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A Lausanne et Genève
Portrait : Waltraud Meier

La mezzo-soprano allemande sera en récital à Genève et Lausanne. Ne manquez pas cette légende en mouvement.

Article mis en ligne le décembre 2010
dernière modification le 11 décembre 2010

par François LESUEUR

Devenir star est une chose, le rester en est une autre. Cet adage semble avoir été inventé pour Waltraud Meier, mezzo-soprano à la carrière exemplaire tant sur le plan artistique, que sur celui de la longévité. Musicienne intransigeante, actrice au tempérament intense, Waltraud Meier poursuit son chemin avec la vaillance et l’enthousiasme qui l’ont toujours caractérisé.

Après avoir une nouvelle fois ouvert la saison du Teatro alla Scala avec Die Walküre, comme il y a seize ans, elle sera de passage à Genève et à Lausanne, avant de s’envoler vers Hambourg, New York, Vienne, Valence, Edimbourg ou Cologne, pour chanter Mascagni, Wagner, Mahler, Beethoven et Strauss, compositeurs qu’elle à choisi d’honorer toute cette saison. Portrait.

Parcours
Cette native de Würzburg, depuis longtemps établie à Munich, n’a en effet pas tardé à accéder à la gloire. Dès l’enfance elle est entourée de musique, sa famille la pratiquant quotidiennement et pour le plaisir. La jeune Waltraud est très tôt séduite par ce moyen d’expression auquel elle s’adonne naturellement, sans penser à en faire son métier. Vers 18 ans elle suit pourtant des leçons de chant après avoir fait ses premières armes dans différents chœurs, tout en poursuivant ses études dans l’espoir d’enseigner les langues. Pourtant son professeur la convainc au bout de deux ans de passer des auditions auxquelles la jeune musicienne se rend confiante et sans appréhension particulière. Le destin la conduit à l’Opéra de Würzburg où elle devient à 20 ans soliste privée en extra et où elle débute dans de petits rôles tels que Lola (le premier d’entre tous), Mercedes, ou Cherubino. On la retrouve par la suite en troupe, d’abord à Mannheim, puis à Dortmund, à Hanovre et enfin à Stuttgart. Elle se plie pendant ces années aux contraintes de cette nouvelle existence, apprenant rien qu’à Mannheim 28 rôles en deux saisons, une expérience difficile mais qui lui permet d’acquérir une résistance à toute épreuve.

Waltraud Meier
© Nomi Baumgartl

Sa rencontre avec le répertoire wagnérien a lieu dans cette ville où elle est engagée pour chanter Erda dans Das Rheingold, début d’une longue histoire qui continue de s’écrire. Ses débuts internationaux ont lieu au Teatro Colon de Buenos Aires dans le rôle de Fricka (Rheingold) en 1980 et trois ans après a lieu la rencontre avec Kundry (Parsifal), son rôle fétiche, qu’elle interprète pour la première fois à Bayreuth avec son mentor le chef Daniel Barenboïm, dans un spectacle de Heiner Müller, triomphe qui lui ouvre les portes des plus grands théâtres et la place au premier plan de le jeune génération, à 27 ans. De Buenos Aires,à New York, en passant par Berlin, Milan, Londres, Chicago et Paris, ce personnage qui ne l’a jamais quitté, est sans nul doute sa plus parfaite incarnation vocale et dramatique, comme sont là pour le prouver les nombreuses captations aujourd’hui disponibles (3 en cds et 3 en dvd). Avant de s’attaquer à Isolde en 1993, avec Barenboïm et toujours à Bayreuth, Waltraud Meier inscrit à son répertoire Brangäne, Waltraute, Sieglinde, Venus et Ortrud qu’elle travaille en compagnie des chefs les plus éminents, dans des productions de toutes natures. Sa voix plus haute que celle d’une mezzo, mais plus basse que celle d’un soprano, explique la grande variété des rôles abordés dans cette décennie : Carmen, Octavian, Donna Elvira, Eboli, Santuza.

Ultime rôle wagnérien
Bien que décriée pour avoir décidé d’aborder Isolde, le rôle wagnérien ultime, Meier n’a pas cessé de l’interprèter, creusant, fouillant sans relâche le moindre aspect de ce personnage qu’elle connaît aujourd’hui comme peu de cantatrices : sa prestation aux côtés de Ben Heppner sous la direction de Esa-Pekka Salonen dans la mise en scène de Peter Sellars en 2005 à la Bastille (spectacle repris en 2008), restera parmi les moments les plus accomplis de sa carrière, avec celui du duo Chéreau/Barenboïm à la Scala en 2007, Chéreau avec lequel elle chante une Marie de Wozzeck hallucinée (au Châtelet en 1992 et en 1998) et qu’elle a récemment donné à la Bastille avec Harmut Haenchen et Christoph Marthaler, la musicienne étant également une bête de scène dont le talent scénique n’est plus à vanter.

Waltraud Meier - Isolde au Festival de Bayreuth
© Bayreuther Festspiele

Avide de partitions nouvelles, Waltraud Meier aborde également l’opéra français (Samson et Dalila, La damnation de Faust, Les Contes d’Hoffmann et Les Troyens), l’opéra italien (Don Carlos dans sa version française et italienne, Aida), se risquant à Fidelio et tout récemment à Klytämnestra (Elektra) à Salzbourg, rôle qu’elle n’avait fréquenté qu’en 1995 (Teldec). Artiste complète, Waltraud Meier chante également en concert (les grands cycles de Mahler, Berg et Wagner) et en récital, un large choix de lieder, ayant choisi de s’adonner à cet exercice pendant toute une année (2003-2004). Elle a également osé les quatre derniers lieder de Strauss avec panache, au piano avec Joseph Breinl (Farao 2007) et avec orchestre.

Ouverture de saison
Après avoir expérimenté une version scénique des Wesendoncklieder avec Chéreau au Louvre en novembre, elle ouvrira la saison 2010-2011 de la Scala avec Die Walküre, comme en 1994, mais sans le vétéran Domingo qui a déclaré forfait et sera remplacé par Simon O’Neill, Barenboïm aux commandes et Guy Cassiers à la mise en scène (7 décembre, 2 janvier), avant de retourner en Suisse pour 3 concerts avec l’OSR avec lequel elle chantera la 3ème symphonie de Mahler sous la direction de Marek Janowski, d’abord au Victoria Hall les 12 et 14 janvier et le 13 au Théâtre de Beaulieu à Lausanne. Soyez fidèle au rendez-vous, Meier est une légende en mouvement.

François Lesueur

OSR, dir. Marek Janowski, Waltraud Meier, mezzo-soprano. Schweizer Kammerchor, dir. Fritz Naef, Maîtrise du Conservatoire populaire de musique de Genève, dir. Magali Dami et Serge Ilg (Mahler), Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / billet@osr.ch)

 12 janvier. Série Symphonie. Victoria Hall à 20h
 13 janvier. Théâtre de Beaulieu à 20h15
 14 janvier. Série Répertoire. Victoria Hall à 20h
(Tél. 022/807.00.00 / billet@osr.ch)