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Opéra Théâtre de Saint-Etienne
Saint-Étienne : Splendide “Thaïs“

Nouvelle production de Thaïs, signée Jean-Louis Pichon.

Article mis en ligne le mars 2009
dernière modification le 28 mars 2009

par François JESTIN

Ambiance particulière à l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne : Jean-Louis Pichon, son directeur depuis 25 ans, vient d’annoncer sa démission. C’est également lui qui signe la nouvelle production de Thaïs.

Il aura fallu un changement de couleur politique à la mairie de Saint-Etienne pour que – comme trop souvent en France, et qu’il s’agisse d’ailleurs indifféremment d’un mouvement de gauche vers droite ou de droite vers gauche – valse le responsable de la plus importante institution culturelle de la ville. Si Saint-étienne est aujourd’hui une destination lyrique de premier ordre, qui accueille en particulier la Biennale Massenet dont la prochaine édition est attendue pour fin 2009, c’est d’abord Pichon qu’il faut remercier. Mais en attendant de participer – peut-être – aux manifestations liées au centenaire Massenet en 2012, celui-ci poursuit désormais son métier de metteur en scène.

« Thaïs », avec Nathalie Manfrino
© Jérémie Kerling

Le premier tableau de cette nouvelle Thaïs est certainement le plus réussi et esthétique de la soirée : un plateau très dégagé, un beau désert sur fond de ciel bleu (décors de Alexandre Heyraud), et la chaleur qui tombe sur les austères Cénobites. Les scènes suivantes semblent plus impersonnelles, dans un intérieur bourgeois de style colonial, qui pourrait tout aussi bien convenir à un décor de Traviata ou d’Adriana Lecouvreur. Le jeu des acteurs est bien travaillé, et la réalisation reste de facture classique, mis à part le curieux ballet de trois chacals / Anubis lorsque Athanaël rêve de Thaïs.
Dans le rôle-titre, Nathalie Manfrino est une enchanteresse : blonde fatale en scène, voix ample, aigus solides, et une diction soignée, avec toutefois de petits défauts de prononciation sur certaines voyelles. A ses côtés, Evgueniy Alexiev (Athanaël) surprend en bien : même si on souhaiterait plus de projection par moments, l’instrument est homogène, et le français soigné, tandis que le personnage de grand barbu maigre aux longs cheveux est très crédible. Le timbre du ténor Jean-Noël Briend (Nicias) est ingrat, mais on apprécie cependant son aigu, alors que on relève la belle prestation de Jean Teitgen dans le rôle de Palémon.
La représentation est également marquée par la qualité superlative de la direction musicale de Rani Calderon : l’orchestre joue complètement ensemble, on goûte à toutes les nuances, jusqu’aux fortissimi dignes du grand opéra français, un violon solo sur la méditation de Thaïs à en fermer les yeux, bref un orchestre transcendé, et un grand chef à suivre !

François Jestin

Massenet : THAÏS : le 23 janvier 2008 à l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne