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Arènes de Vérone
Vérone : Un “Barbier“ d’extérieur
Article mis en ligne le octobre 2007
dernière modification le 23 septembre 2007

par François JESTIN

Est-il inconcevable de monter une comédie plutôt intimiste dans le vaste espace de l’Arène de Vérone ? Ce Barbier de Séville, porté par les meilleurs chanteurs du moment, et dans une mise en scène très intelligente, vient démontrer le contraire.

Œuvre bien connue et chérie des Italiens – et d’autres aussi, en particulier du public allemand, très présent à Vérone – il Barbiere di Siviglia de Rossini n’arrive curieusement qu’en 27ème position dans le classement, en nombre de représentations, des œuvres jouées dans l’histoire du festival de Vérone, très loin derrière le trio de tête – Aida, Carmen, Nabucco – mais dépassée aussi par Lohengrin, la Fanciulla del West ou encore par le plus rare Figliuol prodigo de Ponchielli.

Leo Nucci (Figaro) © Arena di Verona

La production de Hugo de Hana, qui signe également décors, costumes et lumières, participera certainement à la remontée prochaine du Barbier dans ce hit-parade. Le metteur en scène argentin choisit d’emblée de situer l’action à l’extérieur, dans de jolis jardins à la française agrémentés de hautes haies et roses rouges géantes. Ce parti fonctionne dès l’ouverture, avec des danseurs en perruque XVII ème qui vont et viennent sur scène, dans des mouvements chorégraphiques mis au point par Leda Lojodice, plus près des éventails et castagnettes de Séville que du Versailles de Louis XIV. Ces danseurs apparaîtront tout au long du spectacle, sans tomber toutefois dans le trop-plein d’action et de personnages sur scène. Un clavecin sur le plateau, ou une haie qui pivote pour montrer un élément de mobilier, et nous voici tout naturellement dans la maison du bon Dottore Bartolo.
Côté voix, Leo Nucci (Figaro) frappe un grand coup dès son fameux air d’entrée « Largo al factotum » : les années ont évidemment usé l’instrument et la maîtrise des vocalises, mais le sens du mot est parfait, et il incarne mieux que quiconque Figaro, vocalement et visuellement. Il bissera l’air à la demande du public. Annick Massis (Rosina) est toujours musicale, et impressionne dans les passages d’agilité, ainsi que dans ses aigus, tandis que le ténor Francesco Meli (Almaviva) est une bonne voix d’extérieur, bien sonore dans les aigus. Bruno de Simone (Don Bartolo) est impeccable et drôle, même s’il perd nettement le volume dans le chant sillabato, alors que Orlin Anastassov (Don Basilio) perd parfois le rythme dans l’air de la Calumnia, et semble moins convaincant dans le registre buffo, que dans ses emplois dramatiques fréquentés récemment. Claudio Scimone au pupitre obtient un beau résultat homogène à l’orchestre, et le tourbillon final est accompagné d’un feu d’artifice festif.

François Jestin

Rossini : IL BARBIERE DI SIVIGLIA : le 14 août 2007 à l’Arena di Verona