques jours de la première de l’Etoile ; comment vous sentez-vous ?
Très bien ! C’est une époque dense car tout doit se mettre en place, les derniers détails doivent être réglés tant aux niveaux techniques, musicaux, qu’au niveau des aspects scéniques, des maquillages, costumes et décors. Cette période est stressante bien sûr, mais aussi magnifique, car on voit quelque chose qui naît au monde. J’ai déjà chanté ce rôle sur scène, ce qui est évidemment un élément rassurant. Cela me permet d’avoir une plus grande disponibilité, une liberté dans le jeu, mais comme c’est toujours une responsabilité importante d’assurer un rôle de cette ampleur, le trac demeure.

La présence de l’Etoile dans la programmation de cette saison du Grand Théâtre de Genève constitue un événement. Quelles sont vos impressions sur cette œuvre originale et méconnue ?
Je trouve que c’est un bijou. Elle permet de montrer le monde de l’opéra, et de l’aimer à travers un genre très simple et plaisant pour l’oreille mais à la fois exigeant. C’est un opéra qui a le côté léger de l’opérette. On peut lire cette œuvre à plusieurs niveaux, ce qui est très intéressant. Le public jeune et moins jeune y trouve de l’émotion, de l’amusement. On est dans le rêve… D’ailleurs, mes nièces qui l’avaient vue à Zürich veulent revenir la voir !

« L’Etoile » de Chabrier selon Jérôme Savary
Photo Magali Dougados

Comment pourriez-vous définir le rôle de Lazuli que vous interprétez ?
Ce jeune homme, qui est le personnage central de l’œuvre, est romantique, très vif, espiègle, follement amoureux de la princesse Laoula. Il est honnête et pur. Ça rajeunit de jouer un rôle comme ça ! Lui aussi est du côté du rêve, de l’enfance.

Ce rôle demande une tessiture étendue et flexible, naviguant entre des notes de contralto, une écriture centrale, et presque des aigus de soprano. Comment abordez-vous ces difficultés ?
Vocalement ce rôle demande énormément de flexibilité. Ce n’est pas qu’une question de tessiture, même si celle-ci est très étendue : il y a différentes écritures vocales. Le premier air est semblable à du Puccini, puis on trouve aussi un air dans le style de la chanson… Il faut pouvoir assumer ces grandes différences de style. Le fait que j’ai abordé beaucoup de genres musicaux, du baroque au contemporain, est un plus pour l’interprétation de ce rôle, qui permet à ma voix de se balader dans tous les registres.

Comment travaillez-vous le jeu scénique pour aborder ce personnage ?
Comme pour tous les rôles, je trouve qu’il faut rentrer dans le personnage, et que c’est lui qui nous guide dans le travail théâtral. J’essaie d’entrer dans chaque rôle que j’aborde et d’y rester pendant toute la soirée, comme s’il m’inspirait pour l’interprétation. Là, on est très bien guidé par Jérôme Savary. Nous faisons un travail extraordinaire avec lui, il nous donne de nombreuses clés d’interprétation.

En temps que mezzo-soprano, vous avez dû interpréter des rôles de travestis, comme Sesto, Idamante, et maintenant Lazuli. Comment faites-vous pour jouer ces rôles ? Préexiste-t-il dans votre imaginaire un type masculin qui réapparaît dans chacune de vos interprétations ?
En entrant dans le personnage, que ça soit une femme ou un homme, on trouve ses habitudes. Je ne cherche pas à marquer absolument l’homme, mais j’essaie plutôt de trouver les aspects de la jeunesse, de la mobilité, des touches enfantines… Ce n’est pas plus difficile d’interpréter un garçon qu’une fille.

Vous avez mentionné Jérôme Savary, qui est le metteur en scène de cette production de l’Etoile. Comment se passe votre collaboration ?
Excellente, j’ai un plaisir énorme à travailler avec lui. J’ai rarement autant ri dans la préparation d’un spectacle ! C’est quelqu’un de très professionnel, à l’écoute, aimant. C’est un vrai bonheur ! Je trouverais le métier beaucoup plus facile si on côtoyait toujours des gens aussi respectueux et brillants, c’est merveilleux.

Comment percevez-vous sa mise en scène ?
Ce que j’aime beaucoup, c’est qu’il foisonne d’idées et les laisse sortir. C’est palpitant. Rien n’est censuré, tout est fluide, on est dans une création vibrante et généreuse, et je trouve ses idées extraordinaires. On entre dans un monde du rêve qui fait tant de bien. On est dans l’univers du grand spectacle, comme le cirque, les costumes et les décors sont beaux, les idées riches…

Marie-Claude Chappuis

Le public genevois a souvent pu vous voir ces dernières années, notamment en sœur de la Didon d’Anne-Sofie Von Otter dans les Troyens, et en bouleversante Nelly dans Conversations à Rechlin. Quelle est la place du Grand Théâtre de Genève dans votre carrière ?
J’ai eu beaucoup de chance d’être souvent invitée sur la scène de Neuve et celle du BFM, sur laquelle j’ai fait des Monteverdi et plus récemment Conversations à Rechlin. J’en suis très honorée, c’est l’une des meilleures scènes européennes, et j’ai pu y évoluer.

Quelques mots sur vos projets ?
Je serai Idamante à Zürich sous la direction de Nicolas Harnoncourt en février-mars 2010, il y aura la Finta Giardiniera avec René Jacobs au Theater an der Wien et en tournée européenne, la Calisto aux Champs Elysées avec Christophe Rousset, et je ferai aussi des concerts, dont l’Oratorio de Noël de Bach au Theater an der Wien.

Propos recueillis par Anouk Molendijk

« L’Etoile », de Chabrier, dir. Jean-Yves Ossonce, m.e.s Jérôme Savary, décors et costumes Ezio Toffolutti, les 4, 6, 9, 11 et 13, 15 novembre et les 23, 27, 29, 31 décembre.