Arts-Scènes
Slogan du site

Cinéma Danse Expositions Musique Opéra Spectacles Théâtre

Grand Théâtre de Genève
Portrait : Alberto Zedda

Alberto Zedda, infatigable vétéran, dirigera « Le Barbier de Séville » au Grand Théâtre.

Article mis en ligne le août 2010
dernière modification le 31 août 2010

par Pierre JAQUET

Défenseur de l’art lyrique transalpin, Alberto Zedda est un chef dynamique et communicatif qui sait obtenir de ses musiciens et chanteurs des miracles de nuance et une dynamique proprement enthousiasmante. Il faut rendre cet hommage à ce chef d’une autre génération : son enthousiasme se traduit clairement par un résultat artistique de haute volée.

Pédagogue, Alberto Zedda entraîne souvent avec lui une équipe de jeunes chanteurs. Mais derrière cette image paternelle et généreuse se cache un érudit et un musicologue.

Portrait
Né à Milan en 1928, ce musicien a débuté sa carrière de chef sous la houlette de Carlo Maria Giulini. Au conservatoire il a eu comme camarades Berio, Nono, Castiglioni… des compositeurs dont il a créé, plus tard, pas mal d’œuvres. Ses vrais débuts sont une série de représentations du « Barbier de Séville ». Dès lors, son attachement pour l’univers rossinien ne se démentira jamais. L’artiste est devenu, avec Philipp Gosett, le responsable éditorial des opéras de Rossini. Ses travaux ont donné lieu à de vastes et passionnants débats ! On lui doit donc le regain d’intérêt pour ce compositeur, une renaissance qui a eu lieu dans les années 70. Toujours modeste, le chef se définit comme « un moyen de communication entre Rossini et le public d’aujourd’hui » !

Alberto Zedda
© Archives ROF

Mais l’attachement aux compositions n’est pas que livresque. Alberto Zedda est reconnu pour ses recherches sur l’ornementation et la recherche du style original. C’est dire si le public genevois bénéficiera du talent d’un chef confirmé et communicatif ! Pourquoi une telle passion pour Rossini ? Il s’en est expliqué : « J’ai doucement réalisé qu’il y avait dans cette musique – qui a mes yeux n’existait même pas – une force de chant qui est peut-être la plus poétique, l’extrême possibilité où l’interprète est aussi créateur, où il a l’occasion de participer, de donner vie à la musique et ne se contente pas d’en être le médium. Honnêtement, pour Verdi et Puccini, il suffit de bien chanter, de suivre sagement les indications du compositeur et tout est prévu pour que ça marche. L’orchestre peut-être modeste, les chanteurs peu talentueux et le chef sans inspiration : Verdi et Puccini vous feront quand même pleurer. Dans l’opéra romantique l’émotion se situe toujours aux mêmes endroits, on en connaît par cœur toutes les ficelles : le public sort ses mouchoirs au moment voulu. Rossini offre des degrés d’émotion très différents, c’est une émotion résolument plus intellectuelle, moins épidermique, elle ne saisit pas la chair et le sang des spectateurs, c’est une des choses qui m’a tout de suite interpellé. »

Ses chanteurs l’appellent Maître Yoda (en référence à au film « la Guerre des étoiles »), non sans une pointe de tendresse dans la voix ; ce sobriquet témoigne de ses connaissances reconnues de vieux sage !

Alberto Zedda dirigeant une “masterclass“

Comme tout chef de premier plan qui se respecte, ses intérêts ne sont pas monothématiques ! On l’a vu aborder d’autres esthétiques : ses recherches sur le « Couronnement de Poppée » font autorité, et, durant sa longue carrière, il s’est produit sur d’innombrables scènes, avec beaucoup d’artistes différents. Après avoir enseigné quelques années au Cincinnati College of Music, il a travaillé au Deutsches Oper de Berlin, puis au New York City Opera pour ensuite effectuer un passage remarqué à Covent Garden ! Mais l’amour de son pays ne l’a jamais quitté, puisqu’il a été à la tête du Festival Rossini de Pessara pendant de longues années... après avoir été directeur de la Scala de Milan !
Ce vétéran s’estime très heureux dans la longue carrière qui a été la sienne : « J’ai toujours exercé ma profession avec enthousiasme et passion, des qualités qui, les années passant, me paraissent toujours plus essentielles ; même si le doute est la fatigue me saisissent parfois, ces valeurs prennent toujours plus de force en moi. Pour ce qui est de Rossini, plus le temps passe, plus je suis amoureux et passionné par lui ; j’essaie de le comprendre toujours mieux, ainsi que l’esprit de la culture de son temps. »

Pierre Jaquet

Disques chez Naxos

Grand Théâtre de Genève, entre le 4 et le 19 septembre (à 17 ou 20 heures) :
« Le Barbier de Séville » de Rossini
Direction musicale : Alberto Zedda. Mise en scène : Damiano Michieletto. Direction choeurs : Ching-Lien WU. Avec, en alternance : Juan Francisco Gatell / John Tessier (Almaviva). Eduardo Chama / Alberto Rinaldi (Bartolo). Jane Archibald, soprano / Silvia Tro Santafé, mezzo (Rosina). Tassis Christoyannis / Pietro Spagnoli (Figaro). Orchestre de la Suisse romande