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Musiques en été, Genève
Portrait : Nathalie Stutzmann

Formidable opportunité pour le public genevois : Nathalie Stutzmann sera à Genève le 30 juillet.

Article mis en ligne le juillet 2009
dernière modification le 4 juillet 2009

par François LESUEUR

Elle se faisait rare, toujours accaparée par les récitals et sa passion pour la mélodie, donnant le sentiment de délaisser la scène, mais que les admirateurs de Nathalie Stutzmann se rassurent, elle leur prépare de nombreux rendez-vous et de jolies surprises. Avant d’entamer une saison 2009-2010 étonnamment chargée, la contralto française confiera au public genevois son interprétation du Schwanengesang de Schubert, le 30 juillet. Portrait.

Pour quelqu’un de peu médiatique, de réservé et de discret, Nathalie Stutzmann déborde de projets : retour au répertoire wagnérien, nombreux récitals, mais surtout une tournée de concerts dédiés à Vivaldi, Pergolesi et Haendel qu’elle chantera tout en dirigeant l’ensemble qu’elle a fondé et baptisé Orfeo 55. Comme on l’imagine, il ne s’agit en aucun cas d’une décision prise à la légère, la cantatrice ayant toujours souhaité occuper ce poste dans le but d’accompagner musicalement son interprétation vocale et prolonger ainsi sa pensée. En perfectionniste, Nathalie Stutzmann sait très exactement ce qu’elle veut insuffler aux partitions qu’elle a choisies. Cette nouvelle orientation ne réduira en aucun cas le nombre de ses apparitions scéniques, à la différence de certains chanteurs qui, par le passé, ont choisi d’interrompre leur carrière pour ne se consacrer qu’à cette discipline.

Singularité
Issue de parents chanteurs, la jeune musicienne a toujours fait preuve d’une grande maturité. Bien qu’elle brigue très tôt une carrière de cantatrice, elle étudie entre 11 et 16 ans l’alto, le violoncelle, le basson et le piano. Formée au chant par sa mère, elle reçoit l’enseignement des professeurs du Conservatoire de Nancy, avant d’intégrer l’Ecole d’art lyrique de l’Opéra de Paris, puis de recevoir les conseils avisés du célèbre baryton-basse Hans Hotter. Convaincue qu’elle consacrera sa vie au chant, selon elle, le plus beau moyen d’expression et d’épanouissement, elle fait d’importantes rencontres au cours de ses études, mais préfère travailler auprès de sa mère, excellente pédagogue. Face à des avis contradictoires, la jeune artiste suit donc l’enseignement de sa mère auprès de qui elle acquiert une solide technique et travaille sa voix particulière de contralto. Attirée par l’atmosphère intrigante de l’opéra qui berce son enfance, elle fait ses premiers pas sur scène au début des années quatre-vingt, dans un état d’exaltation et de solitude qui l’inquiète dans un premier temps.

Nathalie Stutzmann
© Nicolas Buisson

Voix singulière par sa profondeur et son timbre sombre, Nathalie Stutzmann débute dans les opéras de Haendel (Amadigi, puis Rinaldo, Orlando, Giulio Cesare), Gluck (Orfeo), auprès de Marc Minkowski et de John Eliot Gardiner et profite du renouveau de la musique baroque. Les passions de Bach et les oratorios se succèdent, dirigés par les plus grands chefs. Adepte de la mélodie qu’elle choisit d’abord pour la musique, avant de s’intéresser aux textes et à la poésie, elle se consacre rapidement à cette discipline, tout d’abord avec la complicité de la pianiste Catherine Collard avec laquelle elle réalise de nombreux disques de Schumann (Dichterliebe, Frauen Liebe und Leben, Liederkreis) et, depuis 1994, aux côtés de Inger Södergren. Toutes deux enregistrent Chausson, Poulenc, Brahms (pour RCA) et récemment les trois principaux cycles de lieder de Schubert pour le label Calliope (dernier en date Der Winterreise). Elle interprète Mahler (Rückert Lieder, Das Lied on der Erde, Die Kindertotenlieder), la Rhapsodie pour alto de Brahms, dans toute l’Europe.

En tournée
Si son planning est aujourd’hui occupé à 95% par les récitals et les concerts, elle n’éprouve aucune frustration à se tenir parfois éloignée de la scène lyrique. Si elle donne de nombreuses représentations de Pelléas et Mélisande où elle est Geneviève, elle participe à de fréquentes résurrections telles que La verita in cimento avec Jean-Christophe Spinosi et Atenaide dirigée par Federico Maria Sardelli, deux opéras de Vivaldi (Naïve) et enregistre Joseph Merrick dit Elephant Man de et avec Laurent Petigirard (OSF 2001) On a pu la retrouver récemment dans L’enfant et les sortilèges dirigé par Simon Rattle (Emi) ; la parution d’Elias de Mendelssohn est imminente et elle sera en tournée européenne en compagnie de Marc Minkowski et des Musiciens du Louvre-Grenoble dans un programme Haydn (enregistré par Naïve).
La saison prochaine, Nathalie Stutzmann donnera des concerts à Amsterdam, Bruxelles et Milan, interprétera La passion selon Saint Mathieu de Bach à La Haye sous la conduite de Peter Schreier et devrait participer aux commémorations du 100ème anniversaire de la mort de Mahler, en 2011, avec Simon Rattle. La première tournée de l’ensemble Orfeo 55 avec lequel elle se produira en tant que chanteuse et chef d’orchestre débutera en novembre 2009 avec le Stabat Mater de Pergolesi.
De passage à Genève elle chantera Le chant du cygne de Schubert en compagnie de sa pianiste attitrée, Inger Södergren, dans la Cour de l’Hôtel de Ville, le 30 juillet prochain.

François Lesueur