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Nice : “Macbeth“

Le chef-d’œuvre de Verdi est l’objet d’une nouvelle production audacieuse.

Article mis en ligne le décembre 2008
dernière modification le 21 janvier 2009

par François JESTIN

Nouvelle production audacieuse du chef-d’œuvre de Verdi, qui garde sa logique et son unité dramatique.

Dès l’ouverture, le ton est donné avec la projection d’un film sur un rideau d’avant-scène : des avions de chasse survolent un joli paysage, puis lancent leurs bombes lorsqu’ils arrivent au droit d’une ville.

Esthétique
Dans la séquence suivante, les sorcières – sorte de harpies guerrières un peu prostituées – émergent d’une ville ravagée par la guerre, puis le général Macbeth descend d’un hélicoptère pour les consulter. Autres moments très réussis, le plus souvent avec le support d’images ou de films projetés sur un cadre d’avant-scène et en fond de plateau : le banquet à l’intérieur d’un bâtiment à l’architecture tendance ex-bloc soviétique, l’assassinat de Banco sur un quai de gare glauque (son fils est visiblement très concentré sur sa Game-Boy), ou encore Macduff et ses fidèles enfermés dans un camp avec barbelés et mirador. Ce procédé cinématographique, dans une esthétique de bande dessinée qui pourrait rappeler le style d’Enki Bilal, est fort efficace, et cependant jamais ressenti comme envahissant. Cette vision d’un drame violent, quelque part dans une dictature actuelle ou passée – on pense à la nationalité argentine du metteur en scène – reste très cohérente et donne un éclairage intéressant et dépoussiérant à l’œuvre.

« Macbeth » : Banco (Giorgio Giuseppini) et son fils attendent le train…
© Opéra de Nice

Protagonistes
Le jeu des protagonistes est également bien réglé, en particulier celui de Alexandru Agache dans le rôle-titre ; la voix du baryton a perdu en éclat, volume et projection avec les années, et quelques accents dans le grave sonnent aujourd’hui graveleux, mais l’engagement de cet artiste, très expérimenté dans les rôles verdiens, remporte l’adhésion. Il n’en va pas exactement de même pour la soprano Elena Zelenskaya (Lady Macbeth), peu concernée en scène, et qui ne possède pas les moyens de ce rôle meurtrier à tous points de vue : si les extensions entre aigus et graves sont bonnes, et la projection souvent appréciable, plusieurs suraigus sont absents (quelques cris en échange dans le Brindisi), et presque tous les passages d’agilité sont savonnés.
Il n’y a en revanche que des éloges à adresser à la basse Giorgio Giuseppini (Banco), dont les graves profonds sont remarquables d’autorité, et au ténor marseillais Luca Lombardo (Macduff), impeccable dans son
« Ah, la paterna mano », dont on attend avec gourmandise son Hoffmann, à Nice un peu plus tard dans la saison. A la tête de l’Orchestre Philharmonique de Nice est placé son directeur musical Marco Guidarini, ce qui est a priori un gage de qualité. Confirmation a posteriori : beaucoup d’intensité et de relief dans la musique, force et simplicité dans le choix des tempi, et un splendide chœur des proscrits au dernier acte, d’une belle application qui fait passer une grande émotion.

François Jestin

Verdi : MACBETH : le 31 octobre 2008 à l’Opéra de Nice