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Récital au Grand Théâtre de Genève
Portrait : Ben Heppner

Portrait du ténor Ben Heppner, à l’occasion de son passage à Genève.

Article mis en ligne le novembre 2007
dernière modification le 29 octobre 2007

par François LESUEUR

Inoubliable Tristan pour Peter Sellars, Lohengrin princier, ou Florestan stylé, Ben Heppner est le ténor héroïque que les grandes scènes rêvent d’inviter. Rétif à la frénésie qui l’entoure, ce musicien fidèle à ses racines est heureux d’alterner les grosses productions avec les tournées de récitals qui le conduisent jusque dans les villes les plus reculées. Le Grand Théâtre de Genève l’attend avec impatience le 8 novembre, pour un programme Grieg, Sibelius, Tchaïkovski et Tosti.

Tout impressionne chez Ben Heppner : son embonpoint, qui rappelle celui d’un autre ténor (le mouchoir blanc en moins), sa bonhomie, sa présence scénique et sa voix haute, fragile et délicate d’apparence, alors qu’elle sait se montrer autoritaire et résistante. Colosse capable de légèreté, géant qui manie la nuance avec subtilité, Ben Heppner surprend, intrigue, avant de subjuguer.

Courte biographie
Il naît en 1956 à Murrayville (Canada), dans une famille modeste et rurale d’immigrants russes passionnés de musique et passe son enfance à Dawson Creek. Enfant, il apprend le cor, la trompette, le trombone et l’euphonium dans l’espoir de devenir un jour professeur de musique, mais ses études qui le mènent au Canadian Bible College de Regina, puis à l’Université de la Colombie Britannique, le conduisent finalement à opter pour le travail du chant de 1975 à 1979. Vainqueur du premier prix du Concours national de Radio Canada en 1979 (avec l’air de Don Ottavio dans Don Giovanni de Mozart « Il mio tesoro »), il parfait sa formation de ténor lyrique éduqué à la pratique du lied et débute à l’Opéra de Vancouver deux ans plus tard dans le petit rôle de Roderigo dans Otello de Verdi.

Ben Heppner © Marty Umans

Parcours
De 1981 à 1982 il s’établit à Toronto pour suivre des cours d’opéras à l’Université de la ville, avant d’intégrer le Studio Ensemble de la Compagnie d’Opéra canadienne COC de 1982 à 1984. Il interprète pendant ces années d’apprentissage Don Pasquale (Ernesto), La Bohème (Rodolfo) et Les Contes d’Hoffmann, auxquels le prédispose sa couleur lyrique, avant d’aborder progressivement des rôles plus lourds issus du répertoire germanique. Ses premiers pas en Bacchus (Ariadne auf Naxos) marquent une nouvelle orientation renforcée en 1988 par son prix obtenu au concours Birgit Nilsson, grâce auquel il campe Lohengrin au Bolchoï, suivit peu après par Walther des Maîtres chanteurs de Nuremberg de Wagner. Fort de ces expériences, il débute au Met en 1991 dans Idomeneo de Mozart dont le succès lui ouvre alors les portes des plus grands opéras du monde.
La voix à la fois claire, lumineuse et puissante de Ben Heppner lui a permis de s’imposer depuis vingt ans dans un vaste répertoire qui comprend les rôles héroïques des œuvres de Strauss (Die Frau ohne Schatten), des ouvrages classiques de Mozart, Beethoven et Weber (Oberon), de même que des incursions dans le répertoire français (Les Troyens avec Colin Davis à Londres en 2000, Hérodiade en studio avec Michel Plasson/Emi 1994), italien (Andrea Chénier, Otello, Turandot), ainsi que Britten et Bolcom dont il a créé McTeague à Chicago en 1992.
Sans posséder la carrure vocale et la projection d’un Jon Vickers qu’il admire, Ben Heppner a cependant fait sien les rôles de Walther, de Florestan, de Lohengrin et de Peter Grimmes, tout en s’investissant de manière incomparable dans celui de Tristan, qu’il a pu approfondir de Genève, à Berlin, en passant par Chicago, Salzbourg, Florence et Paris avec les chefs les plus prestigieux (Salonen, Levine et Mehta), depuis 1998 à Seattle aux côtés de Jane Eaglen (DVD/DG New York Levine 1999) et plus récemment de Parsifal.

Discographie
Ses nombreux enregistrements (chez Teldec, BMG/RCA, Decca, Emi et DG), traduisent sa grande variété d’approches, de styles et de tessitures, reflets de son adaptabilité vocale et technique : parmi eux citons Russalka (Decca) avec Renée Fleming, Der Fliegende Holländer (Sony 1994), Lohengrin (1994), Turandot (1992) et Fidelio (1995) tous trois chez RCA, ainsi que de nombreux albums dont ceux consacrés à des Airs français (DG 2001) et à des chansons napolitaines de Tosti (DG 2002). Attaché à ses racines, à sa famille et à son pays, Ben Heppner, malgré sa notoriété, est resté fidèle et humble envers son art. Entre deux productions lyriques, il privilégie les longues tournées de récitals où il aime panacher airs célèbres et chansons napolitaines.
Cette saison il interprétera Das Lied von der Erde de Mahler (Berlin, New York, Boston), chantera Sibelius (Salle Pleyel à Paris le 5 novembre), l’opéra d’Elgar, The dream of Geronius, à Vancouver et à Boston, Tristan und Isolde au Met, en mars 2008 et son premier Siegfried du Ring, en juillet, à Aix-en-Provence, dans la production de Stéphane Braunschweig dirigée par Simon Rattle, alors qu’il a décliné l’offre du Festival de Bayreuth. Un ténor à plus d’un titres surprenant.

François Lesueur

8 novembre : Récital BEN HEPPNER, ténor (Grieg, Sibelius, Tchaikovski, Tosti). Grand Théâtre à 20h (loc. 022/418.31.30)