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Portrait : Marlies Petersen

Aperçu de la carrière d’une soprano colorature pleine de talent.

Article mis en ligne le avril 2007
dernière modification le 7 juillet 2007

par Martine DURUZ

Pendant leurs études, certains s’imaginent déjà sur la scène du Met, chantant un premier rôle devant un public en délire et se retrouvent finalement dans une classe de bambins agités à qui il faudrait inculquer quelques rudiments musicaux. Pour Marlis Petersen, ce fut le contraire. Elle se préparait à enseigner la musique dans les écoles et elle se retrouve sur les plus grandes scènes d’Europe et d’ailleurs, interprétant les rôles majeurs du répertoire de soprano colorature ! Quant au Met, elle y a chanté Adele en 2006 et y incarnera Lulu en 2010 ! Notons qu’à l’Académie de Musique de Stuttgart, le chant n’était d’abord que sa branche secondaire, la principale étant le piano.

Marlis Petersen a commencé sa carrière musicale en 1987 avec un orchestre pop, Square, où elle est restée pendant trois ans, au micro et au clavier. Mais en 1990, un répétiteur de l’Opéra de Stuttgart lui conseilla de suivre un cours avec la célèbre colorature hongroise Sylvia Geszty et cette rencontre fut déterminante. En deux semaines la jeune cantatrice parvint à atteindre facilement les notes les plus aiguës et comprit qu’il fallait abandonner au plus vite son précédent professeur. Elle obtint un prix au Concours VDMK de Berlin dans la catégorie Opéra-Opérette-Concert, puis un autre prix trois ans plus tard dans la catégorie Musical-Chanson-Song. Elle pratiquait également la danse, les claquettes en particulier, et faisait quelques incursions dans le domaine du jazz : le programme Zeitzahlen, monté avec un jazz band et un orchestre baroque, proposait un rapprochement du jazz et de la musique ancienne et baroque.

La voie classique
Tout cela contribuait à alimenter ses hésitations concernant ses choix définitifs futurs. Finalement, c’est la voie classique qui l’emporta. La cantatrice n’exclut pas de d’aborder de temps en temps à nouveau d’autres genres, mais seulement ponctuellement.
Parmi les rôles qu’elle a fréquemment tenus se trouve celui de la Reine de la nuit. Engagée dans la troupe de l’Opéra de Nuremberg en 1994, c’est là qu’elle s’est risquée dans les vocalises périlleuses de ce personnage pour la première fois. Elle l’a aujourd’hui abandonné, comme le font dès que possible la plupart des sopranos : il ne s’agit finalement, dit-elle, que d’une performance sportive, dangereuse et éprouvante pour les nerfs. Rien à voir avec Lulu, héroïne qu’’elle a incarnée dans six productions déjà et dont la forte personnalité la passionne ; le livret, les exigences de la musique, la multiplicités des facettes de la protagoniste permettent à l’interprète de donner la pleine mesure de ses talents.

Marlis Petersen. Photo D.R.

Répertoire
De nombreux autres rôles figurent bien sûr à son répertoire : Annchen (Der Freischütz), Adele (Die Fledermaus), Susanna (Le Nozze di Figaro), Sophie (Der Rosenkavalier), La Fille du Régiment, La petite Renarde rusée, Constanze und Blonde (Entführung aus dem Serail), Ophélie (Hamlet), Zerbinetta.
A l’Opéra, comme en concert, elle s’est produite sous la direction de chefs prestigieux tels que Lorin Maazel, Marcello Viotti, Antonio Pappano, Jeffrey Tate, Christoph Eschenbach, Michel Corboz, Myung-Wung Chung et Jonathan Darlington.
La musique contemporaine n’est pas absente de son horizon : elle s’est fait entendre, entre autres, dans Was ihr wollt de M. Trojahn au Deutsche Oper am Rhein de Düsseldorf, et s’est distinguée à Genève en 2004 dans Les Oiseaux de W. Braunfels. La musique baroque et le lied complètent le tableau.

A Genève
Au Grand Théâtre, c’est sa Zerbinette que le public découvrira, dans la production londonienne d’Ariane à Naxos, mise en scène par Christof Loy et dirigée par Jeffrey Tate, production qui, dit-elle, a changé sa vie et qu’elle a hâte de reprendre. Son personnage se présente comme une femme à part entière, loin de toute superficialité, à la fois insolente, sexy et profondément humaine. Musicalement, certaines parties lui paraissent plus faciles qu’à ses débuts en 1998, et d’autres moins. Mais malgré les difficultés, Zerbinette demeure l’une de ses grandes favorites.

Ses souhaits pour l’avenir ? Elle pense à Mignon (Ambroise Thomas) et aux trois femmes des Contes d’Hoffmann. Les œuvres françaises l’attirent, même si elle ne connaît pas encore très bien la langue, qui ne faisait pas partie de son cursus scolaire. Gageons que la ville du bout du lac lui donnera l’occasion de progresser rapidement, compte tenu de la finesse de sa musicale oreille.

D’après des propos recueillis et traduits par Martine Duruz

Grand Théâtre de Genève : les 14,17,19, 24, 26 avril à 20h. et le 22 avril à 17h.