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Récital au Grand Théâtre de Genève
Portrait : Joyce DiDonato

La mezzo américaine Joyce DiDonato donnera un récital au Grand Théâtre le 16 avril prochain. Portrait.

Article mis en ligne le avril 2007
dernière modification le 5 juillet 2007

par François LESUEUR

Après avoir incarné Elisabetta dans Maria Stuarda en 2005, puis Idamante dans Idomeneo en 2006 à Genève, la mezzo américaine Joyce DiDonato donnera un récital au Grand Théâtre le 16 avril prochain : au programme, des pages de Bizet, Rossini, Granados et De Falla accompagnées par Julius Drake.

Pétillante, professionnelle et débordante d’énergie, Joyce DiDonato doit à Hugues Gall une fière chandelle. Lasse et désespérée, cette toute jeune artiste rencontre le célèbre directeur à l’issue d’une tournée d’auditions épuisante, qui l’a contrainte à parcourir quarante-cinq villes en quinze jours : « Je suis allé partout – nous confiait-elle en mars 2005 – de Glasgow à Séville en passant par Milan et tous m’ont refusé. J’étais dans un état lamentable. La dernière était prévue à Paris. J’ai chanté Cherubino et Cenerentola comme d’habitude, mais sans y croire. Pourtant deux heures plus tard mon agent m’appelait pour me dire que M. Gall me proposait une nouvelle production du Barbier de Séville ; je ne voulais pas y croire. Il est le seul à avoir pris des risques sur une inconnue. Ensuite tout le monde m’a engagée en Europe ».

Débuts
La préparation et la chance ont donc permis à Joyce DiDonato de débuter une carrière internationale qui n’a cessé depuis de se développer. Née à Kansas City, bercée dès son plus jeune âge par la musique classique, la jeune Joyce apprend le piano et le chant choral, dans le but de l’enseigner un jour à son tour. C’est pourtant en apprenant à chanter que le désir de suivre un parcours lyrique s’est finalement manifesté. Commencent alors un long apprentissage et des études poussées, qui la conduisent naturellement à se présenter à de nombreux concours où elle est distinguée, comme en 1998 (1er Prix de la Fondation George London et 2ème Prix au Concours Operalia de Placido Domingo). Sa voix longue et souple a depuis longtemps emprunté les chemins de Rossini et de Mozart pour lesquels son mezzo clair et vif la prédispose. Ses grands débuts ont lieu à San Francisco dans La Cenerentola, où son agilité et son aptitude à vocaliser n’échappent à personne. Les prestations s’enchaînent sur le sol américain, avant qu’elle ne se décide à s’envoler vers l’Europe, où l’attendent Cherubino, Rosina, et bientôt Sesto, Idamante, Dorabella, ainsi que Haendel. Elle débute en 1996 au Festival de Spoleto dans le rôle d’Ino de Semele, mais il faut attendre l’audition parisienne pour que sa carrière connaisse un véritable essor. Paris qui la fête en 2002 (Cenerentola) et en 2003 (Cherubino), est un passeport pour Madrid où elle interprète Cenerentola, Munich (Noces de Figaro), Londres (Petite renarde rusée). Son répertoire s’étoffe puisqu’elle aborde le répertoire baroque et notamment Haendel avec Giulio Cesare (Sesto) au Pays-Bas, auprès de Marc Minkovski, un premier pas réussi qui sera suivi par Hercules (Dejanira) à Aix et à Garnier avec William Christie dans un mise en scène de Luc Bondy (2004). « J’aime tout d’abord la virtuosité qui permet de soulever le public. Avec Haendel ce genre de plaisir arrive toujours au bon moment, quand le drame en a besoin. J’apprécie également le baroque pour la nudité que cette musique est capable de restituer. Certains airs de Haendel donnent l’impression d’un dénuement extrême, le chanteur n’ayant plus que sa voix comme rempart entre lui et le public. C’est à la fois terrifiant et fabuleux ». Rompu aux arcanes mozartiennes, à l’écriture rossinienne, aux subtilités haendeliennes, le timbre rond et chaleureux de Joyce DiDonato s’épanouit également dans les oeuvres belcantistes comme sa prestation dans Maria Stuarda de Donizetti l’a prouvée.

Joyce DiDonato

Multiples projets
Romeo des Capuleti e i Montecchi de Bellini, est déjà inscrit sur ses tablettes pour ses débuts à Chicago, couplé à un premier Ariodante à la rentrée 2007, rôle qu’elle tiendra à nouveau en novembre au Grand Théâtre de Genève, dans une mise en scène de Pierre Strosser, sous la houlette de Kenneth Montgomery. Avant ces rendez-vous, la trépidante cantatrice aura chanté son premier Octavian du Rosenkavalier (en juin et juillet sur la scène de l’Opéra de San Francisco), un an après avoir endossé pour la première fois le Compositeur d’Ariadne auf Naxos de Strauss, à Madrid. Les éditions Virgin n’ont pas hésité à lui confier un récital de duos de Haendel avec la délicieuse Patrizia Ciofi, « Amor e gelosia », dirigé par Alan Curtis, publié en 2004, suivi par l’intégrale de Radamisto de Haendel toujours avec Curtis, ainsi que Benvenuto Cellini de Berlioz, sous les auspices de John Nelson. On peut également retrouver Miss DiDonato dans deux très beaux albums parus chez Eloquentia, « The deepest desire » et « Pasion », l’écouter dans Floridante de Haendel toujours avec Curtis (Archiv), la découvrir dans la totalité de son art en visionnant Le barbier de Séville, version Coline Serreau, à la Bastille en 2002 (TDK), ou Hercules capté à Garnier (Bel Air). La cantatrice, et c’est tout à son honneur, ne rechigne pas à partager son temps avec le récital, comme en témoigne cette tournée qui l’emmènera cette année de Londres à Paris (Salle Gaveau le 5 avril) en passant par l’Espagne et la Suisse où elle est donc attendue le 16 avril. Un parcours sans faute.

François Lesueur

lundi 16 avril : Récital Joyce DiDonato, mezzo-soprano, Julian Drake, piano (Bizet, Rossini, Granados, de Falla). Au Grand Théâtre à 20h (loc. 022/418.31.30)

Pour connaître tout sur cette interprète, un seul site, le sien : 
http://www.joycedidonato.com