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Teatro municiple de Piacenza
Piacenza : “Don Pasquale“

Des représentations de “Don Pasquale“ qualifiées « d’événement spécial ».

Article mis en ligne le février 2007
dernière modification le 19 juin 2007

par François JESTIN

Après presque 20 ans passés à La Scala, où est donc passé Riccardo Muti ? Nous l’avons retrouvé dans le magnifique teatro municipale de Piacenza, pour 3 représentations de “Don Pasquale“, qualifiées « d’événement spécial »,
puisqu’elles marquent le retour du maestro à la direction d’un ouvrage lyrique, en Italie, après une abstinence de deux ans.

En coproduction avec l’Opéra de Ravenne, ce projet, auquel le maestro tient énormément, est particulier, puisque monté exclusivement avec des jeunes, à commencer par l’orchestre « giovanile Luigi Cherubini ». Venus de toute l’Italie, les musiciens ont été certes sélectionnées par Muti lui-même, mais en jetant un oeil dans la fosse, on est réellement frappé par la jeunesse du groupe (20 ans ou moins pour la plupart). Le résultat est pourtant stupéfiant, et ces musiciens n’ont rien à envier aux orchestre professionnels, sinon sans doute un peu d’expérience. Certaines attaques, certains accords tenus aux cordes sont saisissants d’énergie et de beauté. Lorsque l’on sait le respect de Muti pour les partitions – respect parfois jusqu’au-boutiste, en refusant aux chanteurs certains aigus « traditionnels », mais non écrits par le compositeur – l’assurance est alors obtenue d’écouter une exécution comme au temps de Donizetti. La balance entre les pupitres est également remarquable, et permet à chaque soliste de se faire entendre, le chef veillant aussi en permanence à ne pas couvrir les voix, quitte à déchaîner le flot orchestral après la dernière parole prononcée.

Mario Cassi (Malatesta) et Nicola Alaimo (Don Pasquale)

Les chanteurs sont en début de carrière, et les voix sont saines et de typologie belcantiste : Nicola Alaimo (Don Pasquale) est une basse-bouffe au bel abattage, et Laura Giordano (Norina) s’engage généreusement, mais rencontre quelques problèmes de vocalises, avec un timbre qui rappelle celui d’Eva Mei, alors que Mario Cassi (Malatesta) est un baryton très richement timbré, à qui il manque toutefois des graves, et que Juan Fransisco Gatell (Ernesto) fait valoir une jolie voix de ténor, mais à l’aigu fragile. La mise en scène de Andrea de Rosa, comme pour renforcer l’aspect « projet » de l’entreprise, concentre l’action au centre, sur un petit podium haut d’une bonne marche, et laissant les chœurs et autres comprimari présents sur les côtés, avec chaises et garde-robes. Le jeu des solistes est très vivant et efficace, et à la fois amusant et poétique, au milieu de quelques éléments de mobilier d’époque.

François Jestin

Donizetti : DON PASQUALE : le 28 décembre 2006 au Teatro municipale de Piacenza