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Opéra de Nice
Nice : “Manon Lescaut“

A Nice, une Manon Lescaut plus que décevante !

Article mis en ligne le novembre 2009
dernière modification le 26 novembre 2009

par François JESTIN

Une soirée déprimante à l’Opéra de Nice, comme malheureusement trop souvent depuis quelques saisons.

Ne tirez pas sur l’ambulance ! Ce n’est pas au moment où Paul-Emile Fourny quitte ses fonctions de directeur de l’Opéra de Nice qu’il faut lui planter un couteau supplémentaire dans le dos ! Son bilan ne restera tout de même pas fameux, avec une programmation globalement peu enthousiasmante ces dernières années, et des résultats très moyens en tant que metteur en scène, allant de l’honnête réussite (Faust) au ratage monumental (Norma).

Sa Manon Lescaut, présentée cet été au festival Puccini de Torre del Lago, se situe largement sous la moyenne. Un décor unique (difficile ainsi de caractériser les différents lieux de l’action), fait de vieilles colonnes et arches, avec quelques vitraux – initialement de couleurs pisseuses – et qui tombent en morceaux au fur et à mesure de l’avancée des actes.

Amarilli Nizza (Manon) et Warren Mok (Des Grieux)
© Opéra de Nice

Une mise en place qui paraît scolaire – au 1er acte la table de jeu démarre en fond de plateau à cour, puis vient à jardin à l’avant-scène, pour finir à nouveau au fond, mais au centre cette fois – et un jeu d’acteurs souvent stéréotypé (deux bras ouverts, main sur le cœur, …). Des statues vivantes également, qui tombent vite dans le kitsch à force d’utilisation. Il faut dire que la crédibilité dramatique n’est que peu favorisée par les principaux protagonistes : Amarilli Nizza (Manon) n’habite pas son rôle, surtout dans les deux premiers actes, et Warren Mok (Des Grieux) est tenté de sur-jouer, à la limite du ridicule.

Vocalement, Manon semble adaptée aux moyens de la soprano italienne, même s’il lui faut un tout petit temps au démarrage pour trouver l’intonation parfaite, tandis qu’il n’y a pas grand-chose à tirer du ténor chinois : vilain timbre serré, voire nasillard, medium peu puissant, et grave encore moins, aigu qui pourrait être brillant sans son instabilité inquiétante, on se demande bien pourquoi un tel artiste est programmé. Peut-être les récentes – ou futures… – activités de metteur en scène de Fourny en Chine ?

Heureusement Jean-Luc Ballestra (Lescaut) et son timbre racé, expressif, bien projeté, et le très bon deuxième ténor Stanislas de Barbeyrac (Edmondo) relèvent le niveau. La direction musicale d’Alberto Veronesi est digne d’intérêt, bien dans le répertoire vériste, et ne tombe pas dans le style pompier. Une curiosité à signaler, l’insertion inédite entre les actes I et II d’un intermezzo, écrit paraît-il à l’origine par Puccini, décalé musicalement et trop peu original pour désirer l’écouter à tout prix une seconde fois.

François Jestin

Puccini : MANON LESCAUT : le 25 septembre 2009 à l’Opéra de Nice