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Opéra de Rouen
Rouen : “Le Barbier de Séville“

Stephan Grögler dote le Barbier proposé par l’Opéra de Rouen d’une astucieuse scénographie.

Article mis en ligne le février 2010
dernière modification le 24 février 2010

par Christophe IMPERIALI

En guise de premier acte d’une « trilogie Beaumarchais », l’Opéra de Rouen offre à son public un Barbier de Séville de Rossini plein de verve et d’intelligence.

Ce Barbier est le premier volet d’un triptyque concocté cette saison par l’Opéra de Rouen sur la base de la « trilogie Figaro » de Beaumarchais ; l’affaire se poursuivra, on s’en doute, avec Les Noces de Figaro de Mozart et se conclura (on s’en doute peut-être moins) par une Mère coupable de Thierry Pécou, donnée en création mondiale au mois d’avril prochain.
Pour créer une unité à travers la diversité des styles musicaux, le metteur en suisse Stephan Grögler, connu du public romand notamment par ses mises en scène d’opéra à Genève (Les Enfants du Levant d’Isabelle Aboulker) et à Lausanne (L’Anima del filosofo de Haydn, Roland de Lully ou Niobe et Medeamaterial de Pascal Dusapin), a imaginé une astucieuse scénographie pour l’ensemble des trois spectacles. Fait de portes et de fenêtres mobiles, le décor ne cesse de changer sous nos yeux ; l’espace est remodelé en permanence. Il en résulte non seulement de beaux effets visuels, mais aussi une perpétuelle variation de points de vues, parfaitement en accord avec l’ébullition caractéristique du livret et de la musique de Rossini. La mise en scène de Grögler ne laisse aucun moment vide, et chaque minute regorge d’inventivité et d’humour.

« Le Barbier de Séville »
© Jean Pouget

La fosse peine malheureusement à soutenir le rythme du plateau ; la direction très classique de Luciano Acocella n’est pas dépourvue de finesse, mais elle paraît entraver à plus d’une reprise l’élan théâtral de la scène. Les chanteurs parviennent pourtant à incarner leurs personnages de façon convaincante.
Au sommet d’une distribution globalement très satisfaisante, il faut saluer tout particulièrement l’excellent tandem Rosine-Figaro. Tassis Christoyannis (qu’on aura le plaisir d’entendre dans le même rôle la saison prochaine au Grand Théâtre de Genève) est un Figaro de haut vol, vocalement irréprochable et très à l’aise scéniquement. Quant à la Genevoise Carine Séchaye, elle confirme les magnifiques talents de comédienne qu’on lui connaissait déjà, tout en offrant à l’oreille un véritable régal : de ses graves opulents de vraie mezzo fusent les vocalises cristallines, jusqu’à de vertigineux sommets parfaitement maîtrisés – le tout avec une richesse de timbre et une diversité d’expression des plus grisantes.

Christophe Imperiali