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Galerie Guy Bärtschi, Genève
Genève : Cory Arcangel

Regards sur l’œuvre de l’artiste américain Cory Arcangel, exposée à la galerie Bärtschi.

Article mis en ligne le mai 2007
dernière modification le 15 juillet 2007

par Françoise-Hélène BROU

L’exposition de la Galerie Bärtschi nous plonge dans l’univers technologique et informatique des jeux, de la musique, de la vidéo et de leurs prolongements ou déclinaisons sur Internet. Une approche qui retrace l’histoire de la
révolution électronique dans la sphère de ses applications domestiques tout
en mettant en évidence les liens entre technologie et culture.

Né en 1978 à Buffalo, Cory Arcangel vit et travaille actuellement à New York. Il a terminé ses études en musique au Oberlin Conservatory en 2000. L’artiste américain crée son langage visuel à partir des images produites par les technologies informatiques datant des années 1970 et 1980, en particulier celles des jeux vidéo mis au point par Commodore, Atari et Nintendo, bien connus des générations de ces années-là.

Le travail d’Arcangel consiste à « pirater » et détourner l’imagerie des jeux primitifs pour les transformer et les remanier à son goût. Il démontre ainsi que dans l’univers impersonnel et intangible de ces technologies, il subsiste des moyens d’action propres à recréer de l’image à valeur artisanale, à pratiquer du travail manuel et personnel. Cependant le propos de Cory Arcangel va plus loin que le simple jeu de détournement technologique. Ses créations définissent à la fois un nouveau paysage de l’imagerie informatique mais instruisent également le spectateur sur le mode d’appliquer artistiquement ces nouveaux outils à des questions d’esthétique musicale et visuelle.

Sa démarche s’accompagne en outre d’une dimension de réflexion sociale, car les matériaux qu’il utilise, objets matériels ou virtuels, font partie des biens de consommation les plus universellement répandus et sont liés à des fonctions de statut et de représentation de l’individu dans la société. Il n’est plus à démontrer aujourd’hui que le pouvoir de ces produits hautement industrialisés sert à construire une large part de notre identité. Aussi l’artiste en modifiant leurs contenus et finalités désacralise-t-il leur toute puissance économique et symbolique tout en ouvrant une brèche sur un champ de partage et d’échange librement consenti de ces supports électroniques.

Les œuvres de Cory Arcangel tracent des axes de convergence et de complémentarité entre musique, arts visuels, technologie électronique et informatique. A les découvrir, on comprend mieux la prégnance historique de ces médiums dans notre environnement perceptif contemporain, mais surtout elles mettent en lumière les possibilités d’envisager ces objets dans un acte de création culturel personnalisé, ouvert et interactif.

Françoise-Hélène Brou

Cory Arcangel. Jusqu’au 18 mai 2007, Galerie Guy Bärtschi, 3 a Rue du Vieux-Billard, Genève.
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