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A l’opéra de Nice
Nice : “Norma“

La saison lyrique niçoise s’ouvre malheureusement sur une déception.

Article mis en ligne le décembre 2006
dernière modification le 19 septembre 2008

par François JESTIN

Comme Marseille quelques semaines plus tôt, Nice a choisi le chef-d’œuvre de Bellini pour ouvrir sa saison lyrique, mais cette fois-ci, c’est la déception qui remplace malheureusement l’enthousiasme précédent.

Dès les premières mesures de l’ouverture, une mauvaise sensation prend place et les questions – et les réponses ! - commencent à tourner désagréablement en tête. La battue du chef d’orchestre Fabrizio Maria Carminati, n’est-elle pas trop métronomique, voire vraiment mécanique par moments ? Quelques mauvais choix de tempi, ou autres gros effets de ralentis ou accélérations viendront confirmer le malaise. Une telle direction musicale, si peu chargée d’inspiration, peut-elle dès lors créer un relief dramatique au spectacle, une cohésion d’ensemble pour les chanteurs, une dimension artistique ? La réponse est négative. Dans la distribution, peu de noms sont à retenir à l’issue de la représentation, les moyens étant insuffisants ou inadéquats. Alessandra Rezza (Norma) est une soprano dramatique à qui il manque une bonne dizaine d’aigus dans la partition, et les passages vocalisés ne fonctionnent pas toujours ; les graves sont en revanche audibles sans problème. Marianna Kulikova (Adalgisa) possède toutes les notes de ce rôle particulièrement étendu, mais fait valoir un volume réduit, et le timbre n’est pas très séduisant, en particulier dans le grave. Le ténor Ivan Momirov n’a pas l’autorité d’un Pollione : curieuses attaques systématiquement timides, en mezza voce, suppression du contre-ut de l’air d’entrée, et jeu scénique caricatural. La basse Alfredo Zanazzo (Oroveso) fait entendre une voix usée jusqu’à la corde : gros vibrato, aigus difficiles …

« Norma » , avec Alessandra Rezza dans le rôle-titre
© Alain Hanel

La mise en scène de Paul-Emile Fourny est très en-dessous de ses précédentes productions, et particulièrement handicapée par les décors et costumes de Poppi Ranchetti, d’un kitsch d’une autre époque. La pièce maîtresse du décor est une masse rocheuse, intégrant un escalier sur son flanc arrière, et que le metteur en scène ne se prive pas de faire tourner pendant la soirée. Le rocher tourne même en cadence avec le bouclier d’airain géant descendu des cintres au duo final du 2ème acte : mouvement d’horloge comtoise ? Foire du Trône ? Sans surprise, chacun des solistes – Oroveso, Pollione, Norma – viendra tour à tour chanter son air d’entrée au sommet du rocher. Une originalité en revanche pendant le Casta Diva : une femme en blanc, entourée par trois autres, tend une branche de gui à chaque main. Vient alors la cueillette à la serpe : une branche, deux branches, puis la troisième femme s’avance et l’égorge. Image du sacrifice humain ? Défense de la nature : « Respectons les arbres, ils saignent eux aussi » ? Pas de réponse cette fois, mais arrêtons-là ces ruminations de critique ronchon, pour espérer plus simplement le prochain retour de la qualité sur la scène lyrique niçoise.

François Jestin

Bellini : NORMA : le 24 octobre 2006 à l’Opéra de Nice