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Au Grand Théâtre de Genève
Genève : Jeffrey Tate & “Ariane à Naxos“

Jeffrey Tate dirigera les représentations d’Ariane à Naxos données au Grand Théâtre.

Article mis en ligne le avril 2007
dernière modification le 1er juillet 2007

par Pierre JAQUET

Ariane à Naxos sera conduit par un chef qui traite l’instrument comme une voix et qui traite la voix comme un instrument !

Né le 28 avril 1943, à Salisbury, Jeffrey Tate endure dès sa naissance des troubles neurologiques qui vont déterminer la première partie de sa vie professionnelle. Celui qui va toujours souffrir du dos et devoir marcher avec une canne va tout d’abord entreprendre des études de médecine, comme pour prendre une revanche sur son destin. En 1969, il termine sa formation médicale, puis travaille à l’hôpital Saint-Thomas de Londres.
Pendant ses traitements à l’hôpital, le jeune Jeffrey réjouit ses camarades d’infortune en se produisant au piano. En parallèle avec ses études de médecine, il acquiert une formation musicale élargie. Très vite l’orchestre et les voix l’attirent : en 1970, Jeffrey Tate est engagé comme répétiteur au Royal Opera House. Les étapes s’enchaînent rapidement ainsi que les conseils et rencontres : Georg Solti à Londres, Herbert von Karajan à Salzburg, Pierre Boulez à Bayreuth et James Levine au Metropolitan Opera. En 1978, le musicien fait ses vrais débuts à l’opéra de Göteborg en dirigeant Carmen. On le trouve ensuite à l’affiche de nombreux et variés ouvrages dont nous ne citons que les premiers rendez-vous : Don Giovanni de Mozart au Metropolitan de New York en 1983, Parsifal à Nice, Ariane à Naxos à Paris en 1984, et la première représentation du Retour d’Ulysse de Monteverdi / Henze en 1985 au Festival de Salzbourg... Pour ce qui est des activités récentes, signalons que, depuis 2005, il est le responsable artistique du Teatro di San Carlo de Naples.
Mais le maestro anglais ne se limite pas au monde lyrique : en 1985, l’artiste est nommé chef principal de l’English Chamber Orchestra avec lequel il garde des contacts jusqu’à aujourd’hui. D’autres collaborations ont lieu, avec le Philharmonique de Rotterdam, l’Orchestre National de France, l’Orchestre des jeunes de la Communauté européenne...

Jeffey Tate, photo D.R.

Des disques en résonance
L’écoute des nombreux enregistrements permet d’apprécier aisément les qualités qui ont permis à Jeffrey Tate de s’imposer : globalement, il apparaît que les activités avec l’opéra d’une part, et avec l’univers symphonique d’autre part, se sont fécondées l’une l’autre.
Avec l’English Chamber Orchestra, le chef d’orchestre a abordé plusieurs des Symphonies Londoniennes. A l’écoute, ce sont les partitions d’un gentleman servies par un gentleman ! Le ton est très élégant, jamais agité, mais pas traînant pour autant ! Pour Jeffrey Tate, cette musique pourrait être celle d’un ballet – le tempo est souvent dansant - et sa baguette met en scène avec bonheur chacun des épisodes inventés par Joseph Haydn (Symphonies nos 94, 95 & 97 EMI 355678 2 et symphonies nos 100 & 103 3 72473 2]. Toujours avec la même formation britannique le conducteur s’est lancé dans un projet qui l’a occupé partiellement pendant presque vingt ans : la gravure de 51 (!) symphonies de Mozart. L’entreprise n’est pas celle d’un baroqueux, mais l’initiateur offre un bon exemple de ce que peut faire un bon orchestre de chambre avec des instruments modernes. Des amis des sons anciens, il a tout de même repris un équilibre qui sert mieux les vents. Mais surtout - et sa « patte » se reconnaît bien ici - le chef montre fréquemment combien Mozart appréciait les scènes lyriques. [EMI 5 85589 2]
Jeffrey Tate ne s’est pas limité au répertoire du XVIIIe siècle. La critique a apprécié sa production de deux symphonies d’Elgar, un créateur pour lequel le directeur artistique avoue une affinité particulière. Les segments sont dépeints avec ferveur et apparaissent comme des tableaux saisissants. En complément, l’ouverture Cockaigne se ressent opportunément de l’agitation urbaine... [Avec le London Symphony Orchestra. EMI 5 85512 2]

Et le monde lyrique ?
Parmi les nombreuses gravures signalons « Hänsel et Gretel » de l’Allemand Engelbert Humperdinck. Cet ouvrage, créé en 1893, est fortement référencé vers Vienne. La magie n’est jamais très loin non plus : Weber, voire Schubert, sont en filigrane. Les voix n’occupent pas l’avant-scène, ne s’imposent pas à l’excès, mais se présentent totalement en phase avec les instruments. L’opéra – et c’est sans doute la clef de la réussite de cet enregistrement – se présente comme une gracieuse suite pour orchestre avec voix... [Avec entre autres Anne-Sofie von Otter, Barbara Bonney, Hanna Schwartz, Andras Schmid, Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise. EMI 7 540022 2]

Pierre Jaquet

Prochainement au Grand Théâtre :
Richard Strauss : Ariane à Naxos, Opéra en un prologue et un acte. Jeffrey Tate, direction musicale. Christof Loy, mise en scène.
Samedi 14 avril 2007, 20h
Mardi 17 avril 2007, 20h
Jeudi 19 avril 2007, 20h
Dimanche 22 avril 2007, 17h
Mardi 24 avril 2007, 20h
Jeudi 26 avril 2007, 20h
Location 022/418.31.30