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Concerts-Club au Victoria Hall
Genève : Christopher Hogwood

Christopher Hogwood dirigera la Philharmonie Haydn Austro-hongroise lors du Concert-club de fin avril.

Article mis en ligne le avril 2009
dernière modification le 27 avril 2009

par Pierre JAQUET

Le fameux claveciniste, chef d’orchestre, possesseur d’une conscience aiguë de l’historicité des pratiques musicales, va à nouveau se produire en Suisse romande.

Né le 10 septembre 1941 à Nottingham, il a étudié la musique et la littérature classiques au Pembroke College de Cambridge, la direction d’orchestre avec Raymond Leppard, puis le clavecin avec Gustav Leonhardt. Détail intéressant, mais souvent oublié, le British Council lui a, à l’époque, alloué une bourse d’études d’un an à Prague. A l’époque de la Guerre froide, le projet et sa réalisation ne devaient pas être aisés à mener ! Mais ce séjour dans un pays situé au-delà du rideau de fer témoigne surtout d’une curiosité sans faille.

Pionnier
Dans son enfance et son adolescence, le chef se passionnait pour l’architecture et l’archéologie. Ce rêve de jouer les Indiana Jones l’a conduit à exhumer des partitions et des instruments anciens. Pionnier en matière de recherche musicologique, le musicien anglais est un des initiateurs du mouvement baroqueux. En 1967, il porte sur les fonts baptismaux The Early Music Consort avec le regretté David Munrow (un autre précurseur remarquable, injustement oublié aujourd’hui).
Depuis qu’il a fondé l’Academy of Ancient Music en 1973, Christopher Hogwood s’est forgé une réputation internationale de pionnier dans le domaine de ce qu’il appelle lui-même « une interprétation consciente de l’histoire » – expression apte à désigner l’ensemble de ses activités de chef d’orchestre, qui ne se limitent d’ailleurs ni aux instruments anciens ni au répertoire baroque ou classique, puisqu’il ne dédaigne pas les partitions plus récentes (Symphonies de Niels Gade avec l’Orchestre symphonique de la Radio nationale danoise.)

Christopher Hogwood

C’est ainsi que le concert donné à Genève permettra de découvrir une facette moins connue du maestro puisque le programme sera axé sur Mendelssohn et... un compositeur contemporain dont sera proposée une création : Fabian Müller. Comment expliquer cette manière d’entrelacer des esthétiques que rien, apparemment, ne relie ? Le procédé n’est pas nouveau pour le chef. A Paris, Hogwood avait procédé de même à partir de la Sérénade « Cor de Poste » de Mozart : « Le principe de la “musique sandwich” me convient parfaitement : sur le thème de la sérénade, j’ai intercalé deux œuvres néo-classiques (“Sérénade pour ténor, cor et cordes” de Benjamin Britten et “Sérénade opus 14” de Max Reger), entre les premiers et les derniers mouvements du Posthorn. Cette œuvre de Mozart appartient à la catégorie des musiques d’ambiance épisodiques qu’on jouait à la cour de Vienne. Comme elle est très longue, on pouvait sortir de la salle et y revenir à loisir : on le faisait fréquemment à l’époque. C’est la raison pour laquelle j’ai pris la liberté de la donner en deux parties séparées. » Christopher Hogwood avait déjà eu recours à la même formule un an plus tôt, également avec le Philharmonique de Radio-France, en présentant la Symphonie n° 100 de Haydn, “Militaire”, en deux moments, et en intercalant entre ces deux parties la Rhapsodie pour contralto et choeur d’hommes de Brahms et le Berliner Requiem de Kurt Weill : « Il y avait évidemment une logique dans ce programme », a expliqué le chef, « à l’aspect guerrier de Haydn succédaient l’apaisement de Brahms et le caractère antimilitariste de Weill ! » La quête de vérité historique n’exclut pas la créativité ni l’anticonformisme.

Discographie
Avec l’Academy of Ancien Music, dont il est aujourd’hui le directeur honoraire, Christopher Hogwood a réalisé un travail immense, aussi bien en concert qu’en disques. Il a enregistré de nombreux disques, couvrant un très vaste répertoire qui s’étend des virginalistes anglais aux classiques viennois, en passant par Bach ou la musique française. Il a réalisé près de 200 enregistrements pour le label « L’Oiseau-Lyre » !
La crise discographique avait mis momentanément fin à ces activités, mais, bonne nouvelle, les responsables de cette maison ont annoncé qu’ils étaient en mesure de « réactiver la série ». Une première étape est la réédition d’enregistrements qui devenaient indisponibles. Des nouveautés vont suivre et l’on peut espérer que la talentueuse intégrale des symphonies de Haydn, entamée il y a une vingtaine d’années, trouvera enfin son aboutissement. Quelques titres, pour se faire plaisir : Concertos pour clavecin de Bach, Les « Elémens » de Jean Féry Rebel, des Airs de Purcell ou les Symphonies nos 94 & 96 de Haydn, tous chez « L’Oiseau-Lyre ». A chaque fois opère la magie de l’érudition, de la beauté du son et de la vivacité musicale, sans esbroufe...

Pierre Jaquet

Concerts-club : Philharmonie Haydn Austro-hongroise. Direction : Christopher Hogwood. Soliste : Matthias Kirschnereit, piano. Victoria Hall, mardi 28 avril à 20 h 30
« Correspondances » Félix Mendelssohn-Bartholdy : Concerto pour piano N° 1 en sol mineur, op. 25 / Fabian Müller : Commande (création mondiale) / Félix Mendelssohn-Bartholdy : Symphonie N° 4 en la majeur, op. 90, « Italienne »
Site internet : http://www.hogwood.org/