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Notule DVD - SM 192

DVD : L’Orfeo de Monteverdi.

Article mis en ligne le février 2007
dernière modification le 21 janvier 2008

par Eric POUSAZ

Juste pour Noël, la version filmée d’une des plus belles interprétations qui se puisse imaginer de L’Orfeo de Monteverdi montée au théâtre de La Monnaie à Bruxelles sous la direction de René Jacobs s’est enfin retrouvée dans les bacs des disquaires.

Monteverdi : L’Orfeo
Ce disque est l’exemple parfait de ce que le DVD peu apporter de plus à l’amateur d’opéra, à commencer par de passionnants commentaires et interviews rassemblés sur un deuxième disque vendu dans ce coffret. Même la représentation y gagne énormément : la mise en scène - on devrait écrire la mise en mouvement - du spectacle a été confiée à Trisha Brown dont la chorégraphie au ralenti donne à chaque geste une aura poétique qui met idéalement en valeur la musique. La caméra, toujours bien placée, nous permet de ne pas manquer un seul mouvement, un seul regard d’interprètes motivés comme rarement. Car tout concourt à donner au spectateur l’impression d’un art total dont les différentes composantes ne se dissocient plus l’une de l’autre. Lorsque l’exceptionnel Orfeo de Simon Keenlyside esquisse par exemple un port de bras ou un pas de danse, il ne devient pas danseur pour autant, mais incarne plutôt le mouvement musical tel que le chef le sculpte dans la fosse. De fait, il n’y a plus de rôles principaux ou épisodiques, d’effet théâtraux calculés ou de splendides éclairages. Chaque minute s’impose dans sa vérité première, dans son urgence dramatique, dans son essence musicale. On ne peut, bien sûr, passer sous silence les mérites du décorateur - le Suisse Roland Aeschlimann dont l’Iphigénie en Tauride de Gluck avec Eric Tappy au Grand Théâtre de Genève ou le Parsifal de Wagner sont encore dans toutes les mémoires ! - ou de l’éclairagiste Gerd Meier. On ne saurait oublier les mérites de Juanita Lascarro, une Eurydice émouvante de simplicité, ou de Graciela Didone, une Messagère vibrante, déchirée et déchirante dans sa prenante rencontre avec Orfeo ou encore le duo grandiose que forment Martina Dike et Tomas Tomasson en Proserpine et Pluton, tous deux d’une pudique réserve.
Et surtout on ne peut faire l’impasse sur la direction de René Jacobs qui respire avec ses chanteurs, les porte jusqu’au bout de leurs possibilités expressives, tout en tendant sous leurs pieds un tapis sonore aux couleurs chatoyantes d’une ductile souplesse. En fin de comte, c’est faire injure à la formidable cohésion de l’ensemble que de souligner à l’excès les mérites de tel ou tel membre de la distribution. On se contentera donc de dire que s’il ne fallait acheter qu’un DVD par semestre, cet Orfeo viendrait en première ligne sur la liste.

Eric Pousaz