La saison du Capitole de Toulouse voit deux œuvres sœurs se suivre d’un jour à l’autre.

Il ne peut s’agir seulement d’un hasard : Nicolas Joel, directeur du Capitole (et prochain directeur de l’Opéra de Paris à partir de septembre 2009), connaît son métier.

Judicieuse initiative, donc, que de donner Roméo et Juliette, la symphonie dramatique de Berlioz, en prélude à Tristan und Isolde ! Puisque l’on sait – ou ne sait pas, et dans ce cas encore mieux ! – tout ce que les thèmes musicaux de l’opéra de Wagner doivent à la symphonie.

Marc Minkowski est à son affaire comme peu dans Berlioz. Au sein de l’excellente acoustique de la Halle aux grains, il dirige l’Orchestre du Capitole avec l’étincelle de chaque détail unie à un souffle général irrépressible. Mais la tension a mis quelques instants avant de s’installer – définitivement, entre les interprètes et le public. Et elle monte imparable, jusqu’à une espèce d’apothéose. (Tout le contraire du Tristan entendu le lendemain, où un Capitole bondé s’est vu clairsemé au fil des actes). Les solistes vocaux, Yvonne Naef, Loïc Félix et Alain Vernhes, le chœur des Éléments de Joël Suhubiette, s’affirment de conviction et transcendance égales à celles d’instrumentistes enflammés.

Pierre-René Serna